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Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a été tué, mercredi, à Téhéran, dans une frappe attribuée à Israël par le mouvement islamiste palestinien et l'Iran. Les deux ont juré de venger sa mort. Alors que la guerre à Gaza ne connait aucun répit, la mort du dirigeant de l'aile politique du Hamas fait craindre à nouveau une extension du conflit.

Alors que le conflit entre le Hamas et Israël à Gaza dure depuis près de 10 mois, la tension s'accroît encore un peu plus dans tout le Moyen-Orient. La mort du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué mercredi 31 juillet à Téhéran dans une frappe imputée à Israël, pourrait renforcer les éléments les plus radicaux du mouvement islamiste palestinien et entraîner des représailles contre Israël.  

Cet événement "pourrait plonger la région dans le chaos et compromettre les perspectives de paix", a déclaré, mercredi, le ministère des Affaires étrangères du Qatar, où le leader du Hamas résidait partiellement. Alors qu'Israël et le Hezbollah se livrent depuis des mois une guerre de basse intensité dans le nord d'Israël et au sud Liban, cet évènement fait à nouveau craindre un embrasement de la région. Quelques heures avant l’annonce de la mort du chef du Hamas, Israël a revendiqué une frappe à Beyrouth visant Fouad Chokr, un haut cadre du Hezbollah libanais. Son corps aurait été retrouvé sous les décombres du bâtiment ciblé, a annoncé une source proche du groupe chiite.

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  • Quelles répercussions sur la région ? 

"L'assassinat", d'Ismaïl Haniyeh, imputé à Israël, "fait passer la guerre à un nouveau niveau et aura d'énormes conséquences pour toute la région", ont déclaré dans un communiqué les Brigades Al-Qassam, la branche armée du Hamas. 

"Même si les acteurs en présence font preuve d’une forme de rationalisation stratégique pour éviter une déflagration régionale globale [...], le danger d’un dérapage demeure", analyse sur France 24 David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques, spécialiste du Moyen-Orient et rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques. 

L’expert rappelle que le risque d’embrasement au Moyen-Orient "prend corps au fil des mois et des semaines", mentionnant le tir de roquette depuis le Liban sur le plateau du Golan, samedi, "qui a entraîné une réplique d’Israël". 

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  • Quelle réaction de l’Iran ? 

En Iran, le président Massoud Pezeshkian a accusé Israël d'avoir tué Ismaïl Haniyeh, venu assister à sa cérémonie d'investiture à Téhéran, et juré de lui faire "regretter" cet "acte lâche". "La République islamique d'Iran défendra son intégrité territoriale, son honneur, sa fierté et sa dignité, et fera regretter aux envahisseurs terroristes leur acte lâche", a-t-il déclaré sur X, en rendant hommage à un "leader courageux". De son côté, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a juré d'infliger un "châtiment sévère" à Israël. 

"Les déclarations du guide suprême soulignent l'affront terrible ressentie par l'Iran, surtout que l'attaque a eu lieu sur son sol", analyse David Rigoulet-Roze. "C’est dangereux, car les Iraniens ne pourront pas ne pas répondre d’une manière ou d’une autre."  

Si les tensions entre l’Iran et Israël sont vives depuis longtemps, elles se sont accrues depuis quelques mois. En avril, l’Iran a riposté à une frappe contre son consulat à Damas en lançant plus de 300 missiles et drones sur Israël, la première attaque directe jamais menée par la République islamique contre le territoire israélien. "On reste dans une logique d’élimination ciblée pour l'instant, il n'y a pas d'élargissement des théâtres [de conflit, NDLR]", note David Rigoulet-Roze. 

  • Quel impact pour le Hamas ? 

La mort d’Ismaïl Haniyeh est un coup dur pour le Hamas et les Palestiniens. Non seulement parce qu'il était censé se trouver en sécurité en Iran, mais aussi parce que le Hamas perd son représentant politique, celui qui, en costume plutôt qu'en treillis militaire, parcourait les capitales arabes pour défendre le mouvement islamiste. Ismaïl Haniyeh était également considéré comme la voix modérée du Hamas. Ancien Premier ministre palestinien, militant du Hamas depuis les années 80 à Gaza, sa disparition est un choc pour la population gazaouie.

"Le Hamas surmontera cette crise", affirme de son côté un cadre du mouvement sous couvert d'anonymat, soulignant qu'Israël a déjà "assassiné de grands dirigeants comme le fondateur du mouvement cheikh Ahmed Yassine, et cela n'a fait qu'accroître la puissance" du groupe. 

Pour succéder à Ismaïl Haniyeh, deux remplaçants potentiels se distinguent aujourd'hui : Moussa Abou Marzouk et Khalil al-Haya. Le premier, haut responsable du bureau politique, est proche des positions du leader assassiné. Considéré comme plus modéré que la branche armée du Hamas, il soutient l'acceptation des frontières de 1967 pour un futur État palestinien, une position controversée au sein du Hamas. Dans les années 1990, il a vécu aux États-Unis, en Jordanie, en Égypte et au Qatar, et a été impliqué dans plusieurs négociations indirectes avec Israël.  

Khalil al-Haya, numéro deux du bureau politique à Gaza, est proche du chef de la branche armée, Yahya Sinouar. En 2006, il dirigeait le bloc parlementaire du Hamas après sa victoire électorale, qui a conduit à des affrontements armés avec le Fatah. Il a perdu plusieurs membres de sa famille lors de frappes israéliennes en 2007. Certains observateurs mentionnent également Khaled Mechaal, prédécesseur d’Ismaïl Haniyeh, comme remplaçant potentiel. Mais la façon dont la succession sera gérée reste floue. 

Avec AFP