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Madagascar : nouveaux heurts entre forces de l'ordre et manifestants exigeant le départ du président
À Madagascar, de nouvelles manifestations ont secoué lundi plusieurs villes dont Antananarivo, où la police a fait usage de gaz lacrymogènes. Vêtus de noir, les manifestants ont scandé des chants appelant à la démission du président Andry Rajoelina, qui doit s'exprimer à la télévision à 20 h locales (17 h GMT) selon un communiqué de la présidence.
Un manifestant renvoie une grenade lacrymogène lancée par la police anti-émeute malgache lors d'une manifestation près de l'université d'Antananarivo, à Madagascar, le 29 septembre 2025. © Zo Andrianjafy, Reuters

Le colère contre le pouvoir ne faiblit pas. De nouvelles manifestations ont agité lundi 29 septembre plusieurs villes de Madagascar, dont Antananarivo où les forces de l'ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes dans un face-à-face avec une foule jeune demandant la démission du président, a constaté une équipe de l'AFP.

L'île de l'océan Indien, qui demeure l'un des pays les plus pauvres du monde, a régulièrement connu des émeutes populaires contre les pouvoirs en place depuis son indépendance en 1960. Elles ont notamment abouti en 2009 au départ de l'ex-président Marc Ravalomanana.

Mobilisés depuis jeudi, des milliers de protestataires sollicités via les réseaux sociaux à travers un mouvement baptisé Gen Z, sont descendus lundi dans les rues de la capitale où les revendications dépassent désormais le ras-le-bol contre les coupures incessantes d'eau et d'électricité.

Appels à la démission du président

Plus nombreux que lors du dernier rassemblement samedi et vêtus de noir, les manifestants, partis de l'université d'Antananarivo, ont scandé des chants appelant à la démission du président Andry Rajoelina, qui doit s'exprimer à la télévision à 20 h locales (17 h GMT) selon un communiqué de la présidence.

Ancien maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, 51 ans, s'était installé une première fois au pouvoir de 2009 à 2014 à la faveur d'un coup d'État faisant suite à un soulèvement populaire. Il s'est ensuite fait élire en 2018 puis réélire en 2023 lors d'un scrutin contesté.

Madagascar : nouveaux heurts entre forces de l'ordre et manifestants exigeant le départ du président
Des manifestants face aux forces de sécurité à Antananarivo, le 29 septembre 2025. © Rijasolo, AFP

Un des mots d'ordre affichés désormais par la Gen Z via ses canaux est "Rajoelina, dégage" ("Miala Rajoelina"). Le mouvement invite à en faire de même les proches du président, comme l'homme d'affaires Mamy Ravatomanga et Christian Ntsay, Premier ministre depuis 2018, quand il avait été nommé par le précédent président.

Un député arrêté

L'AFP n'était pas en mesure lundi de fournir un bilan des victimes, liées aux manifestations, aux pillages ou à l'intervention des forces de l'ordre.

Des images diffusées vendredi sur les réseaux sociaux ont montré au moins un personne tuée à Diego Suarez (nord), le corps d'un manifestant dans un linceul porté par la foule.

Les ambassades de France, des États-Unis, du Japon et de l'Allemagne ont adressé samedi leurs "condoléances aux familles de victimes des récents événements" dans un communiqué commun avec d'autres représentations.

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Andry Rajoelina a tenté de calmer le jeu en limogeant son ministre de l'Énergie vendredi et s'est personnellement déplacé dimanche dans un quartier populaire d'Antananarivo, à son retour de l'assemblée générale de l'ONU à New York, pour promettre aux habitants de "tout corriger, pour être encore plus proche" des Malgaches.

Le mouvement Gen Z reprend à son compte le drapeau pirate tiré du manga et de l'anime japonais "One Piece", signe de ralliement vu en Indonésie ou au Népal de mouvements de contestation du pouvoir.

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Des vidéos sur les réseaux sociaux ont montré l'arrestation lundi dans la capitale d'un député d'un petit parti concurrent du pouvoir lors d'un rassemblement. D'autres élus, issus de l'opposition, ont demandé sa libération face à la presse dans la rue.

Madagascar : nouveaux heurts entre forces de l'ordre et manifestants exigeant le départ du président
Les forces de l'ordre face aux manifestants revenus dans la rue dans plusieurs grandes villes de Madagascar dont Antananarivo, la capitale, le 29 septembre 2025. © Rijasolo, AFP

Près de l'université d'Antananarivo, les forces de l'ordre ont arrêté au moins un manifestant. S'en est suivi un face-à-face à environ 200 mètres de distance pour barrer la route au défilé prévu vers le quartier d'Ambohijatovo dans le centre. Plusieurs protestataires affichaient des pancartes "On veut vivre, pas survivre", un des slogans emblématiques du mouvement.

Pillages et domiciles incendiés

Après la première manifestation de jeudi, Antananarivo a été livrée à des pillages toute la nuit, sans rencontrer d'opposition des forces de l'ordre. Les domiciles de trois parlementaires proches du pouvoir avaient été incendiés dans la journée.

"Des groupes d'individus anonymes ont été rémunérés pour piller de nombreux établissements afin d'entacher le mouvement et la lutte en cours", accuse la Gen Z dans un communiqué.

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Un manifestant brandit une pancarte lors de nouvelles manifestations à Antananarivo, capitale de Madagascar le 29 septembre 2025. © Rijasolo, AFP
Ce mouvement s'est baptisé en référence à la génération des personnes nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2010.

Outre la capitale, la mobilisation est particulièrement suivie dans le nord, à Antsiranana. Des rassemblements sont signalés à Fianarantsoa (centre du pays), Toliara (sud) Toamasina (est).

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Il s'agit des manifestations les plus importantes depuis la période précédent l'élection présidentielle de 2023. Boycotté par l'opposition, le scrutin avait attiré la participation de moins de la moitié des électeurs inscrits.

En dépit de ses richesses naturelles exceptionnelles, Madagascar reste l'un des pays les plus pauvres de la planète et est classé 140e sur 180 pays dans l'indice de perception de la corruption de Transparency International. Près de 75 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2022, d'après la Banque mondiale.

Avec AFP