Paris a-t-il détrôné Londres pour le titre de plus belle ouverture des JO ? En faisant le pari risqué d'organiser la première cérémonie en dehors d'un stade, les Jeux de Paris ont ouvert le débat, tant le show de quatre heures proposé par Thomas Jolly et ses équipes ont régalé la foule, présente et enthousiaste, malgré la pluie qui n'a - presque - pas gaché le spectacle.
Le directeur créatif de la cérémonie a su tirer parti de l'écrin grandiose que le comité d'organisation s'était choisi : la Seine, cœur vivant de Paris, et les bâtiments qui bordent le fleuve. Thomas Jolly avait promis des tableaux qui racontent un pays riche de sa "diversité", "inclusif", "non pas une France mais plusieurs France", célébrant "le monde entier réuni".
Loin du roman national et des clichés façons "Emily in Paris" qui avaient fait polémique à la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde de rugby, celle des JO a su mêler protocole solennel, performances artistiques et émotions entre rires, larmes et joie frénétique.
Voici la liste non exhaustive des moments qui nous ont captivés.
Jamel Debbouze et Zinedine Zidane, premiers visages de la cérémonie
Thomas Jolly a fait le choix de lancer la cérémonie sur une note humoristique. Dans un clip vidéo, l'humoriste et acteur Jamel Debbouze arrive dans un stade de France désert avec la flamme olympique. La boulette ! Pour la première fois, la cérémonie n'a pas lieu dans un stade !
Zinedine Zidane apparaît alors sous les applaudissements du public du Trocadéro. Un beau clin d'œil : les deux hommes avaient partagé une scène dans le film... " Asterix aux Jeux olympiques !
Zizou s'improvise alors sauveur de la cérémonie et prend la flamme des mains de Jamel. S'ensuit alors une course folle dans un Paris de carte postale surréaliste, façon "Amélie Poulain". Jusqu'à ce qu'il soit - logique - bloqué dans le métro… Symboliquement, il transmet la flamme à de jeunes enfants qui s'enfoncent dans les entrailles de Paris. En traversant les catacombes, ils sont recueillis par une figure mystérieuse : un personnage masqué, fil rouge de la cérémonie. Une figure inspirée sûrement du jeu vidéo "Assassin's Creed", le saga vidéoludique de l'éditeur français Ubisoft, qui avait fait escale à Paris dans son épisode "Unity", sorti en 2014.
Lady Gaga lance le show
Le premier tableau de la cérémonie a sorti directement l'artillerie lourde. La superstar pop américaine Lady Gaga, en mode French Cancan, a repris avec brio "Mon truc en plumes" de Zizi Jeanmaire, star du music-hall français décédée en 2020.
Un choc des cultures, mais il faut avouer que Lady Gaga a parfaitement réussi à envoyer des "French vibes", pour reprendre l'expression d'une collègue américaine. Rien d'étonnant : en 2018, elle interprétait déjà "La vie en rose", standard d'Édith Piaf, dans le film "A star is born".
Gojira et Marina Viotti : métal, lyrisme... et décapitation !
Faire s'entrechoquer les cultures était le leitmotiv de la cérémonie. Nouvel exemple avec une ode à la Révolution française mélangeant le rock métal de Gojira au chant lyrique de Marina Viotti. L'improbable association interprète "Ah ! Ca ira", ode de la Révolution française. Le tout sans occulter la violence de la période, avec l'image saisissante d'une Marie-Antoinette à la tête coupée à la fenêtre de la Conciergerie, là-même où elle fut emprisonnée il y a plus de 200 ans.
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Accepter Gérer mes choixAya Nakamura frappe f(or)t
"Haters gonna hate !", diront nos amis anglo-saxons. La chanteuse Franco-Malienne Aya Nakamura était bien de la partie, malgré les protestations nauséabondes de l'extrême droite lorsque sa présence avait filtré en mars dernier.
Sur le pont des Arts, devant le prestigieux Institut de France, l'artiste francophone la plus écoutée au monde a livré sa performance, accompagnée de danseuses... et de la Garde républicaine dans une séquence rendant hommage au métissage et au mélange des genres. Tout d'or vêtue, Aya Nakamura a repris ses deux titres les plus connus, "Pookie" et "Djadja", avant d'interpréter "For me Formidable" de Charles Aznavour, une des voix françaises les plus connues à l'international. Un bel hommage au "chanteur préféré des rappeurs".
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Accepter Gérer mes choixLes Minions volent la Joconde
Imaginés par un dessinateur français, les célèbres Minions étaient également de la partie, prouvant une fois de plus que Thomas Jolly voulait brasser le maximum de culture. Dans leur sous-marin navigant dans la Seine, les petits monstres jaunes enchaînent les bêtises, à commencer par le vol de la Joconde.
Gymnastique, haltérophilie, saut à la perche, boxe... Bon nombre de disciplines olympiques ont été détournées par les facétieux personnages. Jusqu'à un lancer de javelot qui tourne mal, faisant couler le sous-marin.
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Accepter Gérer mes choixSororité : que les femmes prennent la place qui leur est due dans l'Histoire
Au niveau du Pont Alexandre-III, un hommage appuyé et - encore - émouvant a été rendu à dix grandes figures féminines de l'Histoire de France, à commencer par Olympe de Gouges, femme politique qui a notamment rédigé la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791.
