
C'est un pays "totalement cassé". C'est par ces mots que le Premier ministre par intérim Muhammad Yunus a qualifié l'état du Bangladesh depuis son accession au pouvoir le 8 août. Dans les colonnes du principal quotidien de langue bangladaise, Prothom Alo, l'économiste a répété sa promesse d'élections générales une fois accomplie "la tâche énorme" d'amender la Constitution et de réformer le système judiciaire.
"Rien ne fonctionnait, nous avons dû commencer à travailler avec une administration publique incohérente et partant en lambeaux", a-t-il confié.
"Nous procèderons aux élections et aux réformes simultanément", a indiqué Muhammad Yunus, sans toutefois préciser de calendrier. "Réformer signifier ne plus permettre la répétition de ce qui s'est produit par le passé".
"Nous réformons le système judiciaire. Une fois que ce sera fait, alors nous verrons qui sera poursuivi devant un tribunal et comment la justice sera rendue", a indiqué le responsable.
Il a également confirmé son engagement à poursuivre les auteurs d'atteintes aux droits humains, à commencer par Sheikh Hasina. Au pouvoir depuis 2009, l'ex-dirigeante de 76 ans s'est enfuie en hélicoptère de son palais de Dacca le 5 août et s'est réfugiée en Inde, après des semaines de manifestations étudiantes qui ont viré à l'insurrection populaire généralisée.
Pendant les quinze ans de son règne autoritaire, son gouvernement a été accusé de violations massives des droits humains, dont des détentions arbitraires et des exécutions extrajudiciaires. Selon un bilan provisoire des Nations unies, plus de 600 personnes ont été tuées lors de la répression de ce mouvement, pour l'essentiel des civils.
L'ONG Reporters sans frontières (RSF) s'est récemment indignée de l'arrestation d'au moins 25 journalistes considérés comme des proches de l'ancien régime en lien avec la répression des manifestations qui ont causé la chute de Sheikh Hasina.
"Écrivez comme vous l'entendez. Critiquez", a lancé Muhammad Yunus. "À moins que vous n'écriviez, comment voulez-vous que nous sachions ce qui se passe et ce qui ne se passe pas ?".
AFP