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Jeux paralympiques : Jules Ménard et Christophe, la boccia en famille et une "ambiance jamais vue"
De notre envoyé spécial à l'Arena Paris Sud – Jules Ménard s'est qualifié samedi pour les quarts de finale de boccia, catégorie BC3, aux Jeux paralympiques. Son assistance est assurée par son père, Christophe. Les Ménard profitent de leurs premiers Jeux paralympiques et espèrent déjouer les pronostics.
Jeux paralympiques : Jules Ménard et Christophe, la boccia en famille et une "ambiance jamais vue"

Ce n'était pas un titre olympique mais c'était tout comme niveau ambiance. Jules Ménard, 24 ans, a même eu droit à une Marseillaise entonnée par le public a capella pour saluer sa qualification en quarts de finale du tournoi de boccia, catégorie BC3, samedi 31 août.

Jules Ménard a la particularité de disputer ses premiers Jeux paralympiques aux côtés de son père Christophe, son assistance sur les matches. Obéissant au doigt et à l'œil à son fils, le Breton de 53 ans monte et ajuste la rampe de lancement permettant à son fils de tirer, dans ce sport qui s'apparente à la pétanque et qui n'a pas d'équivalent chez les valides.

"On n'a jamais vu ça" en boccia

Depuis le début du tournoi, la famille est portée par une expérience extraordinaire à l'Arena Paris Sud. Durant les matches, chaque coup particulièrement bien ajusté est salué par des encouragements : "Allez Jules ! Allez Jules !" et des applaudissements nourris.

"Jules est nouveau sur les tournois internationaux. Il a démarré en juillet 2022. Sur le circuit mondial ou Challenger, il y a du public mais ça n'a rien à voir avec ça", sourit Christophe.

"C'est incroyable de jouer dans cette ambiance. Je n'ai jamais vu ça", renchérit Jules. "Même si au fond, je n'en profite pas vraiment car je suis dans ma bulle."

Pour le père, cette folle ambiance peut être à double tranchant sur le terrain : "Les consignes de Jules me sont données par la voix", rappelle celui qui n'a pas le droit de parler pendant les matches, ni de regarder le terrain auquel il tourne le dos . "Le public me porte mais je dois rester à rester l'écoute de Jules en tant qu'assistant. Le regarder et rester attentif pour ne pas commettre d'erreurs."

Après l'ambiance folle des JO, le staff de l'équipe de France savait que cette ambiance pourrait poser problème. Elle a donc préparé la doublette en conséquence : "On a travaillé là-dessus pendant deux stages. Le staff prenait des casseroles pour nous habituer à jouer dans le bruit", s'amuse Christophe.

Associé avec son père depuis 10 ans

Touché par une myopathie, maladie impactant les muscles, Jules Ménard découvre la boccia à l'âge de 8 ans. Initialement, il pratique en catégorie BC4, sans assistant. Mais après la pose d’une arthrodèse en 2014, à l'âge de 14 ans, il perd un peu en force et passe dans la catégorie BC3 (catégorie avec un assistant et une rampe). Il choisit alors son père, Christophe Ménard, pour l’assister. Aux débuts, le père et le fils s'entrainent dans le salon familial.

"Évoluer avec son père, je pense que cela donne un vrai avantage organisationnel. C'est beaucoup plus facile d'être ensemble que de caler un planning avec une tierce personne qui serait l'assistant de Jules", explique Christophe Ménard, qui travaille dans l’industrie automobile entre Dinan et Saint-Malo. "L'inconvénient, c'est d'être un père et son fils. Il a 24 ans. J'ai parfois mes idées. Il a les siennes et donc ça peut clasher."

"La dernière fois que c'est arrivé. On a carrément arrêté l'entraînement", raconte dans un sourire le patriarche.

"Tout est possible"

Grâce à une belle progression dans les stages de "jeunes à haut potentiel", Jules Ménard obtient sa sélection pour les Jeux européens de la jeunesse en 2019, où il remporte la médaille d’or dans sa catégorie en individuel. Il s’ouvre ainsi les portes de l’équipe de France. Le voilà médaillé de bronze en individuel lors de la Coupe du monde 2022 de Rome et en équipe à la Coupe du monde 2023 de Zagreb.

"On avait augmenté notre charge d'entraînement à partir d'octobre 2023 parce qu'on avait ce projet de disputer Paris 2024. On n'était pas encore sélectionnés. On a tout fait pour se mettre dans de bonnes conditions. On a travaillé et ça a payé", affirme Christophe Ménard.

"C'est une expérience extraordinaire [de disputer des Jeux avec son père]", estime Jules. "Mais on fera le bilan de ce qu'on a vécu à la fin."

Si l'objectif de qualification pour les quarts est déjà réussi, Jules est déjà focalisé sur la suite. Un match décisif dimanche face au Coréen Howon Jeong pour une place en demi-finale. Puis, les matches de double avec sa coéquipière Sonia Heckel, numéro un mondiale. Il ne se fixe pas de limite.

"Sur un match de boccia, tout est possible", affirme Jules.

Jeux paralympiques : Jules Ménard et Christophe, la boccia en famille et une "ambiance jamais vue"