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Chasse à la baleine : l’arrestation du marin militant Paul Watson au Groenland fait des vagues
Surnommé le pirate des océans, ou Capitaine Watson, le militant écologiste a été arrêté dimanche au Groenland. Le marin fait l'objet d'une demande d'extradition de la part du Japon. Une tribune de personnalités françaises ainsi qu'une pétition demandent l'intervention du président Emmanuel Macron auprès du Danemark. Pour l'heure, Paul Watson risque d'être détenu jusqu'au 15 août. Retour sur une drôle d'histoire de marin.

La dépêche est tombée dans la matinée de lundi : "Le militant écologiste canadien Paul Watson a été arrêté dimanche sur son navire qui venait d'accoster à Nuuk, capitale du Groenland, pour se ravitailler en carburant en vue d'"intercepter" le nouveau navire-usine baleinier du Japon dans le Pacifique Nord, a indiqué la Fondation du capitaine Paul Watson (CPWF) dans un communiqué."

L’information aurait pu en rester là, jusqu’à la tribune relayée notamment par le site du journal Libération, cosignée par nombre de personnalités françaises, à la tête desquelles Brigitte Bardot, Pierre Niney ou encore le journaliste Hugo Clément, spécialiste de l’environnement, et liée à une pétition, qui comptait 450 000 signataires mercredi matin. De son côté, le mot-dièse #FreePaulWatson a commencé à se répandre sur les réseaux sociaux.

La tribune en appelle à l’autorité du président français pour demander au Danemark la libération du marin-militant. Le Groenland est un territoire sous souveraineté danoise depuis le XIXe siècle.

"Nous demandons au président de la République, Emmanuel Macron, de contacter la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, pour exiger la libération immédiate de Paul Watson. Monsieur le Président, nous comptons sur vous !"

L’actrice Brigitte Bardot, défenseure des animaux et amie du capitaine écologiste, dénonce un piège et une chasse à l’homme.

Mais pourquoi un militant écologiste de 73 ans qui a consacré sa vie à la protection des océans et des cétacés est-il arrêté ainsi par les autorités danoises ?

C’est une notice rouge d’Interpol datant de 2012 qui a servi de levier. Celle-ci stipule qu’en 2010, les activités de Paul Watson à l’encontre d’un baleinier japonais dans les eaux de l’Antarctique ont causé des "dommages et des blessures", au cours de deux incidents.

La notice rouge semblait levée, et le marin-militant avoir baissé la garde : il préparait des actions et des batailles diverses.

Un baleinier monumental

La nouvelle cible du capitaine Watson et de Sea Shepherd ? Un bateau-usine, un baleinier japonais monumental – 100 mètres de long, 9 300 tonnes, avec systèmes réfrigérants permettant le conditionnement et le stockage de la viande de baleine à son bord –, le "Kangei Maru", entré en activité en mai 2024. Ce navire est le symbole du renouveau industriel en matière de chasse à la baleine, touchant à la fois aux questions d’identité culturelle, d’autosuffisance alimentaire et de souveraineté nationale.

La chasse à la baleine est interdite dans le monde depuis un moratoire datant de 1986 signé sous la houlette de la CBI (commission baleinière internationale). Seuls trois pays continuent cette chasse : l’Islande, la Norvège et le Japon. 

Cette chasse au cétacé est revendiquée comme ancestrale au pays du soleil levant, mais c’est seulement au milieu du XXe siècle que l’activité s’est développée de manière industrielle. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la baleine constituait 45 % de la viande consommée. Mais depuis les années 1960, la consommation annuelle s'est effondrée, passant de 200 000 tonnes à 2 000 tonnes. En 2012, une étude révèle que 88,8 % des Japonais n’ont pas consommé de viande de baleine dans l’année. Seuls 11,2 % d'entre eux seraient donc concernés. En 2015, une autre étude ramène la consommation de cette viande au Japon à 40g/jour/habitant. 

Le soutien d'Emmanuel Macron

Que reproche-t-on à Paul Watson ? Muriel Oriol, responsable de l’association de sensibilisation à l’environnement marin, SOS Grand Bleu, qui rappelle que son association a soutenu par le passé l’action de Paul Watson, notamment en mer Méditerranée, répond : "Les méthodes utilisées sans doute. C’est du ‘bateau contre bateau’, c’est vrai que ça peut être dangereux pour des vies humaines." "Il faut des lois. Mais ses actions fortes, qui font réagir, contrastent avec certains manques. Les lois (de protection, ndlr) et les contrôles en mer sont très insuffisants", poursuit-elle en listant les autres dangers liés à la pollution qui menacent les cétacés – trafic maritime, filets, pollutions sonore, chimique et plastique.

Lui reprocherait-on d’avoir mis en danger la vie d’autrui ? Un ancien collaborateur (qui a requis l’anonymat) de Paul Watson à Sea Shepherd raconte un passionné des mammifères marins, tombé sous le charme au tout début de sa carrière, en 1975, des yeux d’un cachalot mourant, une “sorte de masse calme très impressionnante” ; un homme féru d’histoire, poète à ses heures, qui, surtout, ne mettrait jamais la vie d’autrui en danger “contrairement à d’autres ONG maritimes”. 

En milieu de journée, Sea Shepherd annonçait par un tweet que le président Emmanuel Macron venait de se saisir du dossier du capitaine résident en France, et que la diplomatie française était à l’œuvre.

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Emmanuel Macron "suit la situation de près" et "intervient auprès des autorités danoises" pour éviter l'extradition vers le Japon du militant anti-chasse à la baleine Paul Watson, a indiqué mardi l'Élysée.

Une cour de justice danoise doit statuer sur son maintien en détention le 15 août. 

Avec AFP