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La crainte d'une escalade militaire entre Israël et le Hezbollah monte d'un cran
Alors que l'Iran et ses alliés ont juré de venger la mort du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué mercredi dans une frappe attribuée à Israël, le risque d'un embrasement régional se précise au Moyen-Orient. Les chancelleries occidentales appellent leurs ressortissants à quitter le Liban dès que possible. Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, a affirmé samedi soir avoir lancé "des dizaines de roquettes sur le nord du territoire de l'État hébreu.

Appels à quitter le Liban, renforcement du dispositif militaire américain et suspension de liaisons aériennes : le scénario du pire semble se confirmer au Moyen-Orient après la multiplication des menaces de l'Iran et de ses alliés contre Israël.

L'Iran, le Hamas et le Hezbollah ont accusé l'État hébreu de la mort mercredi du chef du mouvement islamiste palestinien, Ismaïl Haniyeh, tué dans sa résidence à Téhéran. Son assassinat est survenu quelques heures après une frappe revendiquée par Israël qui a tué le chef militaire du mouvement libanais, Fouad Chokr, mardi soir près de Beyrouth.

Israël n'a pas commenté l'assassinat de Haniyeh, mais a juré de détruire le Hamas après une attaque sans précédent menée par ce mouvement le 7 octobre sur son sol, qui a provoqué une riposte dévastatrice de l'armée israélienne à Gaza.

Les dirigeants iraniens ainsi que les mouvements islamistes libanais Hezbollah et palestinien Hamas ont juré de venger la mort de Haniyeh et Chokr, le guide suprême d'Iran, Ali Khamenei, menaçant Israël d'un "châtiment sévère". 

En face, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays était à un "niveau très élevé" de préparation pour n'importe quel scénario, "tant défensif qu'offensif".

Au vu de "la possibilité d'une escalade régionale par l'Iran et ses partenaires", les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont annoncé vendredi "modifier (leur) dispositif militaire" pour "améliorer la protection des forces armées des Etats-Unis" et "doper le soutien à la défense d'Israël".

Interrogé par des journalistes dans sa résidence balnéaire du Delaware pour savoir s'il pensait que l'Iran se tiendrait à l'écart, le président américain Joe Biden a répondu : "Je l'espère, je ne sais pas".

Partir du Liban "dès que possible"

Dans ce contexte de fortes tensions, plusieurs pays appellent leurs concitoyens à quitter le Liban. La France invite ainsi ses ressortissants, particulièrement ceux de passage, à partir "dès que possible". Paris demandait déjà "instamment" à ses ressortissants de ne pas se rendre au Liban.

L'ambassade des États-Unis a également exhorté les Américains à quitter le Liban en prenant "n'importe quel billet d'avion disponible".

"(...) Mon message pour les ressortissants britanniques est clair : quittez maintenant" le Liban, a déclaré le chef de la diplomatie David Lammy.

La Suède a aussi annoncé la fermeture de son ambassade à Beyrouth et appelé ses ressortissants à partir.

Le Canada a pour sa part appelé ses ressortissants à "éviter tout voyage en Israël en raison du conflit armé régional en cours et de la situation imprévisible en matière de sécurité".

Le secrétaire d'État Antony Blinken a discuté au téléphone avec ses homologues français et britannique. MM. Blinken et Lammy ont réaffirmé la nécessité "d'empêcher la propagation du conflit" de Gaza, selon le département d'Etat.

La guerre à Gaza a entraîné l'ouverture de fronts contre Israël par le Hezbollah et les rebelles yéménites houthis qui forment avec le Hamas et des groupes armés irakiens ce que l'Iran appelle "l'axe de la résistance" face à Israël.

Signe de l'inquiétude croissante, plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs liaisons avec l'aéroport de Beyrouth, dont l'allemande Lufthansa jusqu'au 12 août.

Air France et Transavia ont prolongé cette mesure jusqu'à mardi inclus, et Kuwait Airways va interrompre ses rotations dès lundi. 

"J'ai très très peur, je vais me préparer à partir. J'ai peur de ne pas pouvoir quitter ce pays et de mourir ici", déclare à Beyrouth Yana Abdelrida, une étudiante de 23 ans.

"Riposte inéluctable"

La représentation de l'Iran auprès de l'ONU a dit s'attendre à ce que le Hezbollah frappe en "profondeur" du territoire israélien, et "ne se limite pas aux cibles militaires", après que le chef du mouvement, Hassan Nasrallah, a parlé d'une "riposte inéluctable".

Selon les Gardiens de la révolution, armée idéologique d'Iran, Ismaïl Haniyeh a été tué par un "projectile de courte portée" tiré sur le bâtiment où il se trouvait après avoir assisté à la cérémonie d'investiture du président iranien.

"Le régime sioniste recevra certainement la réponse à ce crime au moment et au lieu appropriés", ont-ils averti.

Tel-Aviv et Haïfa "font partie des cibles", a affirmé le quotidien iranien Kayhan.

Les Houthis ont eux aussi menacé Israël d'une "riposte militaire".

Entretemps, le cycle de violences quotidiennes se poursuit à la frontière israélo-libanaise. Le Hezbollah a annoncé la mort de deux de ses combattants dans des frappes israéliennes dans le sud du Liban.

Et samedi soir, le Hezbollah a affirmé avoir lancé des "dizaines" de roquettes sur le nord d'Israël, en "solidarité" avec les Palestiniens de Gaza et en riposte aux attaques israéliennes sur le sud du Liban.

"La Résistance islamique a ajouté la nouvelle colonie de Beit Hillel (nord) à sa liste de cibles et l'a bombardée pour la première fois avec des dizaines de roquettes", a indiqué le mouvement pro-iranien dans un communiqué.

Nouveaux raids sur Gaza

Près de dix mois après le début de la guerre à Gaza, l'armée israélienne y poursuit son offensive.

Selon la Défense civile, une frappe israélienne sur un complexe scolaire abritant des déplacés a fait dix morts à Gaza-ville dans le nord du territoire palestinien assiégé, ravagé et menacé de famine selon l'ONU.

L'armée a affirmé que le complexe servait de cachette au Hamas, organisation qui a pris en 2007 le pouvoir à Gaza et est considérée comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.

L'attaque du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1 197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.

L'offensive israélienne à Gaza a fait jusqu'à présent 39 550 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne donne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.

En Israël, des milliers d'Israéliens ont manifesté à Tel-Aviv et dans d'autres villes pour appeler M. Netanyahu à accepter un accord qui permettrait la libération des otages.

Avec Reuters et AFP