Une longue ligne droite bleue pour savourer. Des longues embrassades avec ses proches, son équipe mais aussi ses adversaires croisées tout au long de sa longue carrière. Les larmes, aussi. D'abord derrière les lunettes de soleil puis au moment de monter sur la plus haute marche du podium de l'épreuve de VTT des JO 2024.
Pauline Ferrand-Prévot ne se remet de l'après-midi qu'elle a vécu à la colline d'Élancourt. Pressée par des journalistes du monde entier, elle est régulièrement contrainte de s'interrompre – tantôt en raison de l'émotion qui remonte, tantôt en raison des chants d'un public survolté, même plus d'une heure avant la fin de la course. "Regardez, c'est mon père qui fait le chef d'orchestre", montre-t-elle, un grand sourire aux lèvres.
Vous parliez de la course d'une vie. Et désormais ?
C'est la victoire d'une vie. La journée et la course étaient parfaites. C'était comme sur les dernières Coupes du monde où j'étais en mode robot. Je voulais faire le premier tour, voir comment étaient mes adversaires. Et j'ai vu que j'étais dans une journée incroyable. J'ai fait les montées à fond, les descentes de manière très propre. J'avais à cœur de ne pas montrer mes émotions car il fallait que je me concentre sur moi et que je ne me laisse pas perturber.
Comment vous avez vécu la matinée ?
C'était long d'attendre cette course. Je me sentais prête. J'ai essayé de faire comme si c'était une course normale, une étape de coupe du Monde normal. J'ai pris mon petit déjeuner, fait un petit tour de vélo. Comme si c'était une journée comme les autres.
Qu'est ce que ça vous fait de sortir de cette bulle que vous vous étiez imposé ?
Ça va faire du bien. J'avais hâte de revivre normalement. Je vais pouvoir profiter de cette semaine, profiter de ce que j'ai envie de faire.
Et maintenant ?
Je vais arrêter le VTT d'ici la fin de l'année. Je ne me vois pas continuer les entraînements sur quatre ans pour des Jeux. Je vais revenir sur la route. Je dois changer d'équipe. L'annonce surviendra mi-août et je me préparerai pour gagner le Tour de France Femmes.
Quoi qu'il arrive, il me fallait un objectif derrière car je me préparais pour les JO depuis des années. Si d'un seul coup il n'y a plus rien, ce sera dur mentalement. Donc je serai aux Mondiaux en Andorre pour défendre mon titre. Cela bouclera la boucle, c'est là-bas que j'avais conquis le premier. Mais ce sera sans pression car je dois récupérer physiquement et mentalement.