Droit au but contre son camp
L’attaquant géorgien Georges Mikautadze, trois buts en autant de matches, figure en tête du classement des meilleurs buteurs à l’issue de la phase de poules de l’Euro 2024. Plusieurs joueurs sont à une unité de lui, dont l’Allemand Jamal Musiala et le joueur offensif néerlandais Cody Gakpo – deux buts chacun. Mais la star offensive du moment dans la compétition européenne n’a pas d’identité propre, pas de nationalité, pas de visage : c’est le but contre son camp (CSC).
Pas moins de sept CSC ont été inscrits durant la phase de groupes. L’un d’entre eux a notamment permis à l’équipe de France de l’emporter face à l’Autriche (1-0) ou encore à l’Espagne de s’imposer par la plus petite des marges face à l’Italie (1-0). L’Euro 2024 est parti sur de bonnes bases en la matière pour battre le record… de l’Euro 2021. Durant la précédente édition, onze buts avaient été inscrits contre leur camp. Un record qui pourrait peut-être tomber cet été en Allemagne.
Ce constat se conjugue à un manque d’efficacité et / ou une panne offensive de plusieurs sélections ces deux dernières semaines. L’Angleterre et son armada offensive, présentée comme l’une des meilleures avant le tournoi, n’a inscrit que deux petits buts face à des équipes qui semblaient largement à sa portée. Les Bleus sont aussi au rang des abonnés absents : bien que qualifiée en huitièmes de finale, l’équipe de France a dû s’en remettre à un CSC et à un but sur penalty pour accéder au tableau de la phase finale.
Des Bleus en demi-teinte
En trois matches, l’équipe de France a peiné à convaincre malgré une qualification en huitièmes de finale. Le football pragmatique prôné par Didier Deschamps a encore une fois fonctionné pour que les Bleus sortent de leur poule D, notamment grâce à une défense imperméable qui n’a encaissé qu’un but face à la Pologne – qui plus est sur penalty.
Mais les internationaux tricolores, avec ou sans Kylian Mbappé, ont pêché dans la finition à de nombreuses reprises. Le n°10 français a manqué des occasions nettes face à l’Autriche et face à la Pologne, Antoine Griezmann a vendangé face aux Pays-Bas, Ousmane Dembélé – bien qu’à l’origine du penalty lors du dernier match – peine à concrétiser son apport offensif d’un point de vue statistique… La ligne offensive française n’est pas vraiment d’attaque pour le moment.
Il faudra retrouver cette efficacité pour l’emporter le 1er juillet face à la Belgique – quoique les Diables Rouges n’ont pas été plus brillants dans le domaine offensif. Reste que la vérité d’une phase de groupes n’est souvent pas celle du tableau final, comme le résume le journaliste de L’Équipe Vincent Duluc : "Dans une phase finale, il ne faut jamais se fier au premier tour. Il faut même l'oublier, et savoir que la reprise de cette querelle de voisinage (entre la Belgique et la France, NDLR) dans une rencontre à élimination directe va transfigurer le rapport de force que ces derniers jours ont laissé supposer".
Une fin de match sur quatre a été renversante
La phase de poules a tout de même été spectaculaire à plusieurs reprises : sur les 36 rencontres disputées, neuf ont connu un dénouement renversant dans le temps additionnel – un quart des matches.
La Croatie a été la plus grande victime de ces retournements de situation : après avoir perdu leur premier match, les Vatreni se sont fait accrocher par l’Albanie à la dernière minute de jeu (2-2). Puis ils ont vécu leur plus grand ascenseur émotionnel dans leur rencontre face à l’Italie : alors que les Croates étaient qualifiés en huitièmes de finale pendant près d’une mi-temps, la Squadra Azzura a enterré leurs espoirs en marquant sur la dernière action de jeu (1-1).
La Turquie s’est aussi illustrée – dans le bon sens – dans le money time, en enfonçant le clou face à la Géorgie (3-1) puis en prenant l’avantage face à la République tchèque (2-1). Ces dénouements spectaculaires sont déjà plus nombreux, avant la phase finale, que lors du précédent Euro – cinq buts avaient alors été inscrits dans le temps additionnel de la seconde période.
Le parcours déjà historique de la Géorgie
Pour sa première participation à un Euro, la Géorgie a fait bien mieux que de la figuration. Considérés comme le Petit Poucet des sélections engagées, les Croisés ont évolué avec des valeurs de solidarité, de combativité et de rapidité en contre pour s’extraire du groupe F.
Cet engagement ne leur a pas suffi à éviter la défaite face à la Turquie (3-1) lors de leur premier match, mais il leur a permis de glaner un point face à la République tchèque (1-1). Surtout, cette sélection que personne n’attendait à ce niveau – malgré une ligne offensive Georges Mikautadze - Khvicha Kvaratskhelia qui n’a rien à envier à d’autres grandes équipes – a réalisé l’exploit de battre le Portugal (2-0) pour décrocher une qualification historique en huitièmes de finale.
1 - La Géorgie a décroché sa 1re victoire en compétition majeure, se qualifiant pour les 8es de l’EURO. C'est la 1re équipe européenne à sortir des poules pour sa 1re participation à un tournoi majeur (Coupe du Monde + EURO) depuis l’Islande en 2016. Surprise. pic.twitter.com/nXogMOnjou
— OptaJean (@OptaJean) June 26, 2024Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.
Accepter Gérer mes choixL’un des grands artisans de ce succès reste Willy Sagnol. Depuis sa prise de poste en février 2021, le sélectionneur français de la Géorgie a donné un élan aux Croisés qui leur permet actuellement de renverser des montagnes. "Quand vous faites partie des 'petites' équipes, vous savez que vous n'avez rien à perdre. La seule chose que j'ai dite avant la compétition, c'est que peu importe ce qu'il se passe, il ne faut pas avoir de regrets à la fin", a déclaré Willy Sagnol après la victoire face au Portugal.
La Géorgie va maintenant croiser en phase finale l’Espagne, un autre géant du football européen. "Probablement l'équipe la plus forte du premier tour", estime le sélectionneur, mais "ce qui est sûr, c'est qu'on va se battre jusqu'à la dernière minute. Voilà la Roja avertie.
L’élimination de la Croatie sonne la fin de la génération Modric
La Croatie avait habitué les amateurs de ballon rond à de meilleures performances internationales. Vice-champions du monde 2018 et troisièmes du Mondial-2022, les Vatreni ont été éliminés de l’Euro 2024 dès la phase de poules. Une première depuis l’Euro 2012.
Et à douze ans d’écart, on prend quasiment les mêmes et on recommence : l’Espagne a terminé première de sa poule dans les deux éditions, l’Italie deuxième et la Croatie troisième. Seules l’Irlande et l’Albanie diffèrent, respectivement quatrièmes en 2012 et en 2024. Durant la compétition en Allemagne, les Croates sont apparus empruntés, souvent en manque d’inspiration dans le jeu et même leur arme maîtresse – le milieu à trois Luka Modric, Marcelo Brozovic et Mateo Kovacic – n'a pas été aussi flamboyant que d'ordinaire.
38 - À 38 ans et 289 jours, Luka Modric est le buteur le plus âgé dans l'histoire de l'EURO. Immortel.#EURO2024 pic.twitter.com/PfC9ggC5f3
— OptaJean (@OptaJean) June 24, 2024Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.
Accepter Gérer mes choixLa génération dorée de la Croatie est apparue vieillissante dans cette compétition, et son incapacité à tenir des résultats jusqu’à la fin du match lui aura été fatale, notamment face à l’Albanie et à l’Italie. Finalement, au jeu des meilleurs troisièmes, les Vatreni n’ont pas pesé lourd avec deux points au compteur. Leurs supporters pourront toujours se consoler avec le but de Luka Modric inscrit face à l’Italie. Le Ballon d’Or 2018 a encore un peu écrit sa légende, devenant le plus vieux joueur à marquer un but lors d’un Euro. Peut-être un but en guise d’adieu international pour le joueur âgé de 38 ans.