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“C’est comme si nous avions à nouveau pris notre indépendance” : au Bangladesh, les espoirs des étudiants
Alors que la Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a démissionné et pris la fuite du pays après plus d’un mois de contestation des étudiants, Muhammad Yunus, prix Nobel de la Paix, a été nommé chef du gouvernement de transition. Une première victoire pour les étudiants, qui ne comptent pas s’arrêter là.

Après plus d’un mois de manifestations violemment réprimées, les étudiants du Bangladesh ont à nouveau obtenu gain de cause : après la réduction des quotas, la Première ministre Sheikh Hasina a démissionné et fui le pays. S’en est suivi la nomination de Muhammad Yunus, comme chef du gouvernement provisoire, le prix Nobel de la paix avaient été désigné par les étudiants du mouvement Students against discrimination (Étudiants contre la discrimination) comme le plus a même de diriger le nouveau gouvernement. 

La rédaction des Observateurs a pu s’entretenir avec certains d’entre eux, qui nous ont confié leurs espoirs :

“Je n’avais jamais vu mon pays et ses habitants comme cela, il y avait tellement de joie sur leurs visages [...] c’est comme si nous avions à nouveau pris notre indépendance”, confie “Safina,” étudiante en architecture à l’université de Ahsanullah dans la capitale du pays. 

Comme les autres étudiants, elle a préféré garder l'anonymat, au cas où la répression continuerait. 

À l’annonce de la nouvelle, Safina s’est précipitée dehors pour célébrer la nouvelle avec ses amis. Avant ce nouveau mouvement, elle ne s’intéressait pas à la politique, mais les manifestations organisées dans l’université l’ont peu à peu convaincue de la nécessité de changements pour l’ensemble de la société. Le week-end dernier, sa mère l’a accompagnée lors d’une manifestation, une première. “Maintenant, nous voulons un pays civilisé, développé et que la liberté d’expression soit respectée”, affirme-t-elle.

 “C’est une vraie victoire pour nous”  

Lundi 5 août, des centaines d’étudiants bangladais se sont introduits dans le palais présidentiel de Sheikh Hasina, après que la Première ministre ait démissionné du pouvoir. 

“C’était une expérience incroyable, nous avons célébré avec des personnes venues de tous horizons”, s'enthousiasme “Mashrar”, étudiante à Dacca qui a également demandé l’anonymat par crainte que la répression continue. “C’est une vraie victoire pour nous”, continue-t-elle. Le mouvement étudiant avait en effet appelé l’ensemble du pays à se rejoindre à Dacca le 5 août pour faire pression sur le gouvernement. 

Pour le futur, Mashrar demande la libération des détenus des manifestations et l’instauration d’un état de droit où “l'intolérance et la violence ne sont pas tolérées”. “Nous ne voulons plus d’une dictature, nous voulons un changement profond de notre système avec la prise en compte des étudiants”, conclue-t-elle.   

À l’annonce de la fuite de la Première ministre, les étudiants ont voulu affirmer cette volonté de rupture. Certains ont de nouveau pris la rue, faisant même tomber la statue du père fondateur du pays, Sheikh Mujibur Rahman, en signe de libération des 15 ans de gouvernance de Sheikh Hasina et du parti Awami. 

Succès en demi-teinte

Pourtant, si l’heure est à la joie, les étudiants restent sur leurs gardes, rappelant que certaines ligues étudiantes proches du pouvoir se sont violemment opposées au mouvement et pourraient continuer à le faire. Un élève de l’université Ahsanullah des Sciences et de la Technologie, à Dacca, s’est confié de façon anonyme : “C’est une victoire en demi-teinte. Car il y a toujours des gens faisant partie des ligues étudiantes, qui tentent de nous diviser. Mais nous résisterons.” 

Si le mouvement est devenu une contestation globale du système en place, certains étudiants reviennent également à la revendication originelle du mouvement, l’abrogation du système des quotas. “Rakib,” étudiant à Dacca, est de ceux-là. Il affirme que “le gouvernement devrait travailler pour nous, et définitivement changer le système des quotas”. 

Comme d’autres étudiants, il a également eu à cœur de montrer la responsabilité du mouvement. Parmi leurs actions, le nettoyage des rues et la prise en main du trafic routier pour assurer la sécurité des habitants.

“C’est comme si nous avions à nouveau pris notre indépendance” : au Bangladesh, les espoirs des étudiants
“C’est comme si nous avions à nouveau pris notre indépendance” : au Bangladesh, les espoirs des étudiants

 “Nous nous préoccupons de l’ensemble de la population", affirme Rakib.

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