La sixième et avant-dernière phase des élections générales indiennes se tient samedi 25 mai, notamment à New Delhi, sous une chaleur caniculaire. C'est dans la capitale indienne que votent deux des principaux opposant du Premier ministre Narendra Modi.
Le contexte est tendu, avec des accusations portées par ses rivaux. Ils reprochent au gouvernement Modi d'avoir instrumentalisé la justice pour les neutraliser. Le Premier ministre, âgé de 73 ans, reste encore très populaire après deux mandats, au cours desquels l'Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique.
Le chantre du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP), qui brigue un troisième mandat, a été donné vainqueur par les analystes politiques bien avant le début des élections le 19 avril. Cette perspective a été renforcée par plusieurs enquêtes criminelles visant ses principaux opposants.
Le ministre en chef de Delhi, Arvind Kejriwal, 55 ans, a été emprisonné pendant plusieurs semaines, son parti ayant été accusé d'avoir perçu des pots-de-vin en échange de licences d'alcool accordées à des entreprises privées.
Le haut-commissaire des droits de l'Homme de l'ONU, Volker Türk, et des organisations de défense des droits humains ont réagi avec inquiétude estimant que les élections étaient biaisées.
Rétrécissement de l'espace démocratique
Au lendemain de sa libération sous caution par la Cour suprême, Arvind Kejriwal a appelé les électeurs à "sauver (le) pays de cette dictature", accusant le gouvernement d'instrumentaliser la justice pour éliminer l'opposition. "Modi a entamé une mission très dangereuse (...) Il enverra tous les chefs de l'opposition en prison", a-t-il averti.
Arvind Kejriwal est l'un des dirigeants de l'alliance d'opposition INDIA - avec Rahul Gandhi à la tête du parti du Congrès - formée pour rivaliser avec Narendra Modi dans ces élections. Les deux opposants doivent voter samedi à New Delhi.
Rahul Gandhi, 53 ans, dont le père, la grand-mère et l'arrière-grand-père ont tous été Premier ministre, a été brièvement écarté du Parlement l'an dernier après avoir été reconnu coupable de diffamation. Les comptes bancaires de son parti sont gelés depuis février par le fisc indien, à la suite d'un différend sur des déclarations de revenu datant d'il y a cinq ans.
"Nous n'avons pas d'argent pour faire campagne, nous ne pouvons pas soutenir nos candidats", avait prévenu Rahul Gandhi en mars. "Notre faculté de livrer la bataille électorale a été endommagée."
Les opposants politiques de Narendra Modi et les groupes internationaux de défense des droits tirent depuis longtemps la sonnette d'alarme sur le rétrécissement de l'espace démocratique en Inde.
Depuis l'arrivée au pouvoir de Narendra Modi, l'Inde a dégringolé au 159e rang sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) qui a jugé cette "place indigne d'une démocratie".
Températures prévues au-dessus de 45°C
Au total, 968 millions d'Indiens sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des États-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunis.
La septième et dernière phase se déroulera le 1er juin. Les bulletins de vote de tout le pays seront dépouillés le 4 juin. Les résultats sont généralement annoncés le jour même.
La participation aux élections générales est inférieure à celle de 2019, des analystes imputant ce recul à "un certain désintérêt" des électeurs pour un scrutin sans surprise, d'autres aux vagues de chaleur qui se sont succédé.
Le service météorologique indien a émis cette semaine une "alerte rouge" à la canicule pour Delhi et les États environnants, où des dizaines de millions de personnes doivent voter samedi.
Prévoyant des températures au-dessus de 45°C, il a conseillé de surveiller l'état de santé des nourrissons, des personnes âgées ou souffrant de maladies chroniques.
Selon les recherches scientifiques, les vagues de chaleur sont plus longues, plus fréquentes et plus intenses en raison du réchauffement climatique.
Avec AFP