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Déplacement historique du pape François dans la jungle de Papouasie-Nouvelle-Guinée
Le pape François a choisi de rencontrer, dimanche, quelque 20 000 personnes à Vanimo, une commune rurale dans la jungle de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, où sa visite de trois jours suscite une grande ferveur. Samedi, il avait exhorté les dirigeants de du pays à "arrêter la spirale" des violences tribales ancestrales qui ont tué ou déplacé des dizaines de milliers de personnes.

Une visite aux "périphéries" du monde : le pape François a effectué, dimanche 8 septembre, un déplacement historique dans la jungle de Papouasie-Nouvelle-Guinée, précisément à Vanimo, dans l'extrême nord-ouest de ce pays multi-ethnique à majorité chrétienne.

C'est dans cette commune rurale encadrée par l'eau turquoise de l'Océan Pacifique et des plages de sable clair, que le pape François a choisi de rencontrer quelque 20 000 personnes, venues de différentes provinces. Parmi elles, ils sont des centaines à avoir marché, parfois plusieurs jours depuis l'autre bout de l'île pour rencontrer le jésuite argentin, au cours de la deuxième étape de sa tournée marathon dans quatre pays d'Asie du Sud-Est et d'Océanie.

Comme Joachim Mombigo, T-shirt rouge et casquette, qui a fait trois jours de route. "Je suis catholique, et je voulais voir le chef de l'Eglise", confie-t-il à l'AFP tandis qu'une brise chaude et moite souffle depuis les collines alentours surmontées de palmiers et de panneaux souhaitant la bienvenue au pape.

Dans la foule, des familles, souvent pauvres, des centaines d'enfants aux pieds nus. Des groupes de jeunes, assis sur le sol depuis de longues heures, exhibent le drapeau rouge et noir de leur pays ou une photo de l'évêque de Rome.

Steven Nati, 53 ans, espère lui une guérison. "J'ai de nombreux problèmes Je suis venu pour que le pape me bénisse, pour que je puisse guérir", explique cet habitant de Vanimo, appuyé sur une canne.

"Spectacle grandiose"

Sur la scène, le chef de l'Église catholique se voit offrir une impressionnante coiffe surmontée de plumes jaunes et noires d'oiseau de paradis, l'emblème national du pays. Une salve d'applaudissements et d'acclamations s'élève de la foule lorsqu'il la dépose sur sa tête.

Invité d'honneur, François, 87 ans, assiste à une danse traditionnelle effectuée par des membres d'une tribu de la province locale du Sandaun, les bras entourés de bracelets de plumes, de coquillages et de feuilles, et le corps recouvert de peintures tribales.

Ville portuaire de 10 000 âmes frontalière de l'Indonésie, Vanimo symbolise à elle-seule les "périphéries" chères au premier pape sud-américain de l'Histoire, qui s'était lui-même défini comme venant "du bout du monde" lors de son élection en 2013.

Avec ce déplacement, dont l'annonce a surpris jusqu'à Rome, le pape rappelle l'importance qu'il accorde aux territoires et populations se sentant marginalisés ou mis à l'écart dans une Église qu'il voudrait voir moins refermée sur elle-même.

Plus de 80% de la population du pays vit dans des villages, en suivant des rites ancestraux dont certains sont transmis de génération en génération depuis des siècles.

Dans son discours, le pape a rendu hommage à "une terre magnifique, riche d’une grande variété de plantes et d’oiseaux, devant laquelle on reste bouche bée devant les couleurs, les sons, les parfums, le spectacle grandiose d’une nature débordante de vie".

François a également exhorté à "chasser la peur, la superstition et la magie du cœur des gens", alors que certaines régions des Hautes-Terres restent le théâtre de cruelles chasses aux sorcières accusées par des tribus apeurées d'incarner les forces du mal.

Violences tribales et l'exploitation inégale des ressources

Dans l'avion de l'armée australienne qui l'a emmené sur place, François a apporté plusieurs tonnes de matériel médical, de vêtements ainsi que des jeux destinés aux enfants.

Samedi, l'évêque de Rome a appelé les dirigeants locaux à "arrêter la spirale" des violences tribales ancestrales qui ont tué ou déplacé des dizaines de milliers de personnes dans le pays.

Ces violences "ne permettent pas de vivre en paix et entravent le développement", a-t-il lancé alors que ces affrontements, endémiques depuis des siècles, ont gagné en intensité ces dernières années.

Malgré les efforts du gouvernement pour les endiguer, les exactions commises s'avèrent souvent particulièrement violentes, les victimes étant découpées à la machette, brûlées, mutilées ou torturées.

Le pape a également appelé à "valoriser les ressources naturelles et humaines" de ce pays de 11,8 millions d'habitants pour le bénéfice de "toute la communauté", alors qu'à peine plus de 10% des foyers ont accès à l'électricité.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée possède de vastes réserves d'or, de cuivre, de nickel, de gaz naturel et de bois qui ont attiré les investissements de nombreuses multinationales.

"Même si leur exploitation nécessite l'intervention de compétences plus vastes et de grandes entreprises internationales", ces dernières ne devraient pas être les seules à en bénéficier, a estimé le pape argentin.

Après un retour prévu dans la soirée dans la capitale Port Moresby, François quittera lundi la Papouasie Nouvelle-Guinée pour le Timor oriental, troisième étape de sa tournée qui doit durer 12 jours .

Avec AFP