
Le ministre de la Santé Robert Kennedy Jr auditionné par une commission sénatoriale au Congrès américain à Washington DC, le 4 septembre 2025. © Alex Wroblewski, AFP
Pressé de questions au Sénat américain, le ministre de la Santé de Donald Trump, Robert Kennedy Jr, a âprement défendu jeudi 4 septembre ses mesures décriées contre les vaccins, au moment où des scientifiques et élus démocrates appellent à sa démission.
"Je ne retire les vaccins à personne", a tempêté cet ancien avocat contesté pour ses positions antivaccins, lors d'une audition houleuse qui a duré près de trois heures.
Son passage devant la commission des finances du Sénat aurait dû porter sur sa politique pour 2026 mais a rapidement dégénéré en affrontement verbal avec des parlementaires démocrates. Ceux-ci ont accusé le ministre de la Santé d'avoir menti en promettant en début d'année de respecter la science et de maintenir l'accès des Américains aux vaccins, ce qu'il a vivement démenti.
"Quand avez-vous donc menti, Monsieur : lorsque vous avez déclaré devant cette commission que vous n'étiez pas antivax, ou lorsque vous avez déclaré aux Américains qu'il n'existait aucun vaccin sûr et efficace ?", l'a attaqué la sénatrice démocrate Tina Smith, en référence à d'anciens propos du ministre.
Appels à la démission
D'autres parlementaires de gauche, comme Ron Wyden, sont eux allés jusqu'à demander son départ : "il est dans l'intérêt du pays que Robert Kennedy Jr démissionne, et s'il ne le fait pas, Donald Trump doit le licencier", a-t-il tonné.
La veille, plus d'un millier d'employés actuels et passés du ministère l'avaient appelé à quitter ses fonctions dans une lettre ouverte, estimant qu'il mettait "en danger" la population. Niant en bloc ces accusations, le ministre a accusé les démocrates d'"invente(r) des choses pour effrayer les gens" et d'être aux mains de l'industrie pharmaceutique.
En quelques mois, "RFK Jr" a amorcé une profonde refonte des agences sanitaires et de la politique vaccinale américaines, limogeant des experts réputés, restreignant l'accès aux vaccins contre le Covid-19 ou supprimant des fonds au développement de nouveaux vaccins. Autant de mesures qui ont indigné de nombreux experts et institutions médicales, et qui inquiètent jusque dans les rangs du Parti républicain.
Plusieurs sénateurs conservateurs ont interrogé le ministre, d'un ton amical cependant, sur sa politique vaccinale, Thom Tillis allant même jusqu'à pointer certaines incohérences entre ses propos et actions.
Prenant sa défense sur les réseaux sociaux, le vice-président JD Vance a attaqué les parlementaires ayant "tenté de faire la leçon" au ministre : "vous racontez n'importe quoi", a-t-il lâché.
"Besoin d'une nouvelle direction audacieuse"
Cette audition survenait quelques jours après le renvoi polémique de la directrice des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), principale agence sanitaire du pays. Cette scientifique avait assuré par le biais de ses avocats avoir été poussée dehors à la suite notamment de son refus de valider "des directives non scientifiques et dangereuses".
Ce qu'a démenti "RFK Jr", offrant jeudi une justification plutôt surprenante : "je lui ai dit qu'elle devait démissionner parce que quand je lui ai demandé 'Êtes-vous une personne digne de confiance ?', elle a répondu 'non'", a-t-il assuré. Il a aussi insisté sur le "besoin d'une nouvelle direction audacieuse" et "compétente" à la tête des CDC, dont il a fustigé la gestion "désastreuse" du Covid-19.
Ancien avocat respecté en droit de l'environnement, Robert Kennedy Jr a relayé des années durant de nombreuses théories du complot et fausses informations sur les vaccins. Nombre d'experts craignent que la population ne perde confiance dans les vaccins, ce qui pourrait se traduire par un retour de maladies contagieuses disparues, comme la rougeole, qui a fait plusieurs morts aux États-Unis en 2025.
Et qui pourrait conduire à diviser encore davantage le pays, les vaccins étant au cœur d'un bras de fer politique entre républicains et démocrates. La Floride, État conservateur, a annoncé cette semaine vouloir supprimer toutes les obligations vaccinales tandis que des États démocrates de l'Ouest, Californie en tête, veulent faire alliance pour faire pièce aux politiques vaccinosceptiques.
Avec AFP