Enterrement de première classe ou début d’une inoubliable dernière danse ? Les paris étaient ouverts avec cet improbable duel entre Rafael Nadal et Alexander Zverev dès le premier tour de Roland-Garros. Un choc aux allures de finale avec cette question en toile de fond : et si le très probable dernier Open de France de l’homme aux 14 Coupes des mousquetaires s’arrêtait dès le premier tour, rattrapé par des années de blessures à la hanche, au dos et aux abdos ?

Les fans de tennis ne s’y sont pas trompés et sont venus en masse pour le duel. Le court Philippe-Chatrier, qui peine à se remplir depuis le début de la quinzaine, est plein à craquer pour l’occasion. Les drapeaux espagnols sont de sortie. Une Écossaise est même venue du pays du chardon tout de Rafael Nadal vécu pour vivre le moment. Pour son entrée, l’homme déjà statufié à Roland-Garros a le droit à une standing-ovation de son peuple et le public est électrifié par la très très longue énumération de ses victoires Porte d'Auteuil.

Rafael Nadal fait le choix de servir. Le choix du roi de la Porte d’Auteuil comme lorsqu’il a réclamé de ne pas jouer son match en session de nuit pour optimiser ses chances. Ou quand il a demandé à l’organisation de remiser encore un peu la cérémonie d’adieu.

Zverev intraitable

Dès le premier point, le match s’annonce disputé. L’échange dure 18 coups etRafa ne semble avoir rien perdu de sa superbe. Jusqu’à cette faute qui offre le premier sang à Alexander Zverev. L’Allemand profite des limites de l’Espagnol pour s’offrir un jeu blanc sur le service de son adversaire. Sacha enchaîne (2-0).

Mais la légende de Roland-Garros n’est pas homme à se laisser mourir si facilement : avec le soutien du public, il combat pied à pied e Sascha et arrache son premier jeu (2-1). Le Majorquin est même proche d’annuler l’avantage de son adversaire mais Zverev est intraitable et, à coup de services rageurs, annule les deux balles deux debreak de son adversaire.

Rafael Nadal va se mordre les doigts d’avoir laissé passer ces deux occasions. Elles ne se reproduiront plus dans le premier set. Alexander Zverev se montre sans pitié avec la légende de Roland-Garros et l’intensité des coups rappelle la demi-finale de 2022 entre les deux hommes, avortée en raison d’une vilaine blessure de l’Allemand. Le premier set tombe dans son escarcelle en 54 minutes (6-3).

Voici l’homme aux 22 Grand Chelems mal embarqué mais Rafael Nadal tient. Il repousse deux balles de break de son adversaire réveillant au passage la Porte d’Auteuil. Fini la messe dans un silence de cathédrale, le public donne enfin de la voix sur chaque interruption – et parfois même durant les points- dans une fête joyeusement hispanophone. "Vamos !", "Dale"… Rafa est bien entouré et réussit enfin son premier break (3-2).

Un debreak au pire moment

L'Espagnol semble tenir ce deuxième set mais la machine s'enraye : Alexander Zverev debreake au pire moment et revient à 5-5, infligeant au passage un nouveau jeu blanc à Rafael Nadal. Tout est à refaire et tout peut basculer dans un jeu décisif indécis (6-6). Et, au grand malheur des supporters, c'est bien l'Allemand qui remporte la deuxième manche.

Jamais Rafael Nadal n'a remonté deux sets sur son terrain fétiche mais le roi se refuse à abdiquer. S'il est proche de s'effondrer, il sauve deux balles de break et remporte son engagement. Mieux, il prend le service de son adversaire sous les regards approbateurs de Novak Djokovic et Carlos Alcaraz, venus assister au match.

Cependant, Alexander Zverev n'est pas là pour laisser Nadal et le public rêver. Il efface l'avantage de son adversaire directement. Les jeux passent : Zverev remporte ses mises en jeu facilement, Nadal galère et résiste tant bien que mal avant de craquer (4-3). Le roi de la Porte d'Auteuil résiste jusqu'à la dernière balle mais finit par capituler en un peu plus de trois heures sur une nouvelle faute. Le public tout entier se lève pour lui rendre hommage.

Le dernier match de Rafael Nadal dans son tournoi fétiche du Grand Chelem sera-t-il celui-ci ? En conférence de presse, Rafael Nadal avait ouvert la porte à un énième retour malgré son corps qui ne tient plus : "Il y a de grandes chances que ce soit mon dernier Roland-Garros mais à 100 %, je ne me sens pas obligé de le dire parce que je ne peux pas prédire ce qu’il va se passer", a déclaré l’Espagnol aux 14 victoires à Paris.

Une chose est sûre, il devrait fouler l'ocre parisien au moins une dernière fois lors des JO de Paris. Un tournoi en double avec Alcaraz fait déjà saliver la planète tennis.