
Au lendemain du terrible incendie qui a ravagé le 15 avril 2019 la cathédrale de Notre-Dame de Paris, les archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) sont intervenus sur ce site d'exception. Ils ont présenté, mardi 17 septembre, les résultats de diagnostics et de fouilles menés à l'extérieur à et l'intérieur de l'édifice.
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Accepter Gérer mes choixLors de ces opérations menées par plus d'une cinquantaine d'archéologues et de spécialistes, la sépulture du célèbre poète Joachim du Bellay aurait été retrouvée. En 2022, deux sarcophages en plomb anthropomorphes à la croisée du transept ont en effet été mis au jour.
L'un des deux sarcophages, qui portait une épitaphe, a été rapidement identifié comme celui du chanoine Antoine de La Porte (1627-1710). Mais l'identité du second individu, un homme âgé d'une trentaine d'années, était mystérieuse.
Les analyses effectuées à l'institut médico-légal du CHU de Toulouse ont permis d'en savoir plus sur cet inconnu : la déformation de son os coxal indique qu'il montait à cheval, son crâne scié et son sternum fracturé montrent qu'il a été autopsié avant d'être embaumé. Surtout, ses ossements portent les traces d'une pathologie extrêmement rare : une tuberculose osseuse cervicale ayant entraîné une méningite chronique.
Un "portrait-robot" qui correspond à celui du célèbre poète de la Renaissance Joachim du Bellay. "C'était un cavalier émérite, il est allé de Paris à Rome à cheval, ce qui n'est pas rien quand on a une tuberculose comme lui. Il a d'ailleurs failli en mourir", a détaillé lors d'une conférence de presse Éric Cubrézy, médecin et archéologue.
Un doute persiste ?
Né en Anjou, le cofondateur de la Pléiade, un groupe de poètes mais aussi mouvement littéraire, est mort à Paris dans la nuit du 1er au 2 janvier 1560 à l'âge de 37 ans dans le cloître de Notre-Dame.
La famille de l'auteur du recueil de sonnets "Les Regrets" et du manifeste "défense et illustration de la Langue française", dont un oncle était cardinal, avait demandé qu'il y soit inhumé dans la chapelle Saint-Crépin. Mais en 1758, lors de travaux, sa tombe n'y avait pas été retrouvée.
"Il reste des doutes", a cependant tempéré Christophe Besnier, un des responsables des fouilles à Notre-Dame, citant notamment "l'analyse des isotopes" qui "montre qu'on est face à une personne qui a vécu en région parisienne ou dans la région Rhône-Alpes jusqu'à ses dix ans", alors que le poète est né en Anjou.
Interrogé à ce sujet par Le Monde, Dominique Garcia, président de l'Inrap s'est dit plus catégorique : "Que peut-on avoir de plus ? Retrouver sa brosse à dents pour vérifier que l’ADN correspond ? Rien que son âge et sa pathologie offrent une solidité statistique remarquable", note l'expert. Cinq cents ans après sa mort, le mystère sera peut-être résolu.

Avec AFP