

Pour elle aussi, l'escalade est une affaire de famille. La grimpeuse américaine Brooke Raboutou va disputer ses deuxièmes Jeux olympiques en France, pays de son père Didier Raboutou, légende des années 1980.
"J'essaie d'apprendre plus, ça fait longtemps", s'excuse, en français, Brooke Raboutou lors d'un point presse à New York en avril.
L'Américaine de Boulder (Colorado), âgée de 23 ans, va pouvoir pratiquer sa langue paternelle lors des JO à Paris, elle qui passait tous ses étés d'enfance à Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne), au bord de la rivière Aveyron, dans une grande maison en pierre.
C'est dans la région que son père Didier Raboutou a grandi et forgé sa légende de pionnier de l'escalade dans les années 1980, ouvrant des voies toujours plus difficiles avec sa chevelure folle et des pantalons moulants hauts en couleur en vogue à l'époque.
Sur le circuit naissant de la Coupe du monde, Didier rencontre l'Américaine Robyn Erbesfield, championne du monde en 1995, avec qui il s'établit dans le Colorado, où ils ouvrent une école d'escalade.
Parmi les graines de champion, leurs enfants Shawn et Brooke sont initiés à la grimpe à peine en âge de marcher, sur le mur d'escalade du jardin, ou dans la maison construite par Didier qui regorge de prises.
Une cinquième place à Tokyo
Shawn est devenu l'un des meilleurs grimpeurs du monde de bloc en extérieur. Brooke, jeune prodige de tous les records (elle grimpait une difficulté 8b+, niveau professionnel, à 10 ans), peut viser l'or olympique à Paris après sa 5e place de la découverte à Tokyo en 2021.
"La France tient une place spéciale dans mon cœur", explique la championne, revenue à l'anglais, qui a découvert Paris pendant deux semaines entre mars et avril, entre la capitale et la forêt de Fontainebleau et ses blocs d'escalade connus mondialement.
"J'aime Paris, avec à la fois tant de choses à faire et un certain calme, la culture, j'ai pu y gérer l'équilibre entre l'escalade de compétition (sur un mur avec des prises artificielles) et la grimpe extérieure, mes deux passions."
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Accepter Gérer mes choixL'équilibre personnel entre le sport et les études, Brooke Raboutou a su le conserver en partant étudier, contre l'avis de ses parents, à l'Université de San Diego (Californie), où, incognito, cette prodige de l'escalade ne bénéficiait d'aucun aménagement de son cursus jusqu'aux JO de Tokyo.
"J'ai toujours su que je voudrais aller à l'université, j'aime apprendre et je n'étais pas prête à sacrifier mes études", explique l'ex-étudiante diplômée en marketing en 2023 qui, hors de son cercle sportif, a toujours été discrète par rapport à son don pour la grimpe.
"Au lycée, ma plus grande peur était que les autres découvrent que j'étais une grimpeuse. Aucun de mes amis n'était au courant. Ça me mettait mal à l'aise, l'escalade était un milieu très masculin. J'avais deux vies complètement cloisonnées", indique-t-elle.
Fluidité et souplesse
Médaillée de bronze aux Mondiaux de Berne en 2023 au bloc, discipline dont elle est N.2 mondiale, Brooke Raboutou s'est imposée lors des deux tournois de qualification olympique à Shanghai en mai puis à Budapest en juin.
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Accepter Gérer mes choixPour atteindre le sommet, elle a su puiser le meilleur dans ses deux origines.
"Les salles d'escalade américaines mettent plutôt en valeur la force, la puissance. Le style français tient plus de l'utilisation des hanches et de l'élan pour franchir les obstacles. C'est quelque chose que j'ai appris depuis mon plus jeune âge, en regardant mes parents. La fluidité, la compréhension du mouvement, la souplesse, ces choses là font ma force."
Aux Jeux, Brooke Raboutou s'alignera sur le combiné (bloc et difficulté), débarrassé de la vitesse, compétition désormais à part, avec des qualifications les 6 et 8 août, puis la finale le 10 août.
Avec AFP