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Mort du streamer Jean Pormanove : Kick, la plateforme vidéo au cœur du scandale
Après la mort en direct du streamer Jean Pormanove sur Kick, les autorités françaises, qui ont obtenu, vendredi, un blocage de la chaîne, se montrent très critiques de la plateforme. Ses règles de modération sont minimales, tandis qu'elle reverse 95 % des revenus générés aux steamers.
Cette photographie montre des écrans affichant le logo et la page d'accueil de la plateforme australienne Kick, le 21 août 2025. © Lionel Bonaventure, AFP

La plateforme Kick fait face à un énorme scandale depuis la mort du streamer français Jean Pormanove, le 18 août, en direct. Cette plateforme a la particularité de diffuser des vidéos en live, utilisant un minium de règles de modération et une politique de rémunération avantageuse pour les streamers.

Sur ses vidéos, l'homme de 46 ans subissait des violences et des actes de maltraitance de la part de deux autres steamers depuis 12 jours. Il était suivi par des milliers d'internautes. L'autopsie a livré, jeudi 21 août, que le décès du streamer Jean Pormanove "n'est pas en lien avec l'intervention d'un tiers".

Critiquée par les autorités françaises, elle avait annoncé mercredi avoir banni tous les individus impliqués, le temps des investigations. Puis, dans un revirement total, Kick a décidé de lever le blocage de la chaîne du défunt, et ce, à l'ensemble du public. Mais les autorités françaises ont obtenu rapidement, vendredi, le retour du blocage.

D'où vient-elle ? 

Basée à Melbourne en Australie, la plateforme au logo pixelisé vert fluo a été fondée en 2022 par deux jeunes milliardaires, l'Australien Ed Craven et l'Américain Bijan Tehrani qui ont fait fortune dans les paris en ligne en bitcoin. 

Ils sont notamment les créateurs du casino en ligne Stake, qui a généré 4,7 milliards de dollars de revenus en 2024, ce qui en fait potentiellement l'une des plus grandes plateformes de jeux d'argent au monde, selon le magazine Forbes.

Ed Craven et l'Américain Bijan Tehrani ont lancé Kick après avoir été bannis de Twitch car ils y faisaient de la promotion pour leur casino. 

En réaction, Kick s'est rapidement distinguée par sa modération relâchée accueillant de nombreux streamers bannis de Twitch comme le sympathisant américain pro-Trump Adin Ross ou des influenceurs controversés comme Marvel Fitness, condamné en France en 2021 pour avoir harcelé en ligne d'autres internautes.

Des vidéos montrant de la violence, des internautes jouant à des jeux d'argent ou des images à caractère sexuel ont ainsi pu être diffusées sur Kick.com.  

Kick ne dispose d'ailleurs que de 75 personnes assurant la modération, dont aucune ne parle français, selon la ministre déléguée chargée du Numérique, Clara Chappaz. 

Après la mort du streamer Jean Pormanove, la plateforme s'est toutefois engagée auprès du gendarme français du numérique, l'Arcom, à revoir ses règles de modération et de supervision des contenus.

De quoi vit-elle ? 

Kick offre une politique de rémunération bien plus avantageuse que ses concurrents, reversant 95 % des revenus générés aux créateurs de contenus, et gardant le reste. La plupart des autres plateformes prennent la moitié des gains générés.

Les streamers peuvent ainsi engranger de fortes sommes grâce à leurs abonnés payants et à des dons des internautes versés lors d'un direct dont ils aiment le contenu. 

Kick ne communique ni le nombre de ses membres ni des abonnés actifs mensuels, mais selon le site spécialisé Streamscharts, la plateforme aurait comptabilisé une audience moyenne de 855 000 spectateurs en juillet dans le monde, loin derrière Twitch (2,2 millions de personnes sur la même période). 

Plus confidentielle que ses concurrents, Kick sait aussi attirer des figures connues d'internet comme la star de YouTube MrBeast qui a organisé en août une collecte pour l'accès à l'eau potable ayant permis de récolter 12 millions de dollars, un record pour une opération caritative en ligne.

Avec AFP