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Dans une vidéo diffusée le 6 août, deux adolescentes marchent dans la rue, avec les cheveux découverts. Elles aperçoivent ensuite un véhicule de la police et cherchent alors à se cacher, en vain. Une camionnette blanche apparaît ensuite. Des policières vêtues d’un tchador noir en sortent, de même qu’un policier, pour les arrêter violemment. Les deux adolescentes sont alors forcées d’entrer dans la camionnette.
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Accepter Gérer mes choixCette scène, filmée par une caméra de surveillance, s’est déroulée à Téhéran le 21 juin, mais elle a été rendue publique par la famille de l’une des deux adolescentes, Nafas Hajisharif, âgée de 14 ans, seulement le 6 août, après qu’un tribunal a autorisé sa publication - une décision rare en Iran. Le 6 août, la famille a également transmis aux médias des photos qui montreraient les blessures de l’adolescente, qui auraient été causées, selon elle, par les coups des policières.
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Cet épisode intervient près de deux ans après la mort de la jeune Mahsa Amini en garde à vue, après son arrestation par la police des mœurs, à Téhéran. Son décès avait provoqué d’importantes manifestations dans le pays, un mouvement appelé “Femme, vie, liberté”. Dans la foulée, la police iranienne avait déclaré avoir démantelé les “patrouilles de moralité”, en décembre 2022.
Mais en avril 2024, des vidéos amateur et des témoignages d’Iraniennes ont montré que ces patrouilles avaient repris les arrestations, à la suite d’un discours du chef de la police nationale, qui avait déclaré qu’il fallait sévir contre les femmes ne portant pas le hijab. À l’époque, nos Observatrices nous avaient indiqué que les mêmes techniques avaient été remises en place, hormis la disparition de l'inscription "Gasht-e Ershad" ("patrouille de guidance islamique") sur les camionnettes de police.
La publication de la vidéo de l’arrestation des deux adolescentes, le 6 août, a généré l’indignation en Iran. Sur X, un Iranien a écrit : “Dr Pezeshkian [le nouveau président de la République islamique d'Iran, NDLR], vous aviez dit que vous alliez défendre les enfants du peuple comme vos propres enfants. C’est le moment de tenir votre promesse ! Avant de choisir un nouveau ministre de l’Intérieur, renvoyez le ministre actuel. On ne bat pas une fille de 14 ans.”
La vidéo a également suscité des critiques chez certains politiciens, pourtant du même bord que le nouveau président. Azari Jahromi, un ancien ministre, proche de Massoud Pezechkian durant sa campagne, a ainsi écrit sur Telegram : “Je viens de parler avec deux chefs de la police et ils pensent aussi que le traitement de ces deux filles était une erreur. [...] La police est importante pour notre sécurité, elle doit éviter de générer une confrontation entre la police et la population.”
Par ailleurs, le chef de la police nationale, Ahmad-Reza Radan, a déclaré que l’action de la police ne correspondait “pas à leurs standards”. Il a toutefois aussi ajouté que l’arrestation avait été musclée en raison d’insultes et de la résistance des deux adolescentes.
De moins en moins d’espoir chez les Iraniens
De nombreux politiciens ont appelé publiquement le président Massoud Pezechkian, élu le 5 juillet et entré en fonction le 28 juillet, à intervenir concernant cet incident. Mais il est resté silencieux jusqu’à présent.
Une déception pour certains Iraniens, alors qu’il avait promis durant sa campagne de mettre fin aux violences des patrouilles de moralité, ou au moins d'en réduire le nombre : “Ces [patrouilles] ont seulement mené notre société à l’obscurité [...] ces méthodes ne fonctionnent pas et je stopperai ces patrouilles”, avait-il déclaré à l’université de Téhéran, le 16 juin. Autre déception chez certains : sa décision de nommer le général Eskandar Momeni, un membre radical des Gardiens de la révolution, comme ministre de l’Intérieur. Dans le passé, il avait été un fervent soutien de la police de la moralité.