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Barack Obama renonce à la Lune

Lors de la présentation du budget 2010, le président américain a annoncé l'abandon du programme "Constellation", lancé il y a cinq ans par son prédécesseur George W. Bush. Les Américains ne retourneront donc pas sur la Lune.

Barack Obama passe de la Lune à Mars. Lors de la présentation du budget 2011, ce lundi, le président a annoncé plusieurs mesures pour réduire le déficit colossal des Etats-Unis, dont la décision symbolique de renoncer à retourner sur la Lune en 2020 afin de privilégier les missions vers Mars.

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"Le retour sur la Lune, un projet cher à George W. Bush"
Barack Obama renonce à la Lune

Ce coup d’arrêt du programme lunaire "Constellation" de la Nasa, qui doit encore être approuvé par le Congrès, risque de faire grincer quelques dents du côté des États, comme la Floride, qui bénéficient de la manne financière associée.

"Ce que nous proposons, c'est d'annuler le programme 'Constellation', pas de le retarder", a affirmé à l'occasion de cette annonce le responsable de la direction du budget américain, Peter Orszag. Barack Obama tire ainsi un trait sur la Lune et réoriente le budget vers Mars, en privilégiant les nouvelles technologies nécessaires à l'envoi de missions sur la planète rouge.

"C’est l'abandon du leadership américain en matière spatiale", avait réagi, dimanche, dans un communiqué, Michael Griffin, un ancien chef de la Nasa qui a participé à l'élaboration du projet, alors que la rumeur sur l'abandon du projet était déjà persistante. L'ambition de retourner sur la Lune en 2020 avait été fixée par l’ancien président George W. Bush en 2004 mais, depuis lors, ce programme avait accumulé les retards. Le lanceur Ares et la nouvelle génération de navettes censées transporter l'Homme dans l'espace ne pourront être prêts à temps sans fonds supplémentaires, a prévenu plusieurs fois la Nasa.

Déficit record

La commission mise en place en 2009 par le président américain pour plancher sur l’avenir spatial américain a estimé, dans un rapport remis en octobre 2009, à 3 milliards de dollars par an l'investissement nécessaire pour atteindre les objectifs du programme "Constellation". Une dépense que Barack Obama n'est donc pas prêt à intégrer dans son projet de loi des finances. Pour 2010, les États-Unis affichent un déficit record de 1,556 milliards de dollars. Pour boucler son budget, la Maison Blanche a passé près de 120 programmes par pertes et profits.

Pour autant, Washington ne compte pas tirer un trait définitif sur son aventure spatiale. La Nasa devrait voir son budget (actuellement de 18 milliards de dollars par an) augmenter de 6 milliards de dollars sur cinq ans. Et si la Lune disparaît du viseur américain, c'est au profit de Mars mais également des voyages commerciaux dans l'espace. Si elle est approuvée, la décision entraînerait un virage à 180 degrés dans la politique spatiale des États-Unis : les navettes transportant des astronautes, qui jusqu'à présent appartiennent à la Nasa, pourraient être également prises en charge par des entreprises privées.

La collaboration avec l'ISS reconduite

Une évolution majeure qui ne va pas sans susciter quelques inquiétudes, notamment sur la sécurité des astronautes. "Le ministère de la Défense utilise depuis longtemps des compagnies privées pour lancer des satellites ultra-sensibles dans l’espace, la Nasa peut aussi leur faire confiance", a affirmé, lundi, au Washington Post, John Gedmark, directeur de la Fédération des vols spatiaux commerciaux.

Barack Obama a enfin reconduit la collaboration américaine au programme de la Station spatiale internationale (ISS) au-delà de son retrait qui était prévu pour 2016. Le projet de fusées Ares, qui devaient notamment conduire les astronautes vers l'ISS, est toutefois remplacé par l'appel au secteur privé.

Malgré ces ambitions, l’abandon de "Constellation" risque de rester au travers de la gorge de nombreux élus. Notamment ceux de l'Alabama, de la Floride et du Texas, trois États qui ont vu la création de plusieurs milliers d’emplois grâce à "Constellation". L’idée de retourner sur la Lune jouit, en outre, d’une forte popularité auprès d'une opinion publique qui déplore qu’aucun Américain n'ait foulé le sol lunaire depuis 1972. La Chine et la Russie ont quant à eux confirmé travailler de pieds fermes pour un vol habité vers la Lune à l’horizon 2020.