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En Géorgie, des milliers de manifestants rassemblés pour dire "non à la dictature russe"
Plusieurs milliers de manifestants ont à nouveau protesté, samedi, contre le projet de loi controversé sur l'"influence étrangère" dans la capitale géorgienne. Depuis début avril, ils dénoncent un texte perçu comme une entrave aux aspirations de Tbilissi à rejoindre l'Union européenne.

La mobilisation ne faiblit pas en Géorgie. Plusieurs milliers de manifestants sont descendus dans la rue, samedi 11 mai au soir, à Tbilissi pour protester une nouvelle fois contre le projet de loi controversé sur l'"influence étrangère", voulu par le gouvernement mais critiqué par les États-Unis et l'Union européenne (UE).

Dans la foule, qui convergeait vers la place de l'Europe, des manifestants arboraient les drapeaux de la Géorgie et de l'UE, que Tbilissi dit vouloir rejoindre, malgré ce texte que ses détracteurs jugent similaire à une législation russe utilisée contre l'opposition.

"Géorgie ! Géorgie !", ont scandé les nombreux manifestants qui marchaient le long du fleuve Koura, malgré une forte averse, a constaté une journaliste de l'AFP.

Parmi les personnes présentes, Mariam Meunargia dit être venue pour montrer que son pays veut "simplement faire partie de la société européenne". "Nous protégeons notre avenir européen", veut-elle croire.

La Géorgie, petit pays du Caucase, est en proie à des manifestations antigouvernementales depuis début avril après que le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, a réintroduit un projet de loi perçu comme une entrave aux aspirations de Tbilissi à rejoindre l'UE. Car ce texte s'inspire d'une législation russe utilisée depuis plusieurs années par le Kremlin pour réprimer les voix dissidentes.

Le projet de loi doit encore passer très prochainement en troisième lecture au Parlement et la présidente Salomé Zourabichvili, en conflit avec le parti au pouvoir, devrait y opposer son veto. Le Rêve géorgien dispose cependant d'assez de voix pour pouvoir passer outre.

Dans le centre-ville de Tbilissi, une impressionnante foule s'est rassemblée la nuit tombée pour afficher son opposition, un important dispositif policier ayant été installé plus tôt dans la journée.

"Non à la loi russe !", "Non à la dictature russe", criaient les manifestants.

Drapeau ukrainien sur le dos, Victoria Sarjveladzé, 46 ans, dit être présente car son mari combat sur le front face à l'armée russe. "Nous luttons tous les deux contre la Russie", résume-t-elle.

"Nous n'avons pas besoin de retourner dans l'Union soviétique", dénonce de son côté Lela Tsiklauri, une professeure de géorgien de 38 ans, en avertissant que "tout va empirer dans notre pays si cette loi est adoptée".

Des militants et responsables d'ONG menacés

Ces derniers jours, de nombreux militants travaillant pour des ONG et autres groupes de défense des droits ont dit avoir reçu des menaces au téléphone.

Plus tôt samedi, la militante féministe Baia Pataraia avait ainsi montré à l'AFP des graffitis oranges sur la porte de sa maison et à l'intérieur de son immeuble, où l'on pouvait lire "lesbienne mangeuse de subventions".

"C'est pour nous terroriser", fustigeait-elle à l'intérieur de son appartement, se disant pas surprise de telles provocations mais tout de même déterminée à participer au grand rassemblement dans la soirée.

Si la loi controversée est adoptée, elle exigera que toute ONG ou organisation médiatique recevant plus de 20 % de son financement de l'étranger s'enregistre en tant qu'"organisation poursuivant les intérêts d'une puissance étrangère".

Le gouvernement assure pour sa part que cette mesure est destinée à obliger les organisations à faire preuve de davantage de "transparence" sur leurs financements.

La loi sur "l'influence étrangère" avait d'abord été présentée par le Rêve géorgien en 2023. Mais des manifestations massives avaient déjà forcé le gouvernement à la mettre au placard. Son retour, début avril, a ainsi créé la surprise et la colère de nombreux Géorgiens.

Avec AFP