
La mort du président iranien, Ebrahim Raïssi, a été confirmée, lundi 20 mai par le gouvernement, après un accident d'hélicoptère survenu la veille dans le nord-ouest de l'Iran.
Âgé de 63 ans, l'ayatollah Raïssi, toujours coiffé d'un turban noir et vêtu d'un manteau de religieux, était considéré comme un ultraconservateur et un partisan assumé de l'ordre.
Il dirigeait l'Iran depuis 2021 dans un contexte troublé à l'international et de contestation interne.
D'intenses recherches avaient été lancées, dimanche, en fin de journée, dans le nord-ouest de l'Iran pour retrouver l'hélicoptère qui le transportait et s'est écrasé suite à un accident, selon des responsables et des médias officiels.
Élu au premier tour en juin 2021
S'étant présenté comme le champion des classes défavorisées et de la lutte contre la corruption, Ebrahim Raïssi avait été élu le 18 juin 2021 dès le premier tour d'un scrutin marqué par une abstention record pour une présidentielle, et l'absence de concurrents de poids.
Il avait succédé au modéré Hassan Rohani, qui l'avait battu à la présidentielle de 2017 et ne pouvait plus se représenter après deux mandats consécutifs.

Ebrahim Raïssi était sorti renforcé des législatives tenues en mars et à la mi-mai, premier scrutin national depuis le mouvement de contestation qui a secoué l'Iran fin 2022 à la suite du décès de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict de la République islamique.
Le président iranien s'était alors félicité d'"un nouvel échec historique infligé aux ennemis de l'Iran après les émeutes" de 2022.
Le Parlement, qui entrera en fonction le 27 mai, sera très largement sous le contrôle des camps conservateurs et ultraconservateurs, qui soutiennent son gouvernement.
Ces derniers mois, Ebrahim Raïssi s'était présenté comme un adversaire résolu d'Israël, l'ennemi juré de la République islamique, apportant son soutien au mouvement islamiste palestinien Hamas depuis le début, le 7 octobre, de la guerre qu'Israël lui livre dans la bande de Gaza.
Il avait ainsi justifié l'attaque inédite lancée par l'Iran le 13 avril contre Israël, avec 350 drones et missiles, dont la plupart ont été interceptés avec l'aide des États-Unis et de plusieurs autres pays alliés.
Ebrahim Raïssi figurait sur la liste noire américaine des responsables iraniens sanctionnés pour "complicité de graves violations des droits humains", accusations balayées comme nulles et non avenues par les autorités de Téhéran.
Chez les organisations de défense des droits humains et plus particulièrement auprès de la diaspora iranienne, le nom d’Ebrahim Raïssi rappelle des heures sombres de la République islamique, notamment pour son implication dans une vague d'exécution en 1988. Selon des estimations données par Amnesty international, au moins 5 000 personnes ont été tuées.
Procureur général de Karaj puis Téhéran
Né en novembre 1960 dans la ville sainte chiite de Machhad (nord-est), Ebrahim Raïssi a monté durant trois décennies les échelons du système judiciaire, après avoir été nommé procureur général de Karaj, près de Téhéran, à seulement 20 ans, dans la foulée de la victoire de la Révolution islamique de 1979.
Il a ensuite été procureur général de Téhéran de 1989 à 1994, puis chef adjoint de l'Autorité judiciaire de 2004 à 2014, année de sa nomination au poste de procureur général du pays.
En 2016, le guide suprême Ali Khamenei l'a placé à la tête de la puissante fondation caritative Astan-é Qods Razavi, qui gère le mausolée de l'imam Réza à Machhad ainsi qu'un immense patrimoine industriel et immobilier. Trois ans plus tard, il prend la tête de l'Autorité judiciaire.
Sans grand charisme et toujours coiffé d'un turban noir de "seyyed" (descendant de Mahomet), Ebrahim Raïssi, barbe poivre et sel et fines lunettes, a suivi les cours de religion et de jurisprudence islamique de l'ayatollah Khamenei.
Marié à Jamileh Alamolhoda, professeure de sciences de l'éducation à l'université Chahid-Béhechti de Téhéran, avec laquelle il a eu deux filles diplômées du supérieur, Ebrahim Raïssi est le gendre d'Ahmad Alamolhoda, imam de la prière et représentant provincial du guide suprême à Machhad, deuxième ville d'Iran.
Sans doute conscient qu'il lui fallait tenter de rassembler une société iranienne divisée sur la question des libertés individuelles, il s'était engagé pendant la campagne électorale de 2021 à être le défenseur de la "liberté d'expression" et des "droits fondamentaux de tous les citoyens iraniens".
Certains analystes ont suggéré qu'Ebrahim Raïssi pourrait remplacer le Guide suprême Ali Khamenei, 85 ans, après sa mort ou sa démission. Ce tragique accident d'hélicoptère en aura décidé autrement, laissant la voie libre à ses rivaux dans la succession à la fonction suprême iranienne.
Avec AFP