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Accepter Gérer mes choixLa température est fraîche et le mistral de sortie en cette matinée d'été ensoleillée à Bandol. Près de la fontaine de la place de la Liberté, plusieurs cyclotouristes de l'amicale locale (l'ACBB) sont déjà réunis, attendant les autres copains de route du jour avant de s'élancer sur leurs vélos. Ces retraités ont l'habitude de sillonner ensemble les routes du Var et des Bouches-du-Rhône voisines au moins trois fois par semaine.
"Même en hiver", affirme avec un sourire Michel, qui a quitté Grenoble pour s'installer dans le Sud de la France il y a six ans. Ce médecin à la retraite savoure le climat local, loin des rudes conditions alpines de son ancien lieu de vie. "Ici, les moments où on ne peut pas rouler à cause de la météo sont rares dans l'année… sauf cette année où ça n'a pas été terrible en avril et en mai."
En attendant les derniers partants, Christian raconte ses récentes vacances en Normandie avec sa femme. "On n'a pas mis les pieds dans l'eau, elle était trop froide !", plaisante-t-il auprès de ses compères. Un autre Michel se présente comme "le responsable de la caisse café". "C'est important", ajoute-t-il avec humour. Car ce groupe a ses habitudes : tout le monde cotise avant les sorties cyclotouristes pour pouvoir siroter en terrasse un expresso ou un allongé.
Tout le monde est là, il est l'heure de partir. Au menu du jour : une boucle de 74 km en bord de mer et dans l'arrière-pays provençal, histoire de se dégourdir les jambes. "On va contourner Sanary-sur-Mer, puis on prendra direction Le Brusc et, à un moment, on tournera à droite pour faire l'ascension du jour jusque vers la chapelle Notre-Dame-du-Mai", précise un rouleur avant de démarrer. Tout un programme.
"On s'attend toujours en haut"
La dizaine de cyclotouristes s'élance sur le bord de mer, alternant entre la route départementale et les pistes cyclables bordées de palmiers. Ils parcourent d'abord le pourtour de la baie de Bandol, puis celui de la baie de Sanary, sur fond de mer calme. Chacun va à son rythme, comme d'habitude, que ce soit sur le plat ou pour gravir le massif du Cap-Sicié au programme de la journée.
"Le vélo c'est essentiel pour la santé, même si ce n'est pas un sport complet", affirme Michel, le médecin à la retraite, avant de lister les vertus des sorties cyclotouristes avec ses acolytes à deux roues : "C'est bon pour le corps : ça fait travailler les deux jambes et aussi l'équilibre – qu'on perd un peu avec l'âge. Et au niveau cardiovasculaire aussi : si on tire un peu sur les braquets, on peut faire du cardio de façon assez intensive. On en a besoin quand on vieillit."
Sur le vélo, l'ambiance est bonne sous les casques de cyclistes malgré la chaleur matinale. Les cyclotouristes avalent des kilomètres d'asphalte à bonne allure alors que la première ascension pointe le bout de son nez à quelques encablures de là. La route devient soudain plus étroite et plus pentue dans la forêt de Janas. La mer a laissé place à un paysage d'arrière-pays provençal composé principalement de pins et de chênes.
"C'est une journée tranquille, aujourd'hui, c'est la promenade", s'exclame Luc sur son vélo, en train de grimper le col à l'ombre des conifères. Et il raconte le bon esprit d'entente qui règne au sein du groupe de cyclotouristes : "On s'attend toujours en haut, ou alors on se met un peu au niveau des autres en difficulté pour les encourager durant les montées. Chacun va à sa vitesse, il n'y a pas de course, on est là pour se faire plaisir. Et une fois là-haut, on fait une pause."
Chose promise, chose due. Une fois la forêt de Janas passée, la bande de copains s'arrête pour admirer le panorama qui se présente aux regards contemplateurs de la nature. Certains s'adonnent à un besoin naturel à l'abri des regards indiscrets dans la végétation. Philippe, quant à lui, tire un peu la langue après avoir grimpé le col.
"Je suis le plus jeune de la bande, j'ai 60 ans !", plaisante-t-il. "J'ai été à la retraite tout récemment, et je me suis mis au vélo il y a tout juste un an." Soucieux de sa condition physique, Philippe a en plus trouvé dans ce groupe de cyclotouristes une ambiance qui le motive à sortir plusieurs fois par semaine.
"Le fait de rouler en groupe, c'est très motivant le matin parce qu'il faut se lever à 7h-7h30 puis rouler dans la région où ça grimpe beaucoup, où les routes sont vallonnées", explique-t-il. "Pour les gros comme moi (sic), ce genre d'ascension est difficile, mais ça donne envie justement de retrouver les copains. Et plus ça va, plus je vois que je roule mieux, je suis moins fatigué, je grimpe beaucoup mieux les côtes, je suis moins souvent derrière et du coup, ça aussi c'est motivant."
"Certains préfèrent courir, moi mon truc, c'est de pédaler"
Fin de la pause au sommet du col. Après une montée à vitesse réduite, les cyclotouristes foncent vers Les Sablettes, un quartier de La Seyne-sur-Mer situé à quelques kilomètres en contrebas, toujours accompagnés par le soleil. Le chant des oiseaux dans la forêt est bientôt remplacé par le bruit du roulis des vagues de la mer Méditerranée. Certains repèrent une terrasse pas loin de la plage, ce sera ici qu'aura lieu la pause café.
L'occasion de débriefer à mi-parcours la boucle du jour. "Le mistral souffle quand même beaucoup aujourd'hui", constate Luc. "C'est bien le mistral, ça nettoie la mer de la pollution et ça donne un beau ciel bleu, mais parfois ça fait aussi tanguer les vélos dans les descentes."
Les cyclotouristes sont attablés, au choix, autour d'un expresso ou d'un allongé, dans leur tenue blanche de club de l'ACBB estampillée "Bandol 83". On parle de tout, de la météo du jour ou de l'actualité.
Avant de reprendre le cours de leur route, les cyclotouristes remettent leurs lunettes et leurs casques. Michel conclut en se préparant à repartir : "Contrairement à ce qu'on croit, le cyclotourisme n'est pas simple ici avec le relief qu'on a : les bosses, les montées, les descentes, tout ça sur un kilomètre à chaque fois, ça casse les jambes. Ceci dit, c'est un plaisir pour moi. Certains préfèrent courir, moi mon truc, c'est de pédaler et on est dans un endroit privilégié pour faire ça."