paris – Constructions écologiques, gestion des déchets, transports en commun… Les Jeux de Paris 2024 promettent d’être plus écolos que les précédents. Pourtant, des experts en décarbonation alertent déjà : les émissions auraient été sous-estimées. Alors, est-ce que les JO de Paris seront “verts”, comme le promet Anne Hidalgo ? Ou est-ce qu’il va falloir repenser les Jeux olympiques ?
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Accepter Gérer mes choixC’est inédit dans l’histoire des Jeux : Paris 2024 s’est fixé un “budget carbone” à ne pas dépasser : 1,58 million de tonnes d’équivalent CO2, ce qui représente les émissions de 180 000 Français pendant un an, et la moitié de l'empreinte carbone des Jeux de Londres en 2012.
"Notre démarche est novatrice, explique sur France 24 Georgina Grenon, directrice de l'excellence environnementale pour Paris-2024. Jusqu'à présent, les Jeux étaient organisés et le bilan carbone était calculé après, dans un second temps. Cette fois-ci, nous avons voulu avoir une ligne claire, chiffrée, et s'y tenir." Dans ce fameux budget carbone, deux catégories pèsent lourd dans les émissions : la construction - avec 32% - et le transport - 40 % environ, selon leurs estimations.
Budget carbone tenu ?
Pour les constructions, l’approche de Paris 2024 a été largement saluée. 95% des infrastructures existaient déjà, comme le stade de France ou l'Accor Arena - anciennement Palais omnisports de Paris-Bercy. Et pour les trois structures qui ont dû sortir de terre, notamment le village des athlètes à Saint-Denis, l’objectif était de ne pas dépasser les 700 kg équivalent CO2 par mètre carré, contre une tonne en moyenne. "C'est clairement le point fort de ces Jeux olympiques et c’est ce qui permettra de baisser drastiquement son empreinte carbone", salue Alexandre Joly, expert énergie et climat chez Éclaircies, un collectif regroupant des spécialistes de la transition écologique.
Sur les transports, par contre, le comité olympique se serait montré un peu trop optimiste. Selon The Shifters, les déplacements pourraient émettre 1,2 million de tonnes d’équivalent CO2. C’est deux fois plus que ce qu’a prévu Paris 2024. En cause : les voyages en avion. “Selon nos calculs, a priori, on a 60 % de supporters qui vont venir d'Europe et 40 % du reste du monde. Sauf que les supporters européens vont émettre 17 % des émissions et les autres 83 %”, explique Paul Delanoë, expert carbone et co-auteur de l’étude.
Comment seront les JO de demain ?
Alors comment faire ? Est-ce qu'il ne faudrait pas carrément réinventer ces grands événements internationaux ? Les idées ne manquent pas. “On pourrait très bien répartir les JO dans plein de villes autour du monde, par exemple, le squash en Australie, la natation à New York et l'escrime à Paris”, imagine César Dugast, cofondateur de l'ONG Éclaircies et auteur d’une proposition pour Carbon Market Watch. “Ça aurait l'avantage de favoriser le recrutement local de spectateurs.”
De son côté, Paul Delanoë propose huit fanzones décentralisées "réparties sur les cinq continents pour permettre au plus grand nombre d'accéder à ces Jeux olympiques sans forcément avoir à prendre l'avion”.
Mais peut-on vraiment empêcher les spectateurs de prendre l’avion ? “Il existe plusieurs manières de favoriser le recrutement local des spectateurs”, explique César Dugast. Par exemple : des incitations financières, comme une réduction sur les billets de train. "On peut aussi envisager des interdictions d'accès aux JO quand on n'est pas de la nationalité. Mais je ne sais pas si on va aller jusque là.” “Effectivement, on peut aller plus loin dans la proposition et mettre des quotas”, réfléchit à voix haute Paul Delanoë, dont l’étude ne s’est pas penchée sur la question.
Mais limiter le transport international ne semble, pour le moment, pas envisageable pour le Comité international olympique. “Il restera toujours une minorité de gens qui vont vouloir venir sur place parce que c'est une expérience unique. Et ça, on va continuer à l'offrir dans le futur”, explique Marie Sallois, directrice de durabilité au CIO. Manifestement, le chemin est encore long.