
Natalité au plus bas et taux de célibat qui explose : tout semble indiquer que les Japonais ont renoncé à l’amour. Mais les chiffres sont trompeurs, car au Japon, de plus en plus, on aime autrement. L'archipel, qui est pourtant en retard sur le mariage homosexuel – toujours considéré comme illégal –, est devenu le laboratoire des nouveaux types de relations : virtuelles, solitaires ou encore désintéressées du sexe. Nos correspondants, Alexis Brégère et Mélodie Sforza, ont enquêté sur ces nouveaux codes amoureux au pays du Soleil levant.
C’est un constat qui affole tous les ans un peu plus les autorités : la natalité du Japon est en chute libre, et de plus ne plus de Japonais semblent se désintéresser du modèle de la famille traditionnelle. D'après des statistiques officielles, 70 % des jeunes adultes qui ne sont pas mariés n’ont aucun partenaire. Et seulement la moitié d’entre eux affirme avoir déjà eu une relation sexuelle avec une personne du sexe opposé.
Pour autant, cela ne signifie pas que tout désir a disparu de l'archipel nipon. Écrasés par des attentes sociétales pesantes – subvenir financièrement aux besoins du foyer pour les hommes, être une bonne mère et/ou épouse pour les femmes – et par un pouvoir d’achat en berne, certains Japonais préfèrent se tourner vers du réconfort à la carte. Ils contournent ainsi le couple traditionnel en s’offrant, par exemple, des moments privilégiés avec de jeunes séducteurs professionnels, ou en passant des heures sur des jeux romantiques scénarisés. Ces Japonais préfèrent investir leur temps et leur argent dans un bonheur assuré, plutôt que dans un couple qui leur procurerait stress ou pression.
Les anciennes générations sont parfois désespérées de voir que le modèle qui était le leur ne séduit plus leurs enfants, alors certains se mettent en tête de les aider à trouver le "vrai" amour. Un soutien bien vu par les autorités, qui savent que, d'ici la fin du siècle et sans changement profond, l’archipel pourrait perdre la moitié de sa population.