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JO 2024 : en triathlon, quels sont les secrets de l'excellence française ?
Une médaille d'or pour Cassandre Beaugrand et une médaille de bronze pour Léo Bergère : dans la Seine et les rues de Paris, l'équipe de France de triathlon a réparé une anomalie de son histoire olympique. Elle a mis fin mercredi à 24 ans de disette en médailles individuelles. De quoi valider le travail de la fédération française depuis plusieurs années.
JO 2024 : en triathlon, quels sont les secrets de l'excellence française ?

La fin de la malédiction olympique en triathlon. La France a obtenu mercredi 31 juillet sa première médaille individuelle depuis l'introduction de la discipline aux JO de Sidney en 2000. Lors de la course féminine, Cassandre Beaugrand, si malheureuse à Tokyo, a coupé en tête la ligne d'arrivée du parcours parisien et décroché la médaille d'or.

Mieux, cette première médaille individuelle du triathlon été suivie d'une seconde, en bronze, lors de la course des hommes deux heures plus tard. En effet, le report de l'épreuve en raison des niveaux de pollution de la Seine a placé la course masculine juste après celle des femmes, et Léo Bergère en a profité pour monter sur le podium.

Encore plus prometteur, deux autres tricolores terminent au pied du podium : Emma Lombardi et Pierre Le Corre finissent 4es de leurs courses respectives. Une "médaille en chocolat" qu'ils ont pris avec le sourire, se réjouissant des médailles de leurs coéquipiers.

Le zéro pointé en individuel était bien une anomalie de l'histoire, surtout quand l'équipe de France a connu des grands noms tels que Vincent Luis - non sélectionné cette année -, Laurent Vidal ou encore David Hauss, qui avait frôlé le podium à Londres.

"C'est assez historique. Aujourd'hui, le triathlon français a fait quelque chose d'extraordinaire", a ainsi affirmé Léo Bergère. "On vient de concrétiser dix, quinze ans de travail de toute une équipe."

"Des choix difficiles"

Pour Benjamin Maze, ces résultats sont le résultat d'un long processus, étalé sur plusieurs olympiades et qui portent enfin leurs fruits à Paris. "Nous avons mis en œuvre une culture de la performance et de l'exigence depuis 2009", estime le directeur technique national (DTN) de la fédération française de triathlon, qui parle de "choix difficiles" effectués pour en arriver là.

"Pendant des années, nous n'avons pas envoyé de femmes sur les championnats du monde. On ne pouvait pas mettre les moyens à cet endroit-là pour faire une 30e place. On a misé sur l'accompagnement des athlètes pour développer des potentiels. C'est ainsi qu'on a accompagné Cassandre Beugrand, Léonie Périault et désormais Emma Lombardi", explique ce passionné de 39 ans aux lunettes rondes. "On leur a donné les moyens de s'épanouir et d'atteindre le niveau mondial."

Benjamin Maze estime qu'il y a eu également un changement d'approche au sein de sa fédération après les JO de Tokyo : "On se focalise moins sur le résultat que sur le process", assure-t-il.

Deux médailles ? Trois ? Plus ?

En effet, cette année-là, le bronze sur le relais mixte a ouvert grand les appétits de la fédération qui s'enflammait, par la voix de son président Cédric Gosse, disant viser à Paris "deux ou trois médailles. Voire plus…". Présent mercredi aux côtés d'Anne Hidalgo et Thomas Bach, il était le premier à s'époumoner dans la dernière ligne droite de Cassandre Beaugrand.

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Les résultats des dernières années peuvent effectivement prêter à l'optimisme. Vincent Luis (2019, 2020), Léo Bergère (2022) et Dorian Coninx (2023) ont raflé quatre des cinq derniers titres de champion du monde.

Les Français ont réalisé un triplé inédit chez les hommes aux championnats d'Europe 2022 et placé quatre représentants sur les deux podiums du circuit mondial l'an dernier (Coninx et Bergère chez les hommes, Beaugrand et Lombardi chez les femmes).

Conséquence : la France était la seule nation avec l'Allemagne à avoir qualifié six athlètes sur six possibles pour les deux courses individuelles.

Solidarité entre triathlètes

Dernier élément que le DTN aime mettre en avant, c'est la camaraderie qui règne entre les différents membres de l'équipe de France : "Hommes, femmes, olympiques, paralympiques… Nous sommes une seule discipline", affirme-t-il.

Preuve de cette solidarité, Léo Bergère et Pierre Le Corre ont longtemps mené la chasse ensemble derrière les favoris Alex Yee et Hayden Wilde. Des prises de relais qui ont contribué à sécuriser la médaille de bronze, le reste des poursuivants ayant dû lâcher devant le train imposé par les deux tricolores.

"Je suis content pour Léo et content de finir quatrième. On l'a joué collectif. Il valait mieux viser la médaille, voire les médailles, car on a cru pouvoir reprendre le deuxième. Et Léo a été plus fort", indique Pierre Le Corre, drapeau breton autour du cou et pas plus peiné que ça par sa médaille en chocolat. "J'aurais peut-être ma médaille sur le relais mixte."

Un relais mixte prévu lundi, si les conditions sont réunies pour se baigner dans la Seine. Et avec de tels résultats, la France sera attendue. Mais Benjamin Maze refuse de parler de médaille d'or obligatoire, fidèle à son credo de "processus avant le résultat" : "L'objectif sera avant tout de peser sur la course."

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