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Une CAN de légende par décennie : retour sur les éditions les plus marquantes
De la première la Coupe d’Afrique des nations, en 1957, à la dernière en Côte d’Ivoire, en 2024, plusieurs éditions sont entrées dans la légende. Des Pharaons qui voient triple, des Éléphants renversants ou encore des Camerounais qui "ont eu peur pour (leurs) vies" : retour sur ces CAN qui ont marqué l’histoire du football africain.
Des joueurs égyptiens et camerounais se disputent le ballon lors de la finale de la 15e Coupe d'Afrique des nations au stade international du Caire, le 21 mars 1986. © Mike Nelson, AFP archives
  • 1957 : l'Égypte remporte la première CAN de l'histoire parmi trois nations engagées

La première Coupe d’Afrique des nations de l’histoire est organisée au Soudan, en 1957. Quatre nations sont censées participer à cette édition : le Soudan, l’Éthiopie, l’Égypte et l’Afrique du Sud. Mais cette dernière est bannie de la compétition à cause du régime de l’apartheid alors en vigueur dans le pays.

Le tirage au sort déjà effectué avec l'Afrique du Sud avait donné comme programme des demi-finales Égypte-Soudan et Éthiopie-Afrique du Sud. Les Pharaons éliminent difficilement le pays hôte (2-1) avant d’affronter les Éthiopiens et de les corriger en finale (4-0).

Le meilleur joueur de la compétition est égyptien et se nomme Mohamed Diab Al Attar. Il inscrit cinq buts dans ce tournoi inaugural, dont… un quadruplé en finale.

  • 1963 : première participation et victoire du Ghana, qui inaugure un cycle glorieux

Lors de la quatrième édition de la Coupe d’Afrique des nations, le Ghana accueille et participe pour la première fois à la compétition continentale. Et cette première CAN à domicile est couronnée de succès pour les Black Stars : ils s’imposent en finale face au Soudan sur un score net de 3 à 0. Il s'agit du premier sacre ghanéen en Afrique notamment grâce aux trois buts inscrits par Wilberforce Kwadwo Mfum.

La CAN 1963 est le premier chapitre d’un cycle glorieux pour le Ghana dans la compétition : les Black Stars vont aller jusqu’en finale lors des trois éditions suivantes : victoire face à la Tunisie (3-2 après prolongation) en 1965, puis défaites face à la RD Congo (1-0) en 1968 et face au Soudan (1-0) en 1970.

Avec une participation assidue à 23 éditions de la CAN, le Ghana a glané quatre trophées sur neuf finales disputées au total. Mais les Black Stars peinent à retrouver leur lustre d’antan, leur dernier titre remontant à 1982.

  • 1976 : le Maroc remporte son seul titre à ce jour dans un format particulier

En Éthiopie, les Lions de l’Atlas participent à la deuxième édition de leur histoire de la CAN après celle de 1972. Le Maroc débute d’abord la compétition avec deux victoires face au Zaïre (ex-RD Congo) et au Nigeria lors du premier tour. Il s’impose ensuite face à l’Égypte et au Nigeria, avant d’affronter la Guinée en finale.

Les Lions de l’Atlas sont alors sacrés après avoir fait… un match nul (1-1). Cette victoire a été rendue possible à cause du format particulier de la CAN à cette époque, comme l’explique Jeune Afrique : "Après le premier tour, les deux premiers des deux poules existantes devaient s’affronter à quatre dans une poule unique ; celui qui en sortait premier était sacré champion d’Afrique." Et à l'issue de la première phase de cette édition, la Guinée devait alors gagner pour remporter la compétition alors que le Maroc n’avait besoin que d’un match nul.

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Les Lions de l’Atlas avaient pour capitaine Ahmed Faras, légende du football marocain décédé en juillet dernier. L’attaquant aux 36 buts en 94 sélections avait été l’auteur de la passe qui avait amené l’égalisation en 1976, comme il l’a raconté en 2016 : "On en a été récompensé à la 86ème minute lorsque j’ai transmis le ballon à Ahmed Makrouh, qui a inscrit le but de l’égalisation d’une frappe de 25 mètres. Quatre minutes plus tard, l’arbitre zambien sifflait la fin du match. Le titre était à nous."

  • 1986 : une finale à domicile pour l'Égypte où les Camerounais "ont eu peur pour (leurs) vies"

Le 21 mars 1986, le stade international du Caire est bondé pour la finale qui oppose l’Égypte au Cameroun. Entre 95 000 et 120 000 personnes sont là pour assister à la rencontre, dont le président Hosni Moubarak en tribune officielle. Sur le terrain, deux styles se font face : des Pharaons adeptes d’ un football physique font face à des Lions indomptables joueurs menés par la légende Roger Milla.

Pendant 120 minutes, aucune nation ne parvient à prendre le large au tableau d’affichage. Dans l’épreuve des tirs au but, les deux équipes sont à égalité 4-4. Puis l’Égyptien Ashraf Kassem marque et le Camerounais André Kana-Biyick voit son tir s’écraser sur le poteau, permettant aux Pharaons de remporter la troisième CAN de leur histoire.

"Le trophée nous avait échappé parce que l'agitation politique en Égypte était dangereuse", se rappellera plus tard Roger Milla. "Nous avons eu peur pour nos vies, surtout qu'on avait de nouveaux jeunes joueurs qui étaient avec nous comme André Kana-Biyick. Ce n'est pas uniquement à cause de ça qu'on a perdu aux tirs aux buts mais…"

  • 1992 : la Côte d'Ivoire d'Alain Gouaméné titrée après… 24 tirs au but

La finale de la CAN 1992 a lieu à Dakar entre la Côte d’Ivoire et le Ghana. Sur le papier, les Black Stars d’Abedi Pelé –  suspendu pour ce match – sont donnés favoris avec leurs quatre sacres continentaux contre zéro pour les Éléphants. Les Ivoiriens vont pourtant créer la surprise au Sénégal pour remporter leur première Coupe d’Afrique.

La Côte d’Ivoire va d'abord parvenir à n’encaisser aucun but durant toute la compétition, notamment grâce à son gardien Alain Gouaméné. Ce dernier s’illustre particulièrement en demie face au Cameroun avec trois tirs au but repoussés (0-0, 3-2 t.a.b.). Face au Ghana, il faudra pas moins de 24 tentatives pour que la Côte d’Ivoire s’impose finalement (0-0, 11-10 t.a.b.).

Alain Gouaméné devient le héros d’une nation en repoussant la frappe du Ghanéen Anthony Baffoe, avant que l’Ivoirien Basile Aka Kouamé ne fasse gagner à son pays sa première CAN. Le gardien des Eléphants va aussi entrer dans la légende à cause de son "sac blanc" prétendument mystique posé dans ses cages à chaque rencontre. "J'ai vu d'entrée que les Ghanéens avaient peur de mon sac. Mais il n'y avait rien dedans", a assuré à L'Équipe le principal intéressé.

  • 2006, 2008 et 2010 : le règne sans partage des Pharaons sur la CAN

Sous les ordres du sélectionneur Hassan Shehata, la sélection égyptienne de la fin des années 2000 remporte trois fois d’affilée la Coupe d’Afrique des nations, une première dans l’histoire de la compétition. Successivement, les Pharaons ont pris le dessus en finale sur la Côte d’Ivoire (0-0, 4-2 t.a.b.) en 2006, sur le Cameroun (1-0) en 2008 et sur le Ghana (1-0) en 2010.

Hôte de la compétition en 2006, l'Égypte a profité pleinement de jouer à domicile pour remporter la cinquième CAN de son histoire, avant d’en ajouter deux autres de plus dans son armoire à trophées lors des éditions suivantes. Avec sept Coupes d’Afrique des nations à leur actif, les Pharaons sont les plus titrés dans l’histoire de la compétition continentale.

Une CAN de légende par décennie : retour sur les éditions les plus marquantes

Cette mainmise égyptienne sur le football africain fera notamment dire au sélectionneur du Ghana, battu lors de la finale en 2010 : "On aurait pu gagner, mais nous sommes tombés contre l’équipe qui a le mieux joué dans ce tournoi."

  • 2012 : la CAN épique de la Zambie d'Hervé Renard

La CAN 2012 n’est pas une édition qui met en valeur les favoris. Avant même le début de la compétition, plusieurs grands noms du football africain manquent à l’appel : l’Égypte (alors triple tenante du titre), l’Algérie, le Cameroun ainsi que le Nigeria. Le Maroc et le Sénégal viennent rapidement s’ajouter à la liste après leur élimination surprise dès la phase de groupe.

À l’ombre de ces grandes sélections, une équipe prend peu à peu la lumière durant cette édition jusqu’à se hisser en finale : la Zambie, entraînée par Hervé Renard. Au Gabon, les Chipolopolos réussissent quelques coups d’éclat en battant le Sénégal (2-1) en phase de groupe, puis en éliminant le Ghana (1-0) en demi-finale.

Une CAN de légende par décennie : retour sur les éditions les plus marquantes

Cette équipe louée pour sa stabilité – 13 joueurs participant à la CAN 2012 étaient présents lors de la CAN 2008 – affronte la Côte d’Ivoire en finale. Alors que les deux équipes ne parviennent pas à se départager, la Zambie l’emporte finalement à l’issue d’une série dantesque de tirs au but (0-0, 8-7 t.a.b.) Le grand malheureux de cette finale n'est autre que la légende du football ivoirien Didier Drogba qui manque un pénalty à la 69e minute, lui qui avait déjà échoué lors de la séance des tirs au buts en finale face à l’Égypte en 2006.

  • 2024 : la Côte d'Ivoire renverse la table à domicile

En près de 70 ans d’existence, la Coupe d’Afrique des nations a certes été le théâtre de renversements de situations sportives. Mais l'édition de 2024 a certainement été l’une des plus spectaculaires.

La Côte d’Ivoire accueille la compétition continentale et, après une victoire inaugurale face à la Guinée-Bissau (2-0), elle s’incline face au Nigeria (1-0) avant de sombrer face à la Guinée équatoriale (4-0). Le sélectionneur Jean-Louis Gasset démissionne en pleine compétition, et les Éléphants sont en ballotage défavorable pour s’extraire de la phase de groupes. Ils doivent leur salut à une victoire du Maroc, ce qui leur permet de se hisser en huitièmes de finale in extremis.

La suite appartient à l’histoire : la Côte d’Ivoire, désormais coachée par Emerse Faé, crée l’exploit et élimine le Sénégal (1-1, 5-4 t.a.b.), tenant du titre. Puis les Éléphants franchissent un nouvel obstacle contre le Mali (victoire 2-1) alors qu’ils étaient menés 1 à 0 et réduits à 10. Vainqueurs ensuite de la RD Congo (1-0) en demie, les Ivoiriens renversent le Nigeria en finale (2-1), consécration d'un parcours fort en émotions jusqu'au bout.