Sportive de haut niveau dans l'entre-deux-guerres, Alice Milliat a organisé en 1922 les premiers Jeux mondiaux féminins. Son engagement a permis une plus grande présence des femmes aux JO.
Avec Gisèle Halimi, avocate et femme politique, et Simone Veil, rescapée des camps de concentration et ministre de la Santé, c'est la lutte pour les droits des femmes et notamment l'accès à l'interruption volontaire de grossesse ou la légalisation de l'avortement, qui a été mise à l'honneur.
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Accepter Gérer mes choixBanquet gaulois ou Cène drag queen ?
Vers son milieu, la cérémonie et son long cortège de bateaux a un peu patiné. La faute à la pluie, invitée surprise sans gêne qui a sans doute empêché quelques parties du spectacle de se dérouler comme prévu. Et dans ce cas, même Matthias Dandois, déguisé en Général de Gaulle, doit composer avec les éléments, tout nonuple champion de BMX qu'il est.
Heureusement, le passage à l'écran du Team USA puis de la délégation française a réveillé tout le monde. Un tonnerre d'applaudissements qui a lancé la surenchère constante de la dernière partie du spectacle. Avec une playlist qu'on pourrait qualifier d'éclectique, tant elle rappelait à tout bon Français n'importe quelle soirée de sa jeunesse... quel que soit l'âge !
En parallèle de la machine à tubes franchouillards, ce sont des drag queens qui ont pris la lumière en défilant sur la table du banquet gaulois dressé sur la passerelle Debilly, à deux pas de la Tour Eiffel. Encore une fois, la cérémonie aura été une ode à toutes les origines, toutes les identités et toutes les cultures : une France qui accueille le monde.
Clou du spectacle de cette Cène drag queen, un Philippe Katerine déguisé en Dionysos dénudé... et bleu ! L'extra-terrestre de la chanson française a interprété son tube "Nu". Si le monde ne connaissait pas encore Philippe Katerine, c'est désormais une erreur de l'Histoire réparée.
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Accepter Gérer mes choixDes toits de Paris au cheval blanc
La figure mystérieuse qui a recueilli les enfants dans la première scène a poursuivi son parcours tout au long du spectacle. Une figure au nom de code "Zorro" lors des répétitions, mais qui convoquait tout un imaginaire français : le fantôme de l'opéra, Belphégor ou Assassin's Creed.
L'acteur qui l'incarne a en tout cas multiplié les cascades : courses folles sur les toits de Paris, figures de breaking... avant d'abandonner la course à pied pour un cheval blanc mécanique et remonter la Seine. Il a finalement fait une apparition majestueuse au Trocadéro, apportant le drapeau olympique, suivi de 206 volontaires, portant les 206 drapeaux des délégations olympiques présentes.
Au final, ce mystérieux personnage masqué n’a jamais découvert son visage... laissant libre cours à l’imagination du milliard de téléspectateurs attendus.
Zidane, Nadal, Riner, Parker, Mauresmo... Un bouquet final
La fin de la cérémonie a vu le retour de Zinedine Zidane. Après le clip du début, le numéro 10 préféré des Français est désormais bien présent pour porter la flamme olympique. "Zizou ! Zizou ! Zizou !", chante alors le public. Est-il le dernier relayeur ? Non ! Il transmet la flamme à Rafael Nadal, champion olympique 2008 mais surtout vainqueur 14 fois de l'Open de France à Roland-Garros.
La première transmission d'un relais en forme de bouquet final jusqu'aux Tuileries : les légendes Serena Williams (tennis), Carl Lewis (athlétisme) et Nadia Comaneci (gymnastique) accompagnent d'abord "Rafa" dans un bateau sur la Seine. La torche est alors remise à Amélie Mauresmo, puis Tony Parker. Michaël Guigou, Allison Pineau, David Douillet, Clarisse Agbégnénou, Alain Bernard, Laure Manaudou, Renaud Lavillenie, Laura Flessel... Que des stars françaises qui ont bâti l'intérêt de l'auteur de ces lignes pour l'olympisme depuis les JO de Sidney !
Le relais n'oublie pas la grande histoire de l'olympisme français puisque s'y adjoignent Florian Rousseau, Jean-François Lamour, Félicia Ballanger ou encore Charles Coste, le plus vieux médaillé français encore en vie. Le mouvement paralympique n'est pas oublié avec Alexis Hanquinquant, Nantenin Keïta et Marie-Amélie Le Fur.
Teddy Rinner et Marie-José Pérec ont ensuite allumé ensemble la vasque olympique. Le secret le mieux gardé des JO était à la hauteur des attentes.
Céline Dion chante "l'hymne à l'amour"
Céline Dion, plus forte que la maladie pour chanter depuis la tour Eiffel au terme d'une cérémonie d'ouverture qui a eu la Seine pour décor. Comment ne pas être ému ? Atteinte du syndrome de la personne raide (SPR), elle n'avait plus chanté en live depuis 2020. La Canadienne préférée de Français a pourtant réussi a entonner "L'hymne à l'amour" d'Édith Piaf depuis le premier étage de la tour Eiffel, pour des images qui vont faire le tour du monde.
C'est sa deuxième cérémonie d'ouverture, après les JO d'Atlanta en 1996. Mais c'est cette séquence qui restera dans l'Histoire. Céline avait les larmes aux yeux en interprétant le morceau. Elle n'était pas la seule.