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En Russie, une explosion des dépenses militaires pour poursuivre l'offensive en Ukraine
Dévoilé lundi, le projet de loi budgétaire 2025 en Russie prévoit une envolée de 30 % des dépenses militaires l'an prochain, confirmant la détermination du Kremlin à poursuivre son offensive en Ukraine malgré le coût humain et économique.

Poursuivre l'offensive en Ukraine coûte que coûte. La Russie a dévoilé lundi 30 septembre son projet de loi budgétaire pour l'année 2025, qui prévoit une explosion des dépenses militaires de 30 %.

La publication de ce texte, qui doit être approuvé par le Parlement russe à l'automne avant sa promulgation par Vladimir Poutine, intervient le jour où la Russie célèbre le deuxième anniversaire de l'annexion revendiquée de quatre régions ukrainiennes qu'elle ne contrôle toutefois pas entièrement.

Dans une vidéo diffusée pour "La Journée de la réunification", Vladimir Poutine a ainsi répété que "tous les objectifs fixés seront atteints" en Ukraine.

Pour cela, les dépenses de défense vont atteindre en 2025 près de 13 500 milliards de roubles (130 milliards d'euros au taux actuel), selon le projet de loi.

Le budget militaire national avait déjà explosé de près de 70 % en 2024, représentant cette année avec les investissements de sécurité 8,7 % du PIB selon Vladimir Poutine, une première dans l'histoire moderne de la Russie.

Un tiers des dépenses pour la Défense

Depuis 2022, le Kremlin a largement réorienté son économie sur l'effort de guerre, développant à grande vitesse son complexe militaro-industriel, recrutant des centaines de milliers d'employés.

Le Kremlin anticipe un conflit long avec l'Ukraine et ne semble pas préoccupé par les risques de dépendance accrue de son économie envers les commandes militaires, au moment où l'inflation tourne autour de 9 %, amputant le pouvoir d'achat des Russes.

Vladimir Poutine avait érigé mi-septembre "le renforcement de la capacité de défense du pays" et "l'intégration des régions" ukrainiennes occupées en "priorités".

La somme allouée pour la défense représentera en 2025 près d'un tiers des dépenses fédérales et plus de deux fois plus que les investissements "de politique sociale".

Le budget dédié à la sécurité intérieure, qui inclut la police et les services spéciaux en charge notamment de la répression des critiques du Kremlin, va quant à lui passer à 3 460 milliards de roubles (33 milliards d'euros), soit près de 10 % des dépenses annuelles de l'État russe.

Ce cumul "Défense" et "Sécurité" représentera environ 40 % du budget. Sans compter de nombreux investissements classés secrets.

Une hausse d'impôts pour faire grossir l'armée

Signe que les dépenses militaires ne sont pas prêtes de diminuer, Vladimir Poutine a signé mi-septembre un décret ordonnant une augmentation de près de 15 % du nombre de soldats, le portant à 1,5 million.

Un actif sur 50 en Russie sera alors dans l'armée qui, d'après des médias russes, deviendrait la deuxième plus grande au monde après celle de la Chine.

Pour gérer "efficacement" les comptes de l'armée, où la corruption reste endémique, Vladimir Poutine a placé depuis mai un économiste, Andreï Belooussov, à la tête du ministère de la Défense. Et de nombreux responsables du secteur ont été incarcérés.

Au total, les dépenses fédérales vont passer en 2025 à 41 500 milliards de roubles (environ 400 milliards d'euros).

Pour boucler son budget, le gouvernement a prévu au 1er janvier une augmentation des impôts sur les hauts revenus et les entreprises. Les pénuries de main d'œuvre demeurent toutefois problématiques dans un grand nombre de secteurs, ce qui entraîne la surchauffe de l'économie nationale.

Face à l'offensive russe, l'Ukraine, largement dépendante du soutien financier et militaire occidental, prévoit pour sa part de consacrer plus de 60 % de son budget l'an prochain pour la défense et la sécurité (48,3 milliards d'euros).

Journalistes "agents de l'étranger" arrêtés

Trois journalistes ont par ailleurs été "interpellés" lundi soir à Moscou alors qu'ils couvraient un concert célébrant l'anniversaire de l'annexion revendiquée de régions ukrainiennes, a indiqué l'ONG de défense des droits humains OVD-Info.

D'après cette source, l'un travaille pour le site d'information Republic et les deux autres pour le média indépendant SOTAvision. Ces publications sont classées "agent de l'étranger" en Russie. Les journalistes ont été conduits à un poste de police et deux d'entre eux vont être "inculpés de hooliganisme", a déclaré l'ONG.

SOTAvision a confirmé l'interpellation de ses reporters alors qu'ils "recueillaient les commentaires" des spectateurs sortant du concert sur la place Rouge, n'ayant pas pu accéder au site eux-mêmes.

Le 30 septembre 2022, Vladimir Poutine avait signé des décrets sur l'annexion des régions ukrainiennes de Donetsk et de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, ainsi que de celles de Zaporijjia et de Kherson, dans le sud.

Sur le front, les forces russes continuent de progresser dans l'est et ont revendiqué lundi la conquête d'une nouvelle petite localité, Nelipivka.

Dans les zones de l'est de l'Ukraine contrôlées par les forces russes, plusieurs attaques ukrainiennes ont tué un adolescent et blessé huit autres personnes, dont trois enfants, selon le dirigeant de l'occupation russe dans la région de Donetsk, Denis Pouchiline.

Avec AFP