"Les stades sont là, mais où sont les hôpitaux ?" La colère gronde au Maroc. Depuis samedi 27 septembre, les rassemblements se multiplient au Maroc à l'appel d'un collectif appelé "GenZ 212" pour réclamer davantage d'investissement dans les services publics du royaume chérifien et plusieurs joueurs de la sélection nationale ont affiché leur soutien sur leurs réseaux sociaux.

Ces manifestations interviennent dans un contexte tendu après le décès dans un hôpital public d'Agadir de huit femmes enceintes admises pour des césariennes, selon les médias. Dans les cortèges, les slogans pointent notamment du doigt les récents investissements du Maroc dans des stades ultra-modernes en vue de l'accueil de la CAN 2025 et du Mondial 2030 alors que le système de santé et éducatif local manquent cruellement de moyens.

"Mon cœur est avec tout ce qui se passe"

Malgré ces critiques visant leurs prochaines échéances sportives, plusieurs cadres de la sélection nationale n'ont pas hésité à afficher leur solidarité. Le pilier de la défense marocaine et joueur de l'OM Nayef Aguerd s'est ainsi fendu d'un post de solidarité sur Instagram.

"Mon cœur est avec tout ce qui se passe" a-t-il notamment écrit, exprimant sa solidarité avec les jeunes manifestants du mouvement GenZ 212. L'ancien défenseur de West Ham et de Rennes a notamment appelé à ce que ces rassemblements continuent de se dérouler de manière pacifique avant de conclure par la devise nationale : " Dieu, la patrie, le roi".

Son coéquipier en sélection national, Yassine Bounou, gardien d’Al Hilal, a partagé une image portant la mention : "Pour nos droits, pour la dignité, pour la santé et l’éducation."

L'image virale a été aussi partagé par d'autres Lions de l'Atlas : le latéral Mohamed Chibi, le défenseur central Abdel Abqar, les milieux El Azzouzi, Bilal Nadir et Abdelhamid Sabiri, les ailiers Amine Adli et Ez Abd et l'emblématique Hakim Zyech

Sofyan Amrabat y est allé de son propre message sur Instagram :"Ensemble, avec respect et unité, pour un Maroc meilleur et plus fort, inch’Allah !"

De leurs côté, Azzedine Ounahi et Jawad El Yamiq ont partagé des images des arrestations, sans emojis, ni commentaire mais la presse marocaine l'interprète comme un soutien au mouvement.

Maroc-Bahrein boycotté par un groupes d'ultras

Dans les stades aussi, la colère se manifeste. Les supporters du Wydad Casablanca ont déployé dimanche une banderole sur laquelle on pouvait lire "ni éducation ni médecin, et bon courage aux pauvres (et leurs proches)" et ont chanté leur soutien au mouvement. D'autres groupes, à l'image des Orange Boys 2007 (Renaissance sportive de Berkane), les Ultras Shark (Olympique Safi) ou les Hercules 2007 (Ittihad Tanger) ont aussi annoncé une grève du supporterisme, selon le site marocain Yabiladi.

Les Rosso Verde, groupe de soutien de l'équipe nationale, a par ailleurs annoncé son boycott des prochains matches des Lions de l'Atlas face au Bahrein et au Congo. Les supporters estiment que leur rôle "ne se limite pas à encourager dans les tribunes mais inclut également l'expression de son lien avec les problèmes de la nation et de la société".

Le groupe de supporters a également mis en avant "la nécessité de s'aligner sur les demandes pacifiques de la jeunesse marocaine, qui sont des droits légitimes tels que l'éducation et la santé".

En conférence de presse, lors de l'annonce de la liste des Lions de l'Atlas concernant ces deux matches, le sélectionneur Walid Regragui n'a pas réagi au boycott des supporters. En revanche, il a apporté son soutien aux revendications du mouvement : "Il n'y a pas un seul Marocain au monde qui n'aime pas avoir une meilleure éducation et un meilleur enseignement. Ce qu'on souhaite, c'est que tout ça soit fait dans le respect et sans violences."

Il affirme que ses joueurs sont libres d'avoir leur avis concernant la GenZ 212. "Espérons que du bien sortira |du mouvement]… Inch'Allah!", a conclu le sélectionneur marocain.