Après avoir été reçu avec tous les honneurs en Serbie, le président chinois Xi Jinping est arrivé mercredi 8 mai au soir en Hongrie pour renforcer des liens déjà étroits. Le chef d'État chinois entame l'ultime étape de sa tournée en Europe, où il ne s'était pas rendu depuis 2019.
"Sommet sino-hongrois, nous sommes prêts", avait écrit plus tôt sur les réseaux sociaux le Premier ministre nationaliste Viktor Orban, qui accueille son homologue jusqu'à vendredi.
Avant son arrivée dans la capitale Budapest pavoisée aux couleurs de la Chine, il a comparé les relations bilatérales à une "croisière dorée", dans une tribune publiée par le journal favorable au pouvoir Magyar Nemzet.
"Aussi suave et riche qu'un vin de Tokay" : dans un élan lyrique, Xi Jinping a rendu hommage à "l'amitié" cultivée par les deux pays à travers "les épreuves". "Nous avons défié l'ordre géopolitique ensemble dans un contexte international instable", traçant notre voie "d'États souverains en toute indépendance", a-t-il écrit.
Un clin d'oeil à la stratégie de cavalier seul menée par le Premier ministre Viktor Orban au sein de l'Union européenne.
Tout en ferraillant avec Bruxelles, le dirigeant nationaliste s'est résolument tourné vers l'Est ces dernières années. Et quand Bruxelles a pris ses distances avec Pékin, lui a au contraire resserré les liens, rejetant l'affrontement idéologique des "blocs".
Budapest a annoncé la signature d'au moins 16 accords
Cette visite de quasiment trois jours est l'occasion de "porter notre partenariat stratégique à de nouveaux sommets", a estimé le chef d'État chinois, des échanges culturels à la coopération économique, alors que la superpuissance asiatique est devenue le premier investisseur en Hongrie l'an dernier.
De l'avis des experts, c'est un "succès diplomatique" pour Budapest qui a d'ores et déjà annoncé la signature d'au moins 16 accords, dans les infrastructures ferroviaires et routières, l'énergie nucléaire ou encore l'automobile.
Partout dans le pays, les usines de batteries et de voitures électriques poussent à une vitesse impressionnante, pour des investissements de dizaines de milliards d'euros.
De quoi susciter les inquiétudes de l'opposition qui dénonce l'opacité entourant les contrats, l'impact environnemental des usines et la corruption, les constructions enrichissant selon eux "le cercle d'Orban".
Très peu de détails ont filtré sur le programme de la visite. Au lendemain d'un dîner autour de spécialités traditionnelles hongroises, Xi Jinping débutera la journée avec une parade militaire à 10 h (8 h GMT), aux côtés du président hongrois Tamas Sulyok.
Il se rendra ensuite au monastère des Carmélites, la résidence du Premier ministre, pour rencontrer Viktor Orban et faire une déclaration à la presse.
Pour le reste, un voyage en province afin d'annoncer un nouveau projet a été évoqué par les médias, tout comme la possible visite d'une école bilingue, mais sans aucune confirmation officielle. Son départ est prévu vendredi en fin d'après-midi.
Deux pays sur la même longueur d'onde
Accueilli lundi sous les ors de l'Élysée à Paris, Xi Jinping avait eu des échanges "francs" avec le président français Emmanuel Macron sur les différends commerciaux Chine-Europe ou encore les liens Pékin-Moscou, vus avec suspicion par les Occidentaux sur fond de guerre en Ukraine.
Mais lors de cette ultime étape hongroise, pas de sujets qui fâchent au programme.
"C'est l'occasion de montrer au reste de l'UE" les vertus d'une coopération avec la Chine, souligne Ja Ian Chong, politologue de l'université de Singapour. "Il n'aura pas non plus à affronter de délicates conversations sur sa relation avec Moscou."
Car Pékin et Budapest sont sur la même longueur d'onde, plaidant pour un règlement pacifique en Ukraine tout en restant proche du Kremlin.
Pour son premier voyage en Europe depuis 2019, Xi Jinping a également fait escale en Serbie, autre pays très amical, où le président Aleksandar Vucic lui a réservé un accueil sous le signe du "respect" et de "l'amour".
Avec AFP