
Une femme vote lors d'une élection parlementaire, à Chisinau, en Moldavie, le dimanche 28 septembre 2025. © Vadim Ghirda, AP
Les Moldaves ont commencé, dimanche 28 septembre, à élire leurs députés et vont décider de l'avenir de leur pays – voisin de l'Ukraine en guerre –, entre poursuite sur la voie de l'Union européenne (UE) ou un rapprochement avec la Russie, le gouvernement et l'UE accusant Moscou "d'ingérence profonde".
Signe de l'enjeu de ce scrutin sous haute tension et au résultat incertain, chaque camp accuse l'autre de manipulation et de tentative d'intimidation.
La présidente pro-européenne, Maia Sandu, dont le Parti Action et Solidarité (PAS) est en tête des sondages mais a perdu du terrain depuis sa large victoire en 2021, a sonné l'alarme en début de semaine. Elle a dénoncé les "centaines de millions d'euros" déversés par Moscou pour acheter des voix, orchestrer des campagnes de désinformation en ligne et organiser des violences.
Selon Igor Botan, directeur du centre de réflexion moldave Adept, la Moldavie n'a "jamais vu un tel niveau (d'ingérence étrangère) dans une campagne électorale" depuis son indépendance proclamée en 1991.
Jeudi, l'Union européenne a accusé Moscou "d'ingérence profonde". Des allégations récusées par la Russie, affirmant que les autorités moldaves propagent une rhétorique anti-russe.
Depuis le 1er août, la police moldave a réalisé plus de 600 fouilles en lien avec des tentatives de corruption électorale ou de déstabilisation, selon le Premier ministre moldave, Dorin Recean. Des dizaines de personnes ont été arrêtées.
L'ancien président Igor Dodon (2016-2020), l'un des leaders du Bloc patriotique prorusse, principale formation de l'opposition, a estimé vendredi assister à "l'agonie d'un gouvernement (...) en état de panique". Dans une vidéo, il a appelé les Moldaves à aller "voter en masse".
"Je suis convaincu que l'opposition aura la majorité", a-t-il déclaré lors d'un entretien avec l'AFP, assurant vouloir alors continuer "les négociations avec l'UE". "Mais nous rétablirons également les relations avec la Fédération de Russie", a-t-il révélé, ajoutant qu'il s'attaquerait en premier lieu à la situation socio-économique du pays, l'un des plus pauvres d'Europe.
"Tout va se jouer au dernier moment"
Cette situation a conduit de nombreux Moldaves à émigrer : plus d'un million d'entre eux vivent à l'étranger quand quelque 2,4 millions sont restés au pays. Les voix de la diaspora sont particulièrement convoitées, depuis qu'elles ont fortement contribué, l'an dernier, à la réélection de Maia Sandu à la présidentielle.
Vendredi après-midi, ils étaient nombreux à défiler dans les rues de Chisinau à l'appel du PAS, aux cris de "Votez pour la paix" ou "Nous voulons être en Europe". "J'espère que le PAS va l'emporter et que nous entrerons dans l'Europe", a déclaré Olga, une retraitée qui vit à l'étranger mais qui est revenue pour voter, refusant de donner son nom de famille.
Maia Sandu a réussi à obtenir l'ouverture des discussions officielles pour l'adhésion de la Moldavie à l'Union européenne et de nombreuses aides financières occidentales pour l'ex-république soviétique, qui compte encore de nombreux russophones.
Cependant, Tudor Soilita, un blogueur de 33 ans interrogé dans les rues de la capitale, pense que son pays se doit d'être "neutre, indépendant, avec sa propre souveraineté".
Une vingtaine de partis et candidats indépendants sont en lice pour le scrutin qui doit pourvoir 101 sièges. Vendredi, la commission électorale a exclu deux partis pro-russes de la course en raison d'irrégularités de financement, des décisions dénoncées par l'opposition.
Les analystes interrogés par l'AFP se montrent prudents quant au résultat, "très difficile à prédire", selon Igor Botan. "Tout va se jouer au dernier moment", estime Valeriu Pasha, du groupe de réflexion WatchDog, qui n'exclut pas une assemblée morcelée, synonyme d'instabilité.
Les bureaux de vote ont ouvert à 4 h GMT et fermeront à 18 h GMT. La participation de la diaspora (300 000 d'entre eux avaient voté en 2024) et celle de la région séparatiste de Transnistrie, qui penche en faveur de la Russie, seront particulièrement observées.
En 2021, la participation nationale avait atteint 52,3 %. Le PAS l'avait emporté avec 52,8 % des voix contre 27,2 % pour le Bloc des socialistes et communistes (BESC) d'Igor Dodon. "Lundi 29, nous nous rencontrerons dans le centre-ville pour défendre les résultats du vote", a promis ce dernier.
Avec AFP