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Fusion de l'audiovisuel public : contestée, la réforme désormais retardée
Le projet de fusion de l'audiovisuel public porté tambour battant par Rachida Dati prend du retard : son examen à l'Assemblée nationale a été repoussé jeudi, alors que tout le secteur est en grève pour s'y opposer.

Les députés devaient débattre de cette réforme éclair en première lecture jeudi et vendredi. Mais, face à l'encombrement de l'ordre du jour, le gouvernement a pris la décision de le reporter. Le texte pourrait n'être examiné qu'en juin.

Et ce alors que le calendrier voulu par la ministre de la Culture était déjà très contraint, avec une fusion de l'audiovisuel public programmée dès le 1er janvier 2026.

Du coté de France Télévisions, il y a eu jeudi 12% de grévistes, tous métiers confondus, a indiqué la direction. Le journal de 20h de France 2 a quant à lui été réalisé "dans des conditions particulières", a indiqué sa présentatrice Anne-Sophie Lapix.

Plusieurs assemblées générales des personnels doivent se tenir vendredi, dont une commune à la Bourse du travail à 10H00.

"Agenda politique"

En plus de la grève, plusieurs rassemblements ont eu lieu en France jeudi, dont le principal à Paris, près du ministère de la Culture. Sous le slogan "Non à la casse de l'audiovisuel public", il a réuni plusieurs centaines de salariés et une délégation a été reçue au ministère.

"Votre grève très forte aujourd'hui fait déjà bouger les lignes, puisque l'agenda parlementaire a miraculeusement été décalé d'un mois", a lancé la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, venue "apporter le soutien" de son syndicat.

📺 Les journalistes de @FRANCE24 mobilisés pour la défense de l'audiovisuel public en France. #SoutienaF24 #SoutienaRFI #SoutienaFMM pic.twitter.com/A6oSV3hWVz

— Chloé Lauvergnier (@clauvergnier) May 23, 2024

Les inquiétudes sont particulièrement fortes à Radio France, où l'on craint que la radio soit phagocytée par la télé.

"On n'est pas contre une évolution de nos médias mais on ne veut pas que ça se fasse de manière précipitée pour satisfaire l'agenda politique de notre ministre", a pour sa part déclaré à l'AFP Mathilde Goupil, déléguée syndicale SNJ (Syndicat national des journalistes) à France Télévisions.

Selon elle, la moindre mobilisation à France Télévisions s'explique par une "forme de fatigue" après plusieurs projets de réorganisation ces dernières années.

"Très mal parti"

Pour "rassembler les forces" de l'audiovisuel public, Mme Dati prévoit une phase transitoire avec une holding commune au 1er janvier 2025, puis la fusion un an après. Quelque 16.000 salariés sont concernés.

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— FRANCE 24 (@FRANCE24) May 22, 2024

Outre France Télévisions et Radio France, le mastodonte comprendrait également l'Ina (Institut national de l'audiovisuel) et France Médias Monde (RFI, France 24 et MCD). L'intégration de ce dernier groupe fait cependant débat jusque dans le camp présidentiel.

Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a affirmé que le gouvernement était finalement pour son exclusion de l'entreprise unique. Mais les discussions pourraient être serrées avec la droite, qui est à l'inverse attachée à son inclusion.

Au sein de ces quatre sociétés publiques, les craintes sont vives pour les moyens et les emplois. La société géante, dénommée "France Médias", aurait un budget de quatre milliards d'euros.

Pour accélérer ce projet, la ministre issue de LR s'est appuyée sur une proposition de loi du sénateur Laurent Lafon (Union centriste) programmant une holding, déjà adoptée en juin 2023 par la chambre haute.

"Nous ne sommes pas opposés à la fusion" mais "on peut s'interroger sur le calendrier", avait souligné M. Lafon avant l'annonce du report.

"C'est très mal parti pour faire passer cette réforme", prophétise même un député de la majorité. "La mobilisation sociale sera très forte. C'est difficile, même si ça n'enlève rien à la nécessité de la réforme".

Avec AFP