Parfois, le judo est cruel ! Le travail et les sacrifices de plusieurs années pour réaliser son rêve d'être présent aux Jeux olympiques peuvent se terminer par un combat perdu de 3 min 31 secondes. C'est malheureusement ce qui s'est passé pour le judoka franco-béninois Valentin Houinato, défait après un Seoi-nage, une technique de projection, et une immobilisation.
"Le sentiment est ambivalent. Il y a de la déception mais aussi de la fierté car maintenant je peux réaliser tout ce qui s'est passé", résume le judoka, encore ému, après son unique combat contre l'Italien Antonio Esposito.
"Sur le papier, face au 13e mondial, je pars perdant. Mais on avait bien préparé avec mon entraîneur. Je me sentais bien. Je fais une erreur debout mais je ne panique pas. Je savais qu'il y avait mieux à faire face à lui et sur le tour d'après", analyse-t-il à chaud. "Ils ont cette expérience du très haut niveau que je n'ai pas encore. Aux Jeux Olympiques, il faut savoir être présent le jour J."
Une année 2024 compliquée
Nous avions rencontré Valentin Houinato en mars 2024. Il nous confiait alors son rêve de disputer les Jeux chez lui à Paris et sa quête effréné pour y parvenir, contraint de jongler entre ses contraintes professionnelles et son rêve sportif. Un parcours qui a été plus semé d'embûches que prévu.
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Accepter Gérer mes choix"Autant en 2023, tout allait bien. En 2024, c'était compliqué. Je ne sais pas si c'est l'approche des Jeux qui a joué mais je me suis pété le coude, le genou qui était déjà fragile. Ensuite, j'ai fait une contre-performance aux championnats d'Afrique [éliminé au 1er tour alors qu'il était dans les favoris pour le titre, nldr]. Elle était franchement dégueulasse cette année", détaille-t-il. "Mes entraîneurs ont réussi à me faire tourner la page. J'ai réussi à arriver ici avec juste la pression qu'il fallait. J'étais bien. Tout était réuni pour que ça fonctionne…"
"C'était fou"
Malgré la déception, Valentin Hounato a eu le temps de profiter un peu de l'ambiance olympique, en défilant notamment sur la Seine lors de la cérémonie d'ouverture en tant que porte-drapeau du Bénin : "J'ai passé les premiers jours au village olympique pour essayer de réaliser. Ce matin, c'était un jour de compèt', donc j'étais à fond dedans. Bizarrement, c'est après le salut que j'ai le plus profité. Ces cinq secondes où j'ai vu le public debout pour m'applaudir moi. C'était fou !", raconte-il.
C'est d'ailleurs ce que Valentin Houinato va retenir de sa compétition. La chaude ambiance qui a présidé son combat dans l'Arena Champ-de-Mars, qu'il compare aux finales des Français auxquels il a pu assister ces derniers jours.
"La salle est petite mais elle fait un bruit dingue. En rentrant sur le tapis, je me suis dit que c'étaient mes potes qui criaient fort. Mais non ! Pendant le combat, j'ai entendu la salle, ça m'a donné un coup de boost sur une reprise", explique-t-il, en rejouant la scène dans sa tête. "Il n'y a pas de mots pour décrire ce que j'ai vécu. Ca n'éclipse pas la défaite mais ça fait tellement chaud au cœur de se dire qu'on n'a pas fait tout ça pour rien. Merci le public !"
Son regret sera simplement que ces JO à domicile, une occasion unique dans une vie, s'achèvent si vite.
Direction Los Angeles ?
Ce compétiteur dans l'âme est déjà prêt pour la suite : "On va se servir de ce que j'ai vécu et repartir. Je ne m'arrête pas là !"
Avant ça, il veut tout de même prendre du recul, prendre le temps de remercier tout ses proches qui l'ont soutenu et soigner les blessures qu'il traîne depuis de trop longs mois. Il veut notamment rendre visite à ses grands-parents en Vendée (ouest de la France), son refuge secret.
Et ensuite ? Objectif Los Angeles 2028 : "Sur la route, il y aura quatre championnats d'Afrique, quatre championnats du monde, des Grand Chelem. Je veux en faire le maximum pour intégrer le top 20 mondial."