
Giorgia Meloni fait partie des nombreuses femmes célèbres victimes de la publication non consentie de leurs photos sur Internet en Italie. © Alberto Pizzoli, AFP
"Je suis écœurée par ce qui s'est passé." Tels sont les mots qu'a tenus, vendredi 28 août, Giorgia Meloni auprès du journal Corriere della Sera pour réagir au scandale de photos dérobées de femmes qui secoue le pays depuis quelques jours.
Elle-même visée, la Première ministre italienne a aussi appelé les femmes à signaler au plus vite les sites en ligne partageant à leur insu leurs photos privées.
Des clichés de personnalités féminines italiennes – dont Giorgia Meloni mais aussi la cheffe du principal parti d'opposition, Elly Schlein – ont été découvertes sur un site pornographique.
"Je tiens à exprimer ma solidarité et mon soutien à toutes les femmes qui ont été offensées, insultées et dont l'intimité a été violée", a-t-elle ajouté.
"Culture du viol"
Ces clichés, dont certaines étaient des photos de vacances volées sur les réseaux sociaux, avaient été détournés en images sexistes, accompagnées de commentaires vulgaires et violents. Le forum en ligne qui les a accueillis, "Phica" (un terme vulgaire pour désigner le vagin en italien), comptait plus de 700 000 abonnés.
Le site a annoncé jeudi sa fermeture, après une plainte déposée par l'eurodéputée italienne Alessandra Moretti, qui accuse ses utilisateurs d'avoir enfreint ses règles.
"Phica a été une communauté, avec ses lumières et ses ombres, mais surtout avec la volonté de créer un espace différent", a conclu le site, dans son annonce.
Pour Elly Schlein, ces sites font partie d'une "culture du viol" qui s'est "normalisée" sur Internet.
"Barbarie du troisième millénaire"
Le scandale a démarré quelques jours plus tôt, lorsque plusieurs femmes ont signalé le groupe Facebook "Mia Moglie" ("mon épouse", en italien), sur lequel des hommes partageaient des photos de femmes, souvent dégradantes, sans leur consentement. Face à la levée de boucliers, Facebook a rapidement décidé de clore ce groupe.
"Il est décourageant de constater qu'en 2025, il existe encore des personnes qui considèrent normal et légitime de bafouer la dignité d'une femme et de la cibler par des insultes sexistes et vulgaires, en se cachant derrière l'anonymat ou un clavier", a dénoncé Giorgia Meloni, qui demande que les responsables soient rapidement identifiés et punis.
"La meilleure défense dont nous disposons (...) est de signaler immédiatement" ces agissements aux forces de l'ordre, a-t-elle relevé.
La ministre italienne pour l'Égalité des chances, Eugenia Roccella, a annoncé cette semaine que le gouvernement allait entreprendre des mesures "pour lutter contre cette barbarie du troisième millénaire".
"Culture patriarcale qui assimile les femmes à des objets"
Le forum Phica était actif depuis 2005. Des hommes y publiaient notamment des photos sexualisées de leurs petites filles, parfois âgées de 4 ou 5 ans, ont rapporté les médias italiens.
La police italienne a déclaré à l'AFP avoir reçu "de nombreux" signalements concernant ce site et d'autres depuis que le scandale a éclaté.
Valeria Campagna, une responsable régionale du principal parti d'opposition, le Parti démocrate (PD, centre-gauche), a dit vendredi à l'AFP avoir "été en colère" et "dégoûtée" en découvrant ces derniers jours que des photos d'elle étaient publiées sur Phica depuis mai 2024.
Dénonçant la "culture patriarcale qui assimile les femmes à des objets", elle appelle les hommes à ne pas reproduire de telles attitudes et à "ne pas rester silencieux" lorsqu'ils en sont témoins.
Avec AFP