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Le site WikiLeaks ferme son robinet à scoops

Habitué aux coups médiatiques, le site d'informations publiées anonymement se voit contraint de suspendre ses activités. Faute de fonds. En trois ans d’existence, WikiLeaks a diffusé des millions de documents, parmi lesquels de véritables scoops.

Wikileaks a cessé ses activités le lundi 1er février. Du moins temporairement. Le site de fuites d’informations et de scoops manque d’argent. Sunshine Press, l’association à but non lucratif à l’origine de ce projet, estime qu’il lui faudrait 600 000 dollars pour se remettre à flot et payer ses employés ainsi que son service juridique. Pour l’heure, le site n’a pu lever que 130 000 dollars issus de dons.

Fondé en 2007 par des "dissidents chinois, des journalistes d’investigation, des défenseurs de droits de l’Homme et des mathématiciens", dixit la page de présentation, WikiLeaks a récolté et publié plus d’un million de documents confidentiels dont certains ont été repris par la presse traditionnelle. En 2008, le très sérieux magazine britannique "The Economist" lui a décerné le prix de meilleur nouveau média.

En dépit des 100 plaintes qui ont été déposées à son encontre, WikiLeaks se targue de n’avoir jamais publié une seule fausse information. Ses détracteurs pointent toutefois du doigt un système de soumission d’informations, anonymes et sans contrôle a priori, qui invite à faire circuler des rumeurs.

Alors que sa survie est menacée, voici une liste - non exhaustive - des lièvres que WikiLeaks a contribué à lever en trois ans. Et le site affirme avoir encore quelques  petites bombes sous le coude notamment sur la guerre en Irak.

Daniel arap Moi - En avril 2007, l’ancien président kenyan Daniel arap Moi voit son pouvoir remis en cause après la publication sur WikiLeaks de documents attestant de la corruption dont s'est rendue coupable une partie de sa famille. Le quotidien britannique "The Guardian" a repris l’information en une. Cette affaire fut l’un des plus gros coups du site.

Guantanamo - Le manuel des opérations courantes au Camp Delta de Guantanamo a été publié sur WikiLeaks en novembre 2007. Il s’agit du premier document sensible rendu public sur le fonctionnement du centre de détention américain. On y apprend quelles fournitures les prisonniers ont le droit de garder ou encore la classification des détenus en fonction de leur dangerosité présumée.

Scientologie - En avril 2008, le site publie plusieurs pages sur le fonctionnement et les objectifs des hautes sphères de l’église de la Scientologie. La secte ordonne que l’identité de la source soit rendue publique. En réponse, WikiLeaks se borne à publier une centaine de pages supplémentaires notamment sur le fonctionnement du groupe.

Paradis fiscaux - Des documents établissant des liens entre la banque suisse Julius Baer et les Iles Caïmans, dans des buts d’évasion fiscale, ont été mis en ligne en février 2008. Fous de rage, les responsables de cet établissement ont poursuivi le site en justice et perdu.

Sarah Palin - En septembre 2008, alors que la campagne présidentielle bat son plein aux Etats-Unis, Sarah Palin, co-listière du candidat républicain John McCain, voit le contenu de sa messagerie personnelle publié sur WikiLeaks. Au milieu de courriels envoyés à ses proches, se trouvent quelques échanges professionnels. L’affaire intervient alors que la justice s’intéresse de près à la manière dont Sarah Palin gérait l’Alaska en tant que gouverneur.

Les messages du 11-Septembre - En novembre 2009, plus d’un demi-million de messages envoyés par "pager" (l'ancêtre des SMS) le 11 septembre 2001, aux Etats-Unis, se retrouvent sur WikiLeaks. Une somme impressionnante qui permet de se faire une image d’ensemble de cette journée et de la manière dont elle a été vécue aussi bien par des anonymes que par des responsables politiques.