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Zelensky affirme que l'aide occidentale insuffisante permet les gains territoriaux russes
Dans un entretien accordé à plusieurs médias français, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a estimé que l'interdiction imposée par les Occidentaux à Kiev de frapper le territoire russe en profondeur et l'aide insuffisante sont la cause des gains territoriaux de la Russie en Ukraine. Il a également affirmé que "le monde entier" souhaitait voir la Russie participer à un prochain sommet de la paix, et a abordé le sujet de son absence aux JO et la présidentielle américaine.

L'interdiction imposée par les Occidentaux à l'Ukraine de frapper le territoire russe en profondeur et le manque d'assistance matérielle sont la cause des gains territoriaux de la Russie en Ukraine ces derniers mois, a accusé, mardi 30 juillet, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans un entretien accordé à plusieurs médias français.

"C'est un défi de taille, le fait qu'on ne puisse pas utiliser les armes (occidentales) comme on en a besoin pour stopper l'ennemi", a-t-il affirmé avant de se désoler également d'une aide insuffisante. "Croyez-vous possible d'arrêter (les Russes) si seulement trois (brigades ukrainiennes) sur 14 sont équipées ?"

Le président ukrainien a par ailleurs qualifié de "demi-mesures" les sanctions imposées à la Russie et à la Biélorussie aux Jeux olympiques de Paris, dénonçant la présence d'athlètes russes sous bannière neutre, quand des centaines de sportifs ukrainiens sont morts depuis le début de l'invasion.

"Chaque pays du monde voit bien que les athlètes sous bannière neutre sont des athlètes de Russie et de Biélorussie. Moi je pense que ces sanctions sont des demi-mesures", a déclaré Volodymyr Zelensky, expliquant en outre son absence à la cérémonie d'ouverture à Paris par la situation "tendue" sur le front Est où l'armée russe progresse.

Le "monde entier" veut la Russie au prochain sommet de la paix

Alors que l'Ukraine a déjà organisé, en juin dernier en Suisse, un sommet pour la paix en Ukraine auquel 90 pays avaient participé, Volodymyr Zelensky a par ailleurs assuré que le "monde entier", dont l'Ukraine, voulaient que la Russie participe à un prochain sommet.

"La majorité du monde dit aujourd'hui que la Russie doit être représentée au second sommet, autrement nous n'arriverons pas à des résultats importants. Comme le monde entier les veut à la table, nous ne pouvons être contre", a-t-il dit.

La Russie avait été exclue du premier sommet, et la Chine, poids lourd diplomatique et proche de Moscou, avait alors refusé d'y participer.

Désormais, l'Ukraine va élaborer un plan d'ici novembre qui doit servir de base à un futur second sommet, alors que le président Vladimir Poutine a lui fixé comme condition à des pourparlers que Kiev lui abandonne les territoires que l'armée russe occupe et renonce à rejoindre l'Otan, autant de revendications inacceptables pour les Ukrainiens et les Occidentaux.

Moscou a dit attendre plus de précisions quant à ce sommet pour se prononcer sur une éventuelle participation, tout en affirmant que le pouvoir en place à Kiev n'était pas un interlocuteur légitime.

Volodymyr Zelensky a aussi appelé la Chine à faire pression sur son allié russe pour mettre fin à la guerre déclenchée par la Russie et qui déchire son pays depuis deux ans et demi, ce que Pékin, en tout cas publiquement, n'a pas fait jusqu'ici.

"Si la Chine le veut, elle peut forcer la Russie à arrêter cette guerre. La Chine appartient au monde et est un État influent", dit-il. "Je ne veux pas d'elle comme d'un médiateur, je veux qu'elle fasse pression sur la Russie", a martelé le président ukrainien.

Selon les Occidentaux, Pékin, en soutenant la Russie économiquement, permet à la machine industrielle russe de faire sa mue vers une économie de guerre en lui fournissant les composants dont manquait Moscou pour ses usines d'armements du fait des sanctions occidentales.

Les autorités chinoises n'ont en outre jamais condamné l'invasion, tout en proclamant leur soutien à l'intégrité territoriale de tous les pays du monde, ce qui inclut donc l'Ukraine.

Biden, Trump, Harris... "Les États-Unis sont un défi aujourd'hui"

S'exprimant également sur la présidentielle américaine, Volodymyr Zelensky a reconnu que l'incertitude s'agissant de l'élection de Kamala Harris ou Donald Trump posait un "risque" pour l'Ukraine, qui compte sur la pérennité du soutien militaire des États-Unis pour faire face à la Russie.

"Nous ne pouvons influencer aucune élection, mais bien sûr les États-Unis sont un défi aujourd'hui. Et il y a des risques que personne d'entre nous ne peut prédire", a-t-il affirmé, ajoutant : "en tant que président de l'Ukraine, je dois avoir un dialogue entre mon équipe et celle de (Joe) Biden, de Trump et maintenant de Harris, nous devons avoir ces contacts pour discuter de quoi le futur pourrait être fait si tel ou tel camp gagne l'élection".

Allié essentiel de l'Ukraine, les États-Unis ont fourni des dizaines de milliards de dollars d'aide militaire et économique à Kiev pour faire face à l'invasion russe, le tout sous l'impulsion du président démocrate Joe Biden, une politique que sa vice-présidente, Kamala Harris, devrait poursuivre si elle était élue en novembre à la Maison Blanche.

Si le camp républicain a tout aussi fermement soutenu Kiev en 2022 et une partie de l'année 2023, un groupe de partisans convaincus de Donald Trump a bloqué pendant des mois l'aide à l'Ukraine fin 2023 et début 2024.

À Kiev et en Europe, nombreux sont ceux qui craignent que cette assistance vitale puisse être remise en cause par le républicain Donald Trump qui a, à plusieurs reprises, affirmé sans plus de précisions qu'il forcera les deux camps à une solution négociée. Il a aussi choisi comme vice-président J.D. Vance, un farouche opposant au soutien à l'Ukraine.

"En tant que président de l'Ukraine, je dois avoir un dialogue entre mon équipe et celle de (Joe) Biden, de Trump et maintenant de Harris, nous devons avoir ces contacts pour discuter de quoi le futur pourrait être fait si tel ou tel camp gagne l'élection", a résumé le président ukrainien.

Pour autant, Volodymyr Zelensky s'est dit certain qu'il y aura toujours "une majorité (...) s'agissant du soutien à l'Ukraine". 

"Cette majorité pèsera sur le Congrès (américain), car ils sont les représentants du public, alors je crois qu'on gardera une majorité au Congrès s'agissant du soutien à l'Ukraine", a-t-il estimé.

Avec AFP