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Brouillage GPS de l'avion d'Ursula von der Leyen : ce que l'on sait
L'avion transportant la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a vu son système GPS brouillé dimanche alors qu'il se dirigeait vers la Bulgarie. Ce type d'incident est devenu fréquent en Europe de l'Est. La Russie est pointée du doigt.

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Un hélicoptère militaire roumain est stationné à côté de l'avion transportant la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors de sa visite en Roumanie, le 1er septembre 2025. © Eduard Vinatoru, AP
01:23

L’avion transportant la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a été la cible, dimanche 31 août, d'un brouillage GPS au-dessus de la Bulgarie. L'appareil a atterri sans encombre à l'aéroport de Plovdiv, dans le centre du pays, et Ursula von der Leyen a poursuivi sa tournée prévue dans les pays de la ligne de front orientale de l'Union européenne. Bruxelles soupçonne une ingérence de la Russie.

À (re)lire L'avion d'Ursula von der Leyen victime d'un brouillage GPS en Bulgarie, la Russie pointée du doigt

  • Une perturbation pendant le vol

La Bulgarie a publié une déclaration indiquant que "le signal satellite utilisé pour la navigation GPS de l’avion a[vait] été perturbé" pendant le vol entre Varsovie, en Pologne, et Plovdiv, la deuxième ville de Bulgarie, à bord d’un jet privé affrété par la Commission européenne.

"Tout le GPS de la zone aéroportuaire s'est éteint", a déclaré l'un des responsables, comme le rapporte le Financial Times. Après avoir survolé l'aéroport pendant une heure, le pilote a décidé d'atterrir manuellement à l'aide de cartes analogiques.

  • La Russie soupçonnée

"Nous pouvons confirmer qu'il y a eu brouillage GPS", a déclaré le lendemain une porte-parole de la cheffe de l'exécutif européen, Arianna Podesta. "Les autorités bulgares nous ont informés qu'elles soupçonnaient que cela était dû à une ingérence flagrante de la Russie", a-t-elle ajouté. "Nous sommes bien sûr conscients, et habitués d'une certaine manière, aux menaces et intimidations qui font partie intégrante du comportement hostile de la Russie", a affirmé Arianna Podesta.

La Bulgarie a toutefois décidé de ne pas ouvrir d'enquête sur ces perturbations. Le Premier ministre Rossen Jeliazkov a affirmé, mardi 2 septembre, qu'elles n'étaient "pas classées comme des menaces hybrides ou cyber", lors d'un échange avec des journalistes. "Depuis le début de la guerre avec l'Ukraine, on assiste à ce qu'on appelle la guerre électronique", a précisé le chef du gouvernement bulgare mardi. "Ces interférences ne visent pas un avion en particulier", a-t-il précisé, ajoutant qu'"il n'y a rien d'inhabituel à cela : malheureusement, c'est l'une des conséquences de tels conflits militaires".

  • Une multiplication des brouillages

L'incident avec l'avion d'Ursula von der Leyen est le dernier d'une série nourrissant des soupçons d'interférences électroniques russes avec la navigation par satellite GPS depuis 2022 et l'invasion russe à grande échelle en Ukraine. Depuis des mois, les pays limitrophes de la Russie, dont la Finlande, la Lettonie, la Lituanie et l'Estonie, mettent en garde contre une augmentation des activités électroniques interférant avec les vols, les navires et les drones.

L'agence Associated Press a ainsi recensé près de 80 incidents sur une carte retraçant une campagne de perturbations à travers l'Europe imputée à la Russie. En août, le Bureau des communications électroniques de Lettonie a déclaré avoir identifié au moins trois points chauds de brouillage le long des frontières avec la Russie. En avril 2024, une compagnie aérienne finlandaise a temporairement suspendu ses vols vers la ville estonienne de Tartu à la suite d'un brouillage.

Le quotidien britannique The Guardian rappelle également que la Russie est soupçonnée d'avoir brouillé en mars 2024 le signal d'un avion transportant Grant Shapps, alors ministre britannique de la Défense, qui revenait de Pologne. L'avion de la RAF a été perturbé par des interférences GPS pendant environ 30 minutes alors qu'il volait près de l'enclave russe de Kaliningrad.

En juin, 13 États membres de l'UE ont tiré la sonnette d'alarme concernant ces menaces. La Pologne a enregistré 2 732 cas d'interférence électronique en janvier dernier, contre 1 908 en octobre 2023, tandis que la Lituanie a enregistré 1 185 cas au cours du même mois, contre 556 en mars 2024, selon un document interne de l'UE rédigé en mai et cité par le Guardian.

  • Différentes techniques

Les interférences russes comprennent le brouillage ("jamming", en anglais) et l'usurpation d'identité ("spoofing"). Comme le décrit le groupe Safran sur son site Internet, le "jamming" "consiste à émettre des signaux radioélectriques de forte puissance, perturbant ou bloquant les communications et les systèmes de navigation par satellite. Pour les avions, cela peut entraîner une perte de signal GPS ou une dégradation des informations de navigation."

"À la différence du 'jamming', le 'spoofing' est une méthode plus insidieuse et beaucoup plus récente. Elle vise à tromper les récepteurs GPS en leur envoyant de faux signaux, indiquant une position géographique erronée. Les systèmes des aéronefs calculent alors une position incorrecte, créant des erreurs de trajectoire, difficilement détectables par les pilotes", peut-on également lire.

Selon le Financial Times, ces techniques étaient traditionnellement déployées par les services militaires et de renseignement pour défendre des sites sensibles, mais sont de plus en plus utilisées par des pays comme la Russie afin de perturber la vie civile.

  • Comment contrer les interférences ?

Pour le journal The Independent, la meilleure réponse aux interférences "est de disposer d'options de navigation de secours. Le GPS américain est le système de navigation par satellite le plus connu et le plus utilisé, mais il en existe d'autres."

"L’UE gère un système parallèle appelé Galileo, tandis que la Russie en possède un appelé Glonass et que la Chine exploite ses propres satellites BeiDou", précise le journal britannique. "Chacun de ces systèmes utilise des fréquences radio légèrement différentes. Certains systèmes de navigation peuvent capter plusieurs satellites ; ainsi, même si l'un d'eux est brouillé, d'autres peuvent rester disponibles."

  • Un réel danger ?

Selon The Independent, "les passagers aériens n'ont pas à craindre de brouillage ou de 'spoofing'", car même "lorsque la navigation par satellite ne fonctionne pas, il existe des solutions de secours". Cependant, pour la BBC, "bien que les avions puissent compter sur d’autres formes de navigation que le GPS, le brouiller en plein vol peut augmenter le risque de collision, soit avec d’autres avions, soit en provoquant une collision involontaire du pilote avec le sol, l’eau ou un autre obstacle".

Le site Futura abonde dans ce sens. Pour lui, si un pilote doit réaliser sa navigation "à l'ancienne", à l'aide de cartes en réalisant des calculs basés sur la vitesse et le cap, cela peut devenir dangereux dans le sens ou "cela implique une grosse charge de travail des pilotes durant la manœuvre d'approche d'un terrain". "Le brouillage GPS augmente donc le risque d'accident, même si les pilotes peuvent effectivement se passer du système de navigation par satellite et réaliser leur vol en toute sécurité", résume ce site spécialisé.

Avec AFP et AP