Le candidat réformateur Massoud Pezeshkian a remporté le second tour de la présidentielle en Iran, devant l'ultraconservateur Saïd Jalili, a indiqué samedi le ministère de l'Intérieur. Lors de sa première prise de parole, il a assuré samedi qu'il "tendrait la main de l'amitié à tout le monde".
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Accepter Gérer mes choixLe réformateur Massoud Pezeshkian a remporté le second tour de l'élection présidentielle iranienne, selon les résultats officiels dévoilés, samedi 6 juillet, par le ministère de l'Intérieur.
"Nous tendrons la main de l'amitié à tout le monde, nous sommes tous des habitants de ce pays, nous devrions utiliser tout le monde pour le progrès du pays", a-t-il déclaré, lors de sa première prise de parole depuis sa victoire sur l'ultraconservateur Saïd Jalili, en remerciant ses sympathisants.
Le député Pezeshkian a recueilli plus de 16 millions de votes contre plus de 13 millions à son adversaire, un ancien négociateur nucléaire, sur un total de 30 millions de bulletins déjà dépouillés, selon les autorités électorales. La participation s'est établie à 49,8%.
Le scrutin est suivi avec attention à l'étranger alors que l'Iran, poids lourd du Moyen-Orient, est au cœur de plusieurs crises géopolitiques, de la guerre à Gaza au dossier nucléaire, dans lesquelles il s'oppose aux pays occidentaux, notamment les États-Unis, son ennemi juré.
Organisée à la hâte après le décès du président ultraconservateur Ebrahim Raïssi dans un accident d'hélicoptère le 19 mai, la présidentielle se tient dans un contexte de mécontentement populaire face notamment à l'état de l'économie frappée par des sanctions internationales.
Après un premier tour marqué par une forte abstention, quelque 61 millions d'Iraniens étaient appelés aux urnes vendredi dans les 58 638 bureaux de vote du pays.
Arrivé en tête au premier tour avec 42,4% des voix, Massoud Pezeshkian plaide pour un Iran plus ouvert à l'Occident. Saïd Jalili, qui a obtenu 38,6% des votes, est lui connu pour ses positions inflexibles face aux puissances occidentales.
Massoud Pezeshkian, 69 ans, a reçu le soutien des anciens présidents, le réformiste Mohammad Khatami et le modéré Hassan Rohani.
Son rival, 58 ans, a notamment l'appui de Mohammad-Bagher Ghalibaf, le président conservateur du Parlement, sorti troisième avec 13,8% des voix du premier tour.
La participation au premier tour il y a une semaine avait atteint 39,92% des 61 millions d'électeurs, son niveau le plus bas en 45 ans de République islamique.
Des figures de l'opposition en Iran et au sein de la diaspora ont appelé au boycott du scrutin, jugeant que les camps conservateur et réformateur représentent deux faces de la même médaille.
"Changer des choses"
Dans un bureau de vote de Téhéran, Hossein, 40 ans, confiait vendredi avoir choisi M. Pezeshkian, car il "peut changer des choses". Farzad, 52 ans - qui comme Hossein ne souhaite pas donner son nom de famille - a fait le même choix, pour "empêcher l'accès au pouvoir des radicaux" ultraconservateurs.
"Cela fait 45 ans que nous crions mort à l'Amérique, ça suffit, (...) On ne peut pas construire un mur autour du pays", martelait-il.
Melika Moghtadaie, vêtue d'un tchador noir, avait elle opté pour M. Jalili. Cette étudiante de 19 ans compte sur lui pour "aider à améliorer l'économie du pays".
Lors de deux débats télévisés, les candidats ont abordé les difficultés économiques du pays, ses relations internationales, le faible taux de participation aux élections et les restrictions imposées à Internet par le gouvernement.
Le candidat réformiste, qui affirme sa loyauté à la République islamique, a appelé à des "relations constructives" avec Washington et les pays européens afin de "sortir l'Iran de son isolement".
Négociateur dans le dossier nucléaire entre 2007 et 2013, M. Jalili s'était fermement opposé à l'accord conclu finalement en 2015 entre l'Iran et des puissances mondiales, dont les États-Unis, qui imposait des restrictions à l'activité nucléaire iranienne en échange d'un allègement des sanctions.
Les négociations sur le nucléaire sont actuellement dans l'impasse après le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 qui ont réimposé de sévères sanctions économiques à Téhéran.
La victoire de Massoud Pezeshkian devrait avoir des répercussions limitées, les grandes lignes politiques et diplomatiques étant fixées par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.
Avec AFP