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Auteur à succès, sénateur latino... Qui sont les prétendants à la vice-présidence de Donald Trump ?
Deux jours après avoir été visé par une tentative d’assassinat, Donald Trump est arrivé lundi à Milwaukee pour la convention républicaine, où il sera officiellement désigné candidat du parti et révélera le nom de son colistier. Parmi les favoris, figurent J. D. Vance et Marco Rubio, respectivement sénateurs de l'Ohio et de Floride, et Doug Burgum, gouverneur du Dakota du Nord. Portraits.

"Je devrais être mort". Malgré la tentative d'assassinat dont il a été victime deux jours plus tôt, Donald Trump est arrivé, lundi 15 juillet, à Milwaukee (Wisconsin), où débute la convention républicaine qui doit officialiser sa candidature à l'élection présidentielle. Lors de cet événement, il devrait rapidement annoncer, selon des sources proches auprès de Reuters, celui qui deviendra son futur vice-président en cas de victoire en novembre.  

Donald Trump n'a pas encore dévoilé son choix, préférant concentrer sa campagne sur les préoccupations concernant la forme physique de Joe Biden pour briguer un second mandat. Mais cela ne l’a pas empêché d’alimenter lui-même les spéculations. Lors d’une interview sur "The Clay Travis & Buck Sexton Show" vendredi 12 juillet, le milliardaire a comparé son processus de sélection à une "version très sophistiquée de The Apprentice" - en référence à l'émission de téléréalité qu'il a produite pendant plusieurs années, où il embauchait un "apprenti" parmi plusieurs candidats au terme d'une série d'épreuves. Et comme à la télé, il a affirmé vouloir dévoiler son choix de manière "spectaculaire", en direct, lors de la convention. 

Même si les projecteurs sont braqués depuis ce week-end sur la photo qui a fait le tour du monde, celle d’un Donald Trump à l’oreille ensanglantée et au poing levé, la révélation de son colistier est très attendue. Si trois noms dominent les discussions depuis quelques jours, la décision finale de Donald Trump pourrait bien surprendre tout le monde. Comme le souligne Lauric Henneton, maître de conférences à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), "le penchant de Donald Trump pour l'imprévisibilité et le sens du drame ne laisse aucune place à des certitudes absolues. On ne peut pas sonder ses pensées, c'est un animal politique hors norme, capable de tous les revirements !"  

Une chose est sûre : Donald Trump recherche un colistier expérimenté et fidèle, capable de le seconder efficacement, sans pour autant lui voler la vedette. Voici les portraits de ceux dont les noms sont le plus fréquemment mentionnés. 

  • J.D. Vance, l’auteur à succès devenu fervent défenseur du programme de Trump

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À 39 ans, James David Vance, alias J. D. Vance, est le cadet de la shortlist. Il est l’auteur du bestseller "Hillbilly Elegy", un mémoire sur son enfance dans la classe ouvrière de la Rust Belt du Midwest ("ceinture de rouille", nom de cette région industrielle en déclin), publié en 2016 et vendu à plus d’un million d’exemplaires aux États-Unis. Si J. D. Vance s'est montré initialement très critique envers Donald Trump, allant jusqu'à le qualifier de "désastre moral" et l'appelant "l'Hitler de l'Amérique" en 2016, il est devenu par la suite l'un de ses fervents soutiens, expliquant avoir pris conscience d'une "certaine réalité" au moment où il s'est présenté au Sénat en 2022. "Sa transformation est l’une des histoires politiques les plus marquantes de l’ère Trump", écrit le New York Times.

Sénateur de l’Ohio depuis 2023, cet ancien investisseur en capital-risque s'est imposé comme l'un des plus féroces défenseurs du programme "Make America Great Again" (MAGA) de Donald Trump, en particulier en matière de politique étrangère, de commerce et d'immigration. Cet ancien militaire séduit les cercles républicains par son dynamisme et son aptitude à lever des fonds colossaux pour le Parti républicain. 

"J. D. Vance est le prétendant le plus docile et le plus aligné idéologiquement, il ne présente aucune divergence notable avec Donald Trump", analyse Lauric Henneton. "Il n'est pas le candidat le plus impressionnant car il a une toute petite expérience du Congrès et aucune de l'exécutif, mais cela en fait un vice-président facilement malléable." 

  • Marco Rubio, l'allié latino de circonstance 

Auteur à succès, sénateur latino... Qui sont les prétendants à la vice-présidence de Donald Trump ?

Les relations entre le sénateur de Floride Marco Rubio et l’ancien président n’ont pas toujours été roses, en particulier quand ils briguaient tous les deux l’investiture républicaine. Lors des primaires de 2016, Donald Trump surnommait son adversaire "Little Marco" en se moquant de sa taille, tandis que ce dernier ripostait en critiquant la taille de ses mains ou son bronzage.  

Huit ans plus tard, Donald Trump voit en Marco Rubio, 53 ans, un allié précieux pour sa campagne présidentielle. Fils d'immigrés cubains de la classe ouvrière, Marco Rubio pourrait permettre à l'ancien président d'attirer des voix au sein de la communauté latino-américaine. Fort de ses 13 années d'expérience au Sénat, il se positionne comme le candidat le plus expérimenté. Un "atout majeur", selon Lauric Henneton, "dans un contexte de Congrès divisé où son savoir-faire sera crucial pour faire avancer les dossiers". 

Mais Marco Rubio veut-il vraiment le poste ? Le sénateur de Floride a été nettement moins présent publiquement que certains des autres prétendants. Par ailleurs, une frange de la droite dure ne lui a jamais pardonné son projet de réforme migratoire, proposé il y a plus de dix ans, sous la présidence Obama. Enfin, la Constitution pose un obstacle à la candidature conjointe de Donald Trump et de Marco Rubio : elle interdit à deux individus du même État de se présenter simultanément aux postes de président et de vice-président. "Cette situation cocasse pourrait le contraindre à démissionner de son poste de sénateur de Floride et de changer de lieu de résidence", explique l’expert. 

  • Doug Burgum, le gouverneur discret aux ambitions nationales 

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Loin des projecteurs et méconnu du grand public, Doug Burgum, gouverneur du Dakota du Nord, pourrait bien se démarquer par son absence de notoriété, un atout pour Donald Trump qui n'a pas l'habitude d'être éclipsé par ses collaborateurs.  

À 67 ans, Doug Burgum a bâti sa fortune en tant que PDG d'un éditeur de logiciels, cédé ensuite à Microsoft pour plus d'un milliard de dollars en 2001. Il est aujourd’hui à la tête d'un des États les moins peuplés du pays et a promulgué l'une des lois anti-avortement les plus restrictives. 

Candidat à l’investiture républicaine face à Donald Trump, Doug Burgum a rapidement abandonné, apportant son soutien à l’ancien président. Depuis, il apparaît fréquemment à la télévision à ses côtés, et a assisté à son procès pénal à New York.  

"Le choix de Doug Burgum ferait, d'une certaine manière, écho à celui de Mike Pence [vice-président de Donald Trump de 2017 à 2021, NDLR] : un gouverneur dont le nom est moins connu à l'échelle nationale et qui ne ferait aucune ombre à Trump", souligne Lauric Henneton. "Son côté businessman apporterait également de la crédibilité auprès des investisseurs et des donateurs." 

  • Tim Scott, l'atout afro-américain 

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Ce n'est un secret pour personne : le sénateur afro-américain de Caroline du Sud, Tim Scott, a un profil qui plaît à Donald Trump. L’ancien président n'hésite d'ailleurs pas à vanter publiquement la loyauté de ce quinquagénaire, ancien candidat à la Maison Blanche : "Tu es un bien meilleur candidat pour moi que tu ne l'as été pour toi-même", a-t-il plusieurs fois affirmé.

À ses côtés, Donald Trump pourrait séduire une partie de l'électorat afro-américain, qui avait largement plébiscité son rival Joe Biden lors de l'élection de 2020. "Non seulement Tim Scott représente d’une certaine manière la réussite des personnes noires aux États-Unis, mais il est également sénateur d’un État du Sud, qui a fait sécession en 1860 et qui a donc une histoire particulièrement raciste", analyse Lauric Henneton. "Ce serait un moyen de damer le pion aux démocrates". 

Mais depuis quelques semaines, Tim Scott n’apparaît plus dans la "short list" des prétendants à la vice-présidence, ses détracteurs lui reprochant un manque de charisme et de prestance lors des débats. "Ce serait pourtant la meilleure option à de nombreux points de vue, il est le plus 'présidentiel'", juge l’expert. 

  • D'autres noms moins cités... 

D'autres noms circulent dans la presse américaine, mais leurs chances paraissent limitées. Parmi ces personnalités, Elise Stefanik, représentante conservatrice de l’État de New York, est souvent citée. "Elle n'a pas une énorme expérience, mais elle a monté les échelons de manière tout à fait spectaculaire", relève Lauric Henneton. Son profil pourrait permettre à Donald Trump de regagner la confiance d'un électorat féminin, diplômé de l'enseignement supérieur et issu des banlieues, qui s'est plutôt tourné vers son rival lors de la dernière élection.

Le nom de Bryon Donald est également cité. Ce membre du Congrès, issu de l'aile droite du Parti républicain, a été ouvertement présenté par Donald Trump lui-même comme possible colistier. L’équipe de campagne de l'ancien président a également étudié les candidatures de l'ancien sénateur Tom Cotton (Arkansas) et de l'ancien secrétaire au Logement Ben Carson, selon le Washington Post

Après l'annonce officielle de Donald Trump, qui devrait arriver dans les prochaines heures, le colistier doit prendre la parole, mercredi 17 juillet, dans la salle principale de la convention républicaine, tapissée de rouge et d’emblèmes d'éléphant, symbole du parti.