Une Pakistanaise de 37 ans, ancienne étudiante au prestigieux MIT aux États-Unis, a été jugée coupable par un jury fédéral à New York d'avoir tenté de tuer des soldats américains en Afghanistan en 2008. Ses avocats ont fait appel.
AFP - Une spécialiste pakistanaise en neurosciences qui a fait ses études aux Etats-Unis a été jugée coupable mercredi à New York d'avoir tenté de tuer des soldats américains en Afghanistan en 2008.
Aafia Siddiqui, 37 ans, qui a fait des études brillantes au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), a été reconnue coupable par un jury fédéral de l'ensemble des charges qui pesaient contre elle.
Elle était accusée d'avoir ouvert le feu sur des officiers américains en juillet 2008, alors qu'elle était détenue en Afghanistan pour ses liens présumés avec Al-Qaïda.
Bien qu'elle n'ait pas été inculpée de terrorisme, l'accusation l'avait décrite comme une terroriste en puissance, qui prévoyait de faire sauter une bombe à New York.
Aafia Siddiqui avait plaidé non coupable.
"Nous sommes choqués par ce verdict inattendu", a réagi dans un communiqué l'ambassade du Pakistan à Washington, ajoutant que le gouvernement pakistanais "ferait tout son possible pour qu'elle obtienne justice en tant que citoyenne" de ce pays.
Son avocat avait tenté de prouver qu'elle n'avait pas toutes ses facultés mentales, mais un juge avait estimé qu'elle ne souffrait d'aucun trouble psychique et l'avait déclarée apte à comparaître.
Une avocate de la famille Siddiqui, Tina Monshipour, a réagi à la décision mercredi en annonçant qu'elle faisait appel.
"Elle a été décrite comme une terroriste bien qu'il n'y ait eu aucune accusation de terrorisme dans son procès. Il s'agit de l'un de ces cas dans lesquels nous voyons les préjugés et les partis pris envahir la salle d'audience", a dit l'avocate.
Aafia Siddiqui a plusieurs fois perturbé son procès en s'en prenant au jury, aux témoins et même à ses propres avocats et en clamant qu'elle était une victime d'Israël.
Après avoir été reconnue coupable, elle a réagi dans la même veine, déclarant: "Il s'agit d'un verdict venant d'Israël, pas de l'Amérique. La colère devrait être dirigée vers la bonne cible".
La jeune femme, d'allure fragile, figurait en 2004 sur une liste américaine de personnes soupçonnées de liens avec Al-Qaïda. Selon des informations contestées, elle serait mariée avec un parent de Khaled Cheikh Mohammed, le cerveau autoproclamé des attentats du 11-Septembre.
Selon l'accusation, elle a été arrêtée par la police afghane en possession de notes sur des plans pour attaquer la statue de la Liberté et d'autres sites new-yorkais. Elle n'a cependant été inculpée que pour tentatives de meurtres.
Les faits qui lui sont reprochés s'étaient produits en 2008, alors qu'elle était incarcérée en Afghanistan pour ses liens présumés avec Al-Qaïda.
Le jour suivant son arrestation, lorsque des officiers américains et des agents du FBI étaient venus lui rendre visite, elle s'était emparée d'une arme et avait tiré deux coups de feu, sans blesser personne. L'un des officiers avait alors répliqué, la blessant à la poitrine.
Des groupes de défense des droits de l'homme estiment qu'elle a pu être secrètement emprisonnée et torturée sur la base américaine de Bagram, en Afghanistan, au cours des cinq années précédentes, ce que l'armée américaine dément.
Aafia Siddiqui, qui vivait au Pakistan, avait disparu en mars 2003 et l'on ignore où elle se trouvait pendant cinq ans. Ses proches pensent qu'elle a été arrêtée au cours d'une des nombreuses opérations menées à l'époque par l'armée pakistanaise contre Al-Qaïda.
Au cours de son procès, elle a fait allusion à ces rumeurs, disant lors d'une de ses invectives: "si vous aviez été dans une prison secrète (et si) vos enfants avaient été torturés".