Le lutteur cubain Mijain Lopez est devenu, mardi 6 août lors des Jeux de Paris 2024, le premier athlète à remporter cinq fois l'or dans la même épreuve lors de cinq olympiades différentes, tous sports confondus, dépassant des figures comme Carl Lewis ou Michael Phelps. Chez les femmes, une  kayakiste allemande a fait mieux :  Birgit Fischer, qui a décroché 8 médailles d’or sur six olympiades.

Il a battu, mardi 5 août, en finale un lutteur né et formé à Cuba, Yasmani Acosta. Ce solide lutteur de 36 ans a longtemps été barré dans son pays natal et dans les compétitions internationales par l'indéboulonnable Mijain Lopez. Jusqu'à ce que Yasmani Acosta décide en 2015 de rejoindre le Chili et de porter les couleurs de ce pays.

Les deux hommes se connaissent très bien et se respectent. "C'est mon ami, c'est mon frère", déclarait Yasmani Acosta avant la finale, en racontant qu'il échangeait encore des conseils avec lui la veille.

Une fois de plus, le cadet a subi la loi la domination du vétéran. Mais sa médaille d'argent permet au Chili de compter sur deux médailles aux JO de Paris, après l'or gagné par la tireuse Francisca Crovetto Chadid en skeet, une performance incroyable étant donné que les trois dernières olympiades s'étaient terminées pour le Chili sans la moindre breloque.  

Une précieuse médaille pour Cuba

"Mes compatriotes cubains profitent de ces victoires. Cette cinquième médaille est attendue, je pense, par beaucoup de monde.", avait-il déclaré après sa qualification pour la finale. La récolte de médailles est en effet très maigre pour les Cubains à Paris, avec une seule médaille de bronze. Cuba savait que cette olympiade s’annonçait difficile en raison du départ de nombreux champions ces dernières années. Mais elle n'a même pas pu compter cette fois sur ses brillants boxeurs pour ramener des médailles.

Dans un tel contexte, Mijain Lopez a ramené de l’espoir à la population cubaine qui a pu, une fois de plus, compter sur son massif combattant. Après son titre à Tokyo en 2021, Lopez semblait pourtant être repu d'or et de gloire. Définitivement rassasié. Prêt à prendre sa retraite dans son village d'Herradura, un bourg de maisons délabrées et de rues poussiéreuses dans l'ouest de Cuba, où il est vénéré à l'égal d'un dieu. 

C'était mal connaître l'homme, qui fêtera le 20 août ses 42 ans. Depuis Tokyo, il n'est plus apparu en compétition, mais il a conçu un nouveau rêve : entrer seul dans la légende, avec un record quasiment impossible à battre, puisqu'il exige une constance de seize années au sommet de son sport, sans aucun faux pas.  

 "La lutte a été l'amour de ma vie" 

"C'est un athlète à la longévité exceptionnelle, qui est au plus haut niveau depuis 24 ans", a expliqué lundi à l'AFP son entraîneur, Raul Trujillo, "Il a eu quatre hernies discales, il a fallu prendre soin de lui, faire une planification très prudente, avec beaucoup de contrôle médical, et psychologique. C'est ce qui nous a permis de le préserver". 

"La fatigue est là, les douleurs dans le corps sont là, donc le mental doit être fort, la motivation doit être encore plus forte", avait-il dit lorsque l'AFP lui a rendu visite à l'entraînement en mars à la Havane. 

Après avoir décroché, lundi 5 août, sa qualification pour la finale, il a confirmé que celle des Jeux de Paris 2024 serait son dernier combat : "Il faut faire de la place aux jeunes qui viennent, pour assurer une continuité", a-t-il dit "La lutte a été toute ma vie, la lutte a été l'amour de ma vie". 

Mijain Lopez comptabilise 22 victoires aux Jeux olympiques pour une seule défaite, son quart de finale à Athènes en 2004 contre le Russe Khasan Baroyev, futur champion olympique.