Douche froide dans la salle archicomble de l'Arena Champ-de-Mars. Alors que les supporters français étaient venus en nombre, mardi 30 juillet, pour assister au nouveau sacre de Clarisse Agbégnénou, la championne olympique en titre des moins de 63 kilos n'a récolté que la médaille de bronze, sa quatrième breloque depuis ses débuts aux Jeux de Rio en 2016. 

Un tournoi olympique en demi-teinte

Clarisse Agbégnénou avait remporté dans la douleur le matin son premier combat des Jeux de Paris face à l'Israélienne Gili Shari. Il lui a fallu près de 6 min 58, soit presque trois minutes de prolongation, pour venir à bout de son adversaire de 24 ans, qui a pour meilleur résultat international une victoire au Grand Chelem de Paris 2023.

Toujours dans la difficulté, elle avait ensuite éliminé en huitième la Brésilienne de 36 ans Ketleyn Quadros, médaillée de bronze à Pékin-2008, sur un waza-ari alors qu'il ne restait que quatre secondes avant la prolongation.

En demi-finale, elle a finalement été battue par la coriace slovène Andreja Leski, double médaillée d'argent mondiale. Alors qu'elle semblait contrôler le match, la Française s'est faite retournée sur le flanc à 15 secondes de la fin du combat. Une action qui, après arbitrage vidéo, a valu waza-ari pour son adversaire.

Pour ne pas repartir bredouille, Clarisse Agbégnénou a réussi à se remobiliser pour décrocher le bronze dans la petite finale face à l'Autrichienne Lubjana Piovesana

Maman et championne

Après deux titres olympiques remportés à Tokyo en 2021 en individuel et par équipes, elle avait décidé en plein sommet de sa carrière sportive de prendre une pause pour devenir mère en 2022. Onze mois après la naissance de sa fille Athéna, Clarisse Agbégnénou avait époustouflé la planète judo en remportant son sixième titre mondial.

Ce retour à la compétition n'a pourtant pas été des plus simples. "Mon physique était totalement différent. Cela a été quand même très dur. Je me disais parfois que j’avais peut-être vu trop haut et trop loin", avait-elle expliqué à France 24 lors de la journée média de l’équipe de France de Judo, organisée en juin 2024 au siège de la fédération.

La championne a aussi été confrontée à des problèmes d’organisation. Désireuse de continuer à allaiter sa fille après sa reprise, elle a tout fait pour imposer son choix. Certainement en raison de son palmarès (six titres de championne du monde et cinq titres de championne d’Europe) et de sa notoriété, elle a su se faire entendre. La sportive a même reçu une aide financière de l’Agence nationale du sport qui lui permet d’avoir un accompagnant sur chaque compétition et à chaque stage pour s’occuper de sa fille.

La judokate a même fait bouger les lignes au sein de la Fédération internationale de judo en obtenant l’autorisation – inédite jusque-là – d’avoir son enfant en salle d’échauffement lors des différents tournois. Pour elle, il est hors de question d’en être séparée : "C’est mon antistress", résume-t-elle. "Du moment qu’elle ne tombe pas, qu’elle ne se fracasse pas le crâne le jour de la compétition et qu’elle est en bonne santé, tout va bien pour moi."

Lors des Jeux de Paris, la judokate a demandé à ce que sa fille soit autorisée à dormir avec elle au village olympique où la présence des enfants est interdite. Sa demande n'a pas été entendue, mais elle a pu obtenir de la rejoindre le soir dans un hôtel tout proche.

C'est devant les yeux d'Athéna que Clarisse Agbégnénou a donné le meilleur d'elle même lors du tournoi olympique, mais cela n'a pas suffit pour monter sur la plus haute marche du podium. La championne a l'occasion de se rattraper samedi lors du tournoi par équipes. Déjà médaillée en or à Tokyo avec ses coéquipiers tricolores, elle pourrait glaner un 3e titre olympique et une cinquième médaille.