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La Knesset adopte une résolution contre la création d'un État palestinien, "consternation" de Paris
Le Parlement israélien a adopté dans la nuit de mercredi à jeudi une résolution s'opposant à "la création d'un État palestinien", à quelques jours d'une visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Washington. La France a exprimé "sa consternation", soulignant que cette décision était "en contradiction avec les résolutions adoptées au Conseil de sécurité des Nations unies".

Le parlement israélien a adopté une résolution contre la création d'un État palestinien, suscitant jeudi 18 juillet des critiques à l'international, au moment où Israël frappe sans relâche la bande de Gaza malgré les appels à un cessez-le-feu.

Au dixième mois de guerre dans le territoire palestinien, déclenchée le 7 octobre par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël, la résolution, symbolique, adoptée par la Knesset, "s'oppose fermement à la création d'un État palestinien à l'ouest du Jourdain" c'est-à-dire en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, ou dans la bande de Gaza.

"La création d'un État palestinien au cœur de la terre d'Israël constituera un danger existentiel pour l'État d'Israël", stipule la résolution votée avant une visite à Washington du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui s'exprimera le 24 juillet devant le Congrès. Il doit, selon la Maison Blanche, rencontrer le président Joe Biden si ce dernier est remis du Covid-19.

Dans la bande de Gaza dévastée et assiégée par Israël, le ministère de la Santé du Hamas a fait état d'au moins 37 morts, dont plus de la moitié des femmes et des enfants, dans des frappes israéliennes contre les camps de Nousseirat et al-Bureij (centre) ainsi qu'à Khan Younès (sud) et Rafah et à Jabalia (nord).

"Nous regardons nos enfants mourir et nous nous réveillons et dormons dans la peur", se lamente sur les décombres de son habitation une Palestinienne, qui dit à l'AFP avoir perdu sa fille, ses petits-enfants et son gendre dans une frappe dans le secteur de Deir-Al-Balah (centre).

L'armée a affirmé avoir "éliminé" le commandant des forces navales du Jihad islamique, dans la ville de Gaza, et un autre combattant de ce groupe armé allié du Hamas, ayant "participé au massacre" du 7 octobre. Elle a indiqué avoir "éliminé plusieurs terroristes" à Rafah.

"Augmenter encore la pression"

"C'est le moment d'augmenter encore la pression" sur le Hamas, a dit mardi Benjamin Netanyahu, qui veut poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme terroriste par les États-Unis, l'Union européenne et Israël, et la libération de tous les otages.

Benjamin Netanyahu fait face dans son pays à de vives critiques pour l'absence d'accord permettant la libération des otages. Mercredi, des centaines de proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté à Tel-Aviv.

Il est aussi sous pression de ses alliés d'extrême droite. Dans une vidéo tournée sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a mis en garde contre "un accord de capitulation".

"Le bain de sang à Gaza doit cesser immédiatement", a pour sa part lancé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, appelant à "un cessez-le-feu immédiat et durable" et "la libération des otages israéliens".

La Knesset adopte une résolution contre la création d'un État palestinien, "consternation" de Paris

"Consternation" de Paris

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres est "très déçu" par le vote de la Knesset, a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric, pour qui "on ne peut pas rejeter par un vote la solution à deux États", "le seul chemin viable" selon lui pour solder le conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies.

La France a exprimé sa "consternation" après le vote de la Knesset, "en contradiction avec les résolutions adoptées au Conseil de sécurité de l'ONU". L'Égypte et la Jordanie ont condamné ce vote.

La communauté internationale est favorable à la solution de deux États, palestinien et israélien, pour un règlement du conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies.

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La guerre a plongé le territoire palestinien dans un désastre humanitaire et sanitaire, avec plus de la moitié de ses 2,4 millions d'habitants déplacés et manquant de tout. Les organisations humanitaires ne cessent de dénoncer la multiplication des frappes et les obstacles mis par Israël aux livraisons humanitaires.

"Le très grand nombre de victimes (...) a poussé jusqu'au point de rupture" les établissements de santé dans le sud de Gaza, a souligné le Comité international de la Croix-Rouge.

L'ONG Oxfam a dénoncé "l'utilisation par Israël de l'eau comme arme de guerre". "La coupure par Israël de l'accès à l'eau, la destruction systématique des installations et l'obstruction délibérée de l'accès à l'aide ont réduit la quantité d'eau disponible à Gaza de 94 %, à 4,74 litres par jour et par personne, soit moins du tiers de la quantité minimum recommandée dans les situations d'urgence."

Amnesty International a elle exhorté Israël à cesser de placer "au secret" des Palestiniens de Gaza et de les soumettre à une "torture généralisée" dans ses geôles. L'armée israélienne rejette "catégoriquement les allégations concernant des maltraitances systématiques de détenus".

Alors que le système de santé est exsangue à Gaza selon les organisations internationales, Benjamin Netanyahu a annulé un ordre donné par son ministre de la Défense de monter un hôpital de campagne en Israël pour soigner des enfants du territoire palestinien. 

Sur le front nord d'Israël, au Liban, deux combattants de la Jamaa Islamiya et du Hezbollah, mouvements libanais alliés au Hamas, ont été tués dans des frappes israéliennes. En riposte, le Hezbollah a lancé des "drones explosifs" sur une base militaire dans le nord d'Israël.

Avec AFP