La tension monte progressivement. Dimitri, notre chef de prod', Jessica, la présentatrice anglophone, et Albert, le directeur adjoint de la rédaction, partent pour le camp de la Minustah. Je reste à l'hôtel. J'ai été affectée à l'accueil des invités.

Coincée dans le hall sans pouvoir bouger ni profiter du peu de temps qu'il nous reste sur place pour faire un maximum de reportages, voir le maximum de choses. Ça m'agace, je ne suis pas là pour ça.

Mais David, notre "fixeur" (un Haïtien recruté sur place pour nous assister et nous servir d'intermédiaire dans le pays), s'assoit à coté de moi, me tend une « chicklet » (chewing-gum) et une "couronne" (soda local orange fluo ultra sucré). Nous commençons à papoter. Il m'apprend plein de choses, notamment qui sont vraiment les Haïtiens et à quel point l'image que les étrangers ont du pays est tronquée...

Les invités de l'émission spéciale commencent à arriver. Lionel Benjamin, chanteur haïtien d'une cinquantaine d'années, se pointe, T-shirt et casquette à l'envers. "Salut, je peux garder ma casquette, tu crois ?", me lance-t-il,  tranquille, sympa, curieux, souriant...

En fin d'après-midi, je vois un mec en chemise et jean arriver en courant, déraper dans le hall, se tourner vers moi, reprendre son souffle puis lisser son jean en hésitant. C'est Didier Le Bret, l'ambassadeur de France en Haïti. Il a le visage poupin, un grand sourire et de petites lunettes rondes. Comme la plupart des autres invités, il inspire spontanément la sympathie.

Finalement, l'après midi passe très vite. Je ne regrette pas, la journée a été riche en rencontres. Et puis, voir les coulisses d'un direct, c'est vraiment intéressant. Personne ne se doutait que, dix mètres seulement derrière le plateau de l'émission, s'alignaient, toujours dans l’enceinte de l’hôtel, nos tentes, notre camping, des chaussures qui trainent et du linge qui sèche. Un sacré décalage...