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Massacres au Burkina Faso : des vidéos accablent l'armée burkinabè
De nouveaux documents vérifiés par France 24 illustrent l'ampleur des exactions commises par l'armée burkinabè le 25 février, puis le 3 mai ainsi que les 9 et 10 mai dans plusieurs localités du Burkina Faso. L'ONG Human Rights Watch avait rapporté en avril le massacre de 223 civils, dont des femmes et des enfants. Attention certaines images peuvent heurter la sensibilité.

France 24 a pu consulter et vérifier des documents détaillant l'ampleur du massacre commis par des soldats burkinabés le 25 février 2024 dans deux localités du nord du Burkina Faso, et d'autres massacres datant du 3 et du 9-10 mai 2024 au sud de Dori.

Un rapport publié par Human Rights Watch avait déjà documenté les exactions du 25 février ayant fait au moins 223 morts civils, dont des femmes et des enfants.

Sur les dernières vidéos décryptées par Wassim Nasr, journaliste de France 24 spécialiste des mouvements jihadistes, figurent notamment à Soro "des amas de cadavres d'hommes, de femmes et de enfants, dont des enfants en très bas âge". D'autres images, difficilement supportables, montrent des cadavres brûlés. 

"Le rapport de Human Rights Watch présentait des images satellite du charnier (des gens qui avaient été enterrés). Et nous avions récolté des témoignages des personnes qui avaient aidé à enterrer les cadavres", indique Wassim Nasr, pour qui les vidéos, prises juste après la tuerie constituent "le chainon manquant". 

Des jihadistes, premiers sur les lieux après le massacre

Une partie de ces images ont été filmées par des jihadistes, premiers sur les lieux après le massacre à Soro et dans les villages au sud de Dori. D'autres sont des vidéos de soldats burkinabè qui ont filmé leurs propres exactions, comme dans la zone de Foutouri. "On est dans une zone où les ONG ont été chassées, il n'y a plus que les habitants face à l'armée et aux jihadistes", détaille Wassim Nasr.

"Aujourd'hui, le nombre de morts par les forces armées et les milices ou factions supplétives est plus important que le nombre de personnes tuées par les jihadistes", explique le journaliste, chiffres à l'appui.

L'armée, qui accuse les populations attaquées de connivence avec les jihadistes, n'est pas parvenue pour autant à reconquérir ces zones. Celles "qui échappent à l'autorité de l'État sont de plus en plus importantes", précise Wassim Nasr.

Les jihadistes, eux, continuent de leur côté de commettre des exactions. Le 25 février, jour du massacre commis par l'armée dans le Nord, l'organisation État islamique s'est attaquée à une église dans la région de Dori, tuant une quinzaine de personnes. Ce même jour, dans une autre zone, dans la localité de Natiabouani, le JNIM, alliance jihadiste affiliée à Al-Qaïda, s'en est pris à des populations accusées d'aider l'armée. Des échanges de tirs ont fait des morts parmi les civils.