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Le gouvernement de Michel Barnier dévoile jeudi, en Conseil des ministres, son projet de loi de finances dont l'objectif est de ramener à 5 % le déficit public en 2025, puis à 3 % d'ici 2029.

Un mois après l'entrée de Michel Barnier à Matignon, le projet de loi de finances (PLF) 2025, qui prévoit 60 milliards d'euros d'économies et de hausses d'impôts, est présenté jeudi 10 octobre en Conseil des ministres dans un climat politique incertain.

"Ce n'est pas un budget d'austérité", répètent en chœur les ministres de l'Économie, Antoine Armand, et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, à propos d'un texte conçu pour taxer les Français les plus fortunés et les grandes entreprises.

Une rupture avec la ligne suivie depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Élysée qui fait grincer le camp présidentiel, fragile partenaire au sein d'un gouvernement dirigé par un ténor des Républicains.

Entre la pression des marchés, qui surveillent une France surendettée dont le déficit public atteindra 6,1 % du produit intérieur brut (PIB) cette année, et celle du Rassemblement national (RN) en mesure de faire tomber le gouvernement, l'équipe au pouvoir a une marge de manœuvre très étroite. "Ce sera un budget difficile, sérieux et responsable", répète Michel Barnier, qui a survécu mardi à une première motion de censure des députés de gauche, que le RN n'a pas voté.

Objectif du PLF : ramener à 5 % le déficit public en 2025, puis à 3 % d'ici 2029, conformément aux exigences de Bruxelles. Sur les 60 milliards d'euros à trouver, 40 milliards proviendraient de réductions des dépenses publiques et 20 milliards de hausses d'impôts. Un effort conséquent qui s'ajoute aux 10 milliards d'économies décidées par le gouvernement précédent.

Suggestions de Gabriel Attal

Parmi les pistes figurent le report de janvier à juillet de l'indexation des retraites, source d'environ quatre milliards d'euros d'économies, la fusion de certains services publics et une baisse du nombre de fonctionnaires. L'idée d'augmenter les taxes sur l'électricité – en partie compensée par un recul des prix de l'énergie sur les marchés – est aussi sur la table.

Côté fiscalité, 65 000 foyers aisés seraient imposés à hauteur de deux milliards d'euros supplémentaires, a prévenu Michel Barnier, qui a aussi évoqué quelque 300 entreprises mises à contribution pendant un an ou deux.

Opposée à toute hausse d'impôt, l'ancienne majorité a lancé d'autres idées, à l'instar de l'ex-Premier ministre Gabriel Attal, qui a suggéré à son successeur de signer le décret réformant l'assurance-chômage préparé par ses soins.

"Le gouvernement pourra compter évidemment sur notre soutien dans la tempête", a déclaré mercredi devant la presse celui qui dirige désormais le groupe Ensemble pour la République au Palais Bourbon. "Nous avons en revanche des divergences sur quelques moyens. La crainte, c'est que le budget n'intègre pas assez de réformes et trop d'impôts."

Éventuel recours au 49.3

L'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin propose quant à lui de faire travailler les fonctionnaires 37 heures au lieu de 35 et de supprimer un jour férié. Côté opposition, la gauche dénonce un budget néfaste pour les services publics et le Rassemblement national (RN) accuse le gouvernement de poursuivre la politique menée jusqu'ici.

"Ce sont des économies de bout de chandelles, ils ne font preuve d'aucune imagination", estime le député RN Philippe Ballard.

Le débat budgétaire, qui commence vendredi matin en commission des finances, s'annonce vif. "Assumer nos responsabilités, c'est prendre le risque d'être impopulaire", a dit à Reuters Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l'Assemblée.

Le 3 octobre sur France 2, Michel Barnier a évoqué un éventuel recours à l'article 49.3 de la Constitution pour adopter le budget à la fin de l'année. "Je souhaiterais qu'il puisse être adopté par l'Assemblée nationale", a-t-il dit. "Mais si on n'y arrive pas, on utilisera le 49.3, qui est un outil de la Constitution."

Avec Reuters