
Le bilan humain continue de s'alourdir au Kenya, où les intempéries qui sévissent ces derniers mois ont fait au moins 228 morts depuis mars, selon un nouveau bilan annoncé dimanche 5 mai par le gouvernement du pays.
Le cyclone tropical Hidaya qui a balayé samedi les côtes du Kenya et de la Tanzanie n'a finalement pas fait de victimes ni de dégâts majeurs, après avoir perdu de sa puissance en touchant terre samedi. La Tanzanie a indiqué dimanche que le cyclone ne présentait plus de danger pour le pays.
Cependant, Nairobi a souligné que le Kenya était toujours la proie de pluies torrentielles, risquant d'entraîner de nouveaux glissements de terrain et inondations.
Dans l'ouest du pays, un fleuve est sorti de son lit dimanche à l'aube, inondant un commissariat, un hôpital et un marché dans la localité de Ahero, dans le comté de Kisumu, a rapporté la police, qui n'a pas fait état de victimes à ce stade.
Des précipitations qui pourraient s'intensifier
Le niveau de l'eau continue à monter et le principal pont en périphérie de Kisumu sur l'autoroute reliant la capitale Nairobi a été submergé.
"La situation est sérieuse", a résumé un porte-parole du gouvernement, Isaac Mwaura, lors d'un point presse dimanche dédié à la crise.
Dans un communiqué publié tôt dimanche sur X, l'autorité météorologique tanzanienne a indiqué que le cyclone avait "complètement perdu de sa force" après avoir touché terre samedi sur l'île de Mafia, dans l'océan Indien. "Par conséquent, il n'y a plus de menace du cyclone tropical 'Hidaya' dans notre pays", a-t-elle conclu.
Les plages avaient été désertées samedi, les magasins fermés et le transport maritime suspendu dans l'archipel de Zanzibar. Le pays est frappé depuis début avril par des intempéries qui ont fait au moins 155 morts.
À l'approche du cyclone, des précipitations plus abondantes que la normale avaient été enregistrées dans les régions côtières mais aucun dégât ni victime n'a été recensé.
Au Kenya, le cyclone a également provoqué de fortes vagues, des vents violents et des précipitations qui pourraient s'intensifier à partir de dimanche. Un pêcheur est mort et un autre est porté disparu, a dit Isaac Mwaura.
"Crise humanitaire"
Selon les chiffres du gouvernement, les intempéries depuis mars ont fait 228 morts et 72 disparus. Plus de 212 000 personnes ont été déplacées, "de gré ou de force", a indiqué Isaac Mwaura.

Le ministère kényan de l'Intérieur a ordonné à toute personne vivant à proximité de grands cours d'eau ou de 178 "barrages ou réservoirs remplis ou presque remplis d'eau" d'évacuer la zone.
Isaac Mwaura a aussi mis en garde contre le risque de maladies transmissibles par l'eau. Un cas de choléra a été rapporté, ainsi que des phénomènes de diarrhée.
Le directeur général de la Fédération internationale des sociétés du Croissant-Rouge et de la Croix-Rouge (IFRC), Jagan Chapagain, a indiqué samedi sur X que les prévisions suggérant de nouvelles précipitations suscitent de "grandes inquiétudes quant à une crise humanitaire plus large".
L'impréparation du gouvernement kényan pointée du doigt
Le gouvernement kényan a été accusé d'impréparation et d'une réponse trop tardive à la crise en dépit des avertissements météorologiques. Le parti d'opposition Azimio l'a appelé à déclarer l'état de catastrophe nationale.
Dans une adresse à la nation vendredi, le président William Ruto a jugé les prévisions météorologiques "désastreuses", attribuant le cycle calamiteux de sécheresse et d'inondations à l'incapacité à protéger l'environnement.
Les précipitations qui ont frappé l'Afrique de l'Est ont été aggravées par El Nino. Ce phénomène climatique naturel généralement associé au réchauffement du globe provoque des sécheresses dans certaines parties du monde et des pluies abondantes ailleurs.
Au Burundi, au moins 29 personnes sont mortes et 175 ont été blessées depuis le début de la saison des pluies en septembre, et d'autres décès liés aux intempéries ont également été signalés en Éthiopie, au Rwanda, en Somalie et en Ouganda.

Avec AFP