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La reconnaissance de l'État palestinien, un non-évènement pour les habitants de Ramallah
En Cisjordanie occupée, les habitants n'expriment aucun enthousiasme quant aux retombées de la reconnaissance par la France et plusieurs autres pays de l'État de Palestine.

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Des gens marchent dans une rue du centre de Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 22 septembre 2025. © John Wessels, AFP
04:29

À Ramallah en Cisjordanie occupée, siège de l'Autorité palestinienne, les habitants ne manifestent publiquement aucun enthousiasme devant l'annonce par la France, et d'autres pays, à l'ONU, de la reconnaissance de l'État palestinien.

Dans la vieille ville, les terrasses sont pleines. Jeunes et moins jeunes ont les yeux rivés vers leur jeu de cartes, tournant le dos aux téléviseurs. Quand ils suivent un programme du regard, ce sont les émissions sportives commentant la cérémonie de remise du Ballon d'Or à Paris. 

"L'Occident en fait toute une histoire mais ça ne change absolument rien pour les Palestiniens, dans notre vie quotidienne, c'est toujours la même merde", tranche Rasha, une trentenaire apprêtée, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

Dans un café où l'on peut fumer le narguilé, une dizaine d'hommes plutôt âgés ont tout de même pris place devant un écran et applaudissent discrètement le président français.

Pour Abou Elias, 63 ans, cette reconnaissance est le signe que "quelque chose de bien va arriver pour les Palestiniens, pour de bon, dans les années à venir". "Les gens sont fatigués, il ne s'est rien passé pendant quatre-vingts ans", ajoute-t-il, mais "on ne va pas sur la lune en une journée".

Après le long discours du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, un autre téléspectateur, qui ne souhaite pas donner son nom, lance à la cantonade : "Il a bien parlé".

Multiplication des colonies et des barrages routiers

Dans le centre-ville de Ramallah, la plupart des passants interrogés en début de soirée n'avaient pas l'intention de suivre les discours.

Plus que ces discours, ce qui préoccupe Rasha, c'est que depuis le printemps dernier, elle n'a pas pu aller voir sa famille dans le nord de la Cisjordanie. "C'est trop risqué avec les colons qui attaquent, et puis il y a trop de checkpoints, ça prend beaucoup trop de temps. Voilà, c'est ça la réalité de leur État palestinien", décrit-elle. 

Autour de Ramallah, comme presque partout dans ce territoire palestinien, les colonies israéliennes se multiplient. Les barrages routiers aussi, qui tronçonnent la Cisjordanie en une multitude d'îlots de plus en plus isolés les uns des autres.

L'économie tourne aussi au ralenti, notamment en raison de la rétention de revenus douaniers palestiniens par Israël, qui ralentit le versement des salaires des fonctionnaires de l'Autorité palestinienne. 

Et les annonces de reconnaissance interviennent, alors qu'Israël a intensifié son offensive dans la ville de Gaza, après près de deux ans d'une guerre déclenchée par une attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien Hamas en 2023. 

Les rares écrans qui diffusent les discours à la tribune onusienne sont les mêmes qui diffusent, quasi en continu, les images de la bande de Gaza dévastée.

Cette autre partie d'un possible État palestinien à venir, à moins de cent kilomètres à vol d'oiseau de Ramallah, est dans tous les esprits, à l'heure où pour beaucoup, la reconnaissance d'un État ne suffit plus, sans une annonce de paix.

"Nous voulons que les pays qui ont reconnu l'État de Palestine et nous ont témoigné leur amour s'efforcent d'améliorer la situation en Cisjordanie, de mettre fin à la guerre dans notre chère bande de Gaza ainsi qu'à la famine qui afflige les enfants et tout notre peuple à Gaza", demande Ibrahim Salam Abdullah, 18 ans, de sortie avec quelques amis.

Avec AFP