logo

Le pape François face aux attentes des victimes de pédocriminalité en Belgique
Le pape François rencontre vendredi à Bruxelles des victimes de violences sexuelles commises par des membres du clergé, un dossier qui pèse sur la visite que réalise le souverain pontife en Belgique pour marquer les 600 ans de l'Université catholique de Louvain. Ces victimes réclament des prises de positions fortes.

Pour afficher ce contenu , il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.

Accepter Gérer mes choix

Il n’y avait pas eu de visite papale en Belgique depuis près de 30 ans. Celle du Pape François, du 26 au 29 septembre, est donc très attendue dans le Royaume. L'un des points forts de son programme sera sa rencontre avec des victimes de prêtres pédophiles. Sur les 80 personnes qui avaient émis le souhait de le rencontrer, seule une quinzaine pourra s’entretenir avec le Saint-Père. Effectuée par l’Église elle-même, cette sélection est déjà décriée par certains pour son manque de transparence. 

“Un jour, alors que j’étais en train de me faire violer dans ma chambre, l’un des prêtres a ouvert la porte et tout ce qu'il a trouvé à dire, c’est 'vous devriez déjà être au réfectoire pour manger'". Koen Van Sumere avait seulement 13 ans lorsqu’il a enduré ces terribles abus à l’école de l’abbaye de Termonde en Belgique. Des violences sexuelles qui l’ont obligé par la suite à subir plusieurs opérations uro-génitales pour espérer vivre une vie normale. 

Reconnu par l’Église victime de catégorie 4 - celle réservée aux abus les plus graves - Koen Van Sumere a reçu 10 000 euros d’indemnités. Il estime que cela n'est pas assez pour couvrir les coûts de la longue thérapie qu’il suit toujours. Quand il rencontrera le Pape, c’est d’abord sur ce point qu’il veut insister : “Ce que je vais lui demander - voire presque exiger - c’est que, premièrement, les auteurs de violences soient beaucoup plus sévèrement punis. Deuxièmement, je vais lui demander qu'il oblige enfin les évêques belges à prendre des mesures immédiates. Ils ont déjà effectué des versements dans le passé, mais il ne s'agissait que d'une aumône.”

"Pourquoi faire toute cette sélection?"

Comme Koen Van Sumere, 80 victimes ont émis le souhait de rencontrer le souverain pontif. Mais seule une quinzaine pourra s’entretenir avec lui lors de sa venue en Belgique. Cette sélection a été faite par l'Eglise elle-même. Un choix que regrette Marc de Bosscher qui a subi des attouchements par le prêtre qui officiait dans son église : “Pourquoi faire toute cette sélection ? Ça fait rebondir le sentiment que l’on essaye de couvrir, on essaye de ne rien dire.”

Ces soupçons sont rejetés par l’Église de Belgique qui dit prendre ses responsabilités depuis plus de dix ans déjà. “Aujourd’hui, on n’en est plus à cacher quoi que ce soit, au contraire, que les choses viennent  à la lumière du jour. Il y a des personnes qui depuis des années déjà ont été reçues, ont été accompagnées, ont reçu une forme de dédommagements", affirme Tommy Scholtes, porte-parole de la Conférence des évêques de Belgique

Depuis 2012, plus de 700 plaintes impliquant l’Eglise ont été déposées en Belgique. Le dossier avait refait surface à l'automne 2023 avec la diffusion d'un documentaire choc où témoignaient des victimes livrant un secret enfoui parfois pendant des décennies, beaucoup déplorant une omerta dans l'Église pour protéger les agresseurs et le fait de n'avoir jamais pu obtenir justice.