
Le président américain Donald Trump s'exprime lors d'une réunion en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, le 23 septembre 2025. © Ludovic Marin, AFP
Donald Trump l'affirme : son projet est la clé pour "mettre fin à la guerre à Gaza". Le président américain accueille lundi 29 septembre à la Maison Blanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, afin de le convaincre d’accepter son plan de paix, présenté la semaine dernière à plusieurs États arabes et musulmans après presque deux ans d’impasse diplomatique.
Le plan, résumé en 21 points dans un document d’un peu plus de trois pages, a été consulté par plusieurs médias et dévoilé aux Émirats arabes unis, à l'Arabie saoudite, au Qatar, à l'Égypte, à la Jordanie, à la Turquie, à l'Indonésie et au Pakistan lors d’une réunion aux Nations unies. Ni Israël ni le Hamas n’ont formellement accepté le texte. Que sait-on de son contenu ?
-
Cessez-le-feu et libération des otages
Le volet le plus immédiat du plan vise à parvenir à un cessez-le-feu permanent et à la libération des otages israéliens dans les 48 heures suivant l’acceptation du texte, accompagné d'un retrait progressif de l’armée israélienne ainsi qu'un afflux d'aide humanitaire supervisée par l’ONU et d’autres institutions internationales.
D’après le Washington Post, le texte contient des dispositions chiffrées : "Une fois tous les otages libérés, Israël libérera 250 prisonniers condamnés à perpétuité ainsi que 1 700 Gazaouis détenus après le 7-Octobre", relate le journal américain. "Pour chaque otage israélien dont la dépouille sera restituée, Israël restituera les dépouilles de 15 Gazaouis décédés."
-
Gouverner Gaza sans le Hamas
Le Hamas serait exclu de toute responsabilité gouvernementale selon ce plan. D’après le Washington Post, le projet prévoit la destruction de l’armement offensif du mouvement, des amnisties pour les membres qui "s'engagent à une coexistence pacifique" et la facilitation de leur passage vers d'autres pays pour ceux qui choisiraient de partir.
En parallèle, les États-Unis préconisent la mise en place d’une autorité de transition composée de "Palestiniens qualifiés et d'experts internationaux", placée sous supervision américaine. Plusieurs médias britanniques avancent même le nom de l’ex-Premier ministre Tony Blair comme possible acteur d'une future autorité de transition à Gaza.
Selon le site d'information américain Axios, le plan prévoit également un rôle à l'Autorité palestinienne : la création d'une force de sécurité combinant des Palestiniens et des troupes issues de pays arabes et musulmans. Le texte ne prévoit aucun calendrier.

-
Reconstruction et garanties territoriales
Nouvelles infrastructures, hôpitaux, réseaux d’eau et d’électricité... L’initiative de Donald Trump promet aussi la reconstruction d’une enclave ravagée par deux années de bombardements, sans toutefois préciser qui réalisera ces travaux ni qui les financera.
Elle indique que les habitants de Gaza ne pourront être déplacés de force, et que ceux qui choisiront de partir seront autorisés à revenir. Un projet qui s'éloigne radicalement du fantasme du président américain de transformer Gaza en "Riviera du Moyen-Orient" après en avoir déplacé les habitants palestiniens, qui avait créé un tollé il y a quelques mois. Depuis, le gouvernement israélien soutient l'idée de dépeupler Gaza des Palestiniens, tout en affirmant qu'il ne forcerait pas les habitants à partir.
Selon le média saoudien Al-Hadath, le plan américain inclurait une clause selon laquelle les États-Unis n’entendent pas autoriser une annexion israélienne de la Cisjordanie. Jeudi, Donald Trump avait pour la première fois pris position sur le sujet en martelant : "Je ne permettrai pas à Israël d’annexer la Cisjordanie. Non, je ne le permettrai pas. Cela n’arrivera pas. […] Cela suffit comme ça. Il est temps d’arrêter maintenant."
-
Une ouverture vers un État palestinien ?
D’après le Washington Post, les deux derniers points du plan semblent destinés à rassurer les pays ayant reconnu l’État de Palestine, ainsi que les gouvernements arabes qui exigent qu’aucun accord de paix ne puisse être conclu sans mention explicite à un éventuel État.
Le texte prévoit qu’une fois les réformes et étapes politiques mises en œuvre, Washington ouvrirait "un dialogue entre Israéliens et Palestiniens" afin de tracer un "horizon politique pour une coexistence pacifique et prospère". Avec prudence, le document précise que "les conditions pourraient enfin être réunies pour une voie crédible vers un État palestinien, que nous reconnaissons comme l'aspiration du peuple palestinien".
-
Désaccords dans la région et divisions israéliennes
Selon des responsables cités par le Wall Street Journal, la formulation de la proposition Donald Trump n'est pas encore finalisée, et Israël et les pays arabes font pression en coulisses pour obtenir des amendements.
Des points de friction subsistent : le Qatar, longtemps médiateur, exigerait "des excuses publiques officielles et un engagement à ne pas renouveler l’agression" avant de revenir à la table des négociations, selon la chaîne Al-Araby al-Jadeed, après des frappes israéliennes inédites contre les responsables du Hamas au Qatar début septembre.
De leurs côtés, les Émirats arabes unis pressent Benjamin Netanyahu d’accepter le plan et d’abandonner tout projet d’annexion de la Cisjordanie, avertissant que cela bloquerait toute nouvelle normalisation avec les pays arabes, notamment l’Arabie saoudite.
Si Donald Trump affiche son optimisme pour l'avenir de son plan de paix, son homologue israélien reste prudent. Interrogé dimanche par Fox News, Benjamin Netanyahu a assuré ne pas rejeter la proposition : "Nous y travaillons. Ce n’est pas encore finalisé, mais nous collaborons actuellement avec l’équipe du président Trump."
En Israël, l’accueil est nettement mitigé. Certains responsables et l’opposition modérée estiment qu’ils pourraient soutenir un accord ramenant les otages et mettant fin à la guerre. Mais au sein de la coalition au pouvoir, l’extrême droite brandit déjà la menace de faire chuter le gouvernement.
Sur X, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a tranché : Benjamin Netanyahu "n’a pas le mandat de mettre fin à la guerre sans la défaite totale du Hamas". Son homologue aux Finances, Bezalel Smotrich, a quant à lui exigé que l’armée conserve une "liberté totale d’action" dans la bande de Gaza en cas de cessez-le-feu.