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Georges Frêche brocardé de toutes parts après ses propos sur Fabius

Le Parti socialiste condamne fermement les propos de Georges Frêche sur Laurent Fabius, les qualifiant d'antisémites. Le président de la Région Languedoc-Roussillon a déclaré que l'ancien Premier ministre avait "une tronche pas catholique".

REUTERS - Les propos de Georges Frêche sur Laurent Fabius, qui aurait une "tronche pas catholique", plongent de nouveau le Parti socialiste dans l'embarras et provoquent un tollé à gauche comme à droite.

La majorité a mis en demeure le PS d'investir une liste alternative pour les élections régionales de mars face au président sortant de Languedoc-Roussillon - une solution réclamée par un nombre grandissant de dirigeants socialistes.
Suspendu du PS depuis 2007 pour des dérapages verbaux, Georges Frêche n'a pas été officiellement investi par le PS et part à la bataille sous l'étiquette divers gauche.

En octobre, les militants locaux ont approuvé la candidature d'un de ses proches, qui lui a cédé la place, et la direction du parti a choisi de ne pas présenter de liste contre lui.

Le PS espère réaliser le "grand chelem" aux élections régionales en remportant la victoire dans les 22 régions métropolitaines et, en cas de victoire de Georges Frêche, le Languedoc-Roussillon devait être comptabilisé dans le nombre.

Coutumier des déclarations fracassantes - sur les harkis, les joueurs noirs de l'équipe de France de football ou plus récemment sur le rôle des protestants pendant la Seconde Guerre mondiale - Georges Frêche explique dans L'Express paru jeudi que voter pour Laurent Fabius lui "poserait un problème".

"Il a une tronche pas catholique", dit-il, dans une allusion transparente, selon ses accusateurs, aux origines juives de l'ancien Premier ministre socialiste, qui n'a pas réagi officiellement à ces propos.

Le président de Languedoc-Rousillon fait une mise au point jeudi dans un communiqué. Se défendant de tout antisémitisme, il explique avoir choisi une "expression populaire utilisée par tous les Français depuis des siècles".

"A Paris, se servir de mes propos, les déformer à dessein, devient la principale occupation de certains dirigeants en panne d'idées", ajoute Georges Frêche.

Pour le Premier secrétaire du PS, Martine Aubry, ses déclarations sont "indignes d'un élu de la République et constituent une insulte aux valeurs de la gauche".

AUBRY AU PIED DU MUR

La maire de Lille, qu'un de ses proches dit "en rage", précise dans un communiqué qu'elle saisira le bureau national du parti, son instance exécutive, mardi prochain pour "décider des suites à leur donner".

Claude Bartolone, un proche de Laurent Fabius, a réagi en estimant qu'il fallait une liste alternative en Languedoc-Roussillon. "Pas une seul socialiste ne doit figurer sur la liste" conduite par Georges Frêche, a-t-il dit à Reuters.

"Il faut faire bien attention et adopter une conduite qui correspond au message porté par Martine Aubry qui est que le PS a changé", a ajouté le député de Seine-Saint-Denis.

Le député Manuel Valls a estimé sur France Info qu'"après ce type de provocation, le risque de perdre une région (n'était) rien par rapport au risque de perdre l'essentiel, nos valeurs et notre âme".

Pour Europe Ecologie, qui a refusé tout rapprochement avec le PS en Languedoc-Roussillon si ce dernier soutenait, même indirectement, Georges Frêche, "ces propos aux relents nauséabonds sont inadmissibles".

Le mouvement appelle "toutes les organisations de la gauche véritable, c'est-à-dire sans concession avec le racisme et l'antisémitisme, (...) à réagir sans tarder".

Avant même ce nouvel éclat de Georges Frêche, la gauche de la gauche avait annoncé la tenue d'un "meeting anti-Frêche" vendredi à Montpellier, auquel participeront Marie-George Buffet (PCF) et Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche).

Pour la majorité, Martine Aubry et le PS sont au pied du mur et doivent "mettre en accord leurs actes et leurs paroles".

Si le PS n'investit pas une nouvelle liste, "quel que soit le résultat des régionales, on pourra dire que le Parti socialiste les a perdues moralement", a prévenu le ministre de la Défense, Hervé Morin, sur LCI.

Sur Canal+, le député UMP Eric Raoult a dit avoir "découvert un Le Pen de gauche" avec Georges Frêche. Selon lui, Martine Aubry joue sa crédibilité de présidentiable dans cette affaire